Prime à la vertu. Le transport maritime est encore loin d’être exemplaire en termes de rejets de substances nocives dans l’atmosphère. Il est par ailleurs très difficile de mettre une place une réglementation internationale efficace pour lutter contre les mauvais élèves. La solution la plus facile, c’est peut-être le port de Dunkerque, dans le Nord, qui l’a trouvée : récompenser les navires les plus vertueux a défaut de pouvoir sanctionner les autres.

Environ 50.000 décès par an en Europe

Selon une étude publiée en 2011 par le Centre for Energy, Environment and Health (CEEH), au Danemark, les polluants émis par les navires ( oxyde de soufre, azote et particules fines) sont responsables du décès de 50.000 personnes chaque année en Europe. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) a d’ailleurs missionné l’école d’ingénieurs Estaca pour réaliser un travail de recherche afin de quantifier les émissions polluantes générées par le trafic maritime. « Il existe déjà une réglementation de l’Organisation maritime internationale (OMI) qui impose notamment la réduction des émissions de soufre », assure Marc Haerinck, en charge de l’écologie au port de Dunkerque.

Parallèlement à cela, l’Alliance mondiale des ports (IAPH) a lancé un système de notation basé sur les émissions atmosphériques des navires. « Mais c’est une démarche volontaire de la part des armateurs. Sur les 100.000 navires dans le monde, seuls 8.000 se sont vu attribuer un score », reconnaît Marc Haerinck.

Une carotte financière pour les bons élèves

Alors, pour inciter armateurs et affréteurs à entrer dans le système, le port de Dunkerque a eu l’idée de proposer une carotte financière. « Je n’aime par le terme de péage inversé car il y a une connotation négative. Il s’agit vraiment de récompenser les armateurs les plus vertueux et d’inciter les autres », poursuit le chargé de l’écologie. En jeu, une somme de 100.000 euros à se partager entre les propriétaires de bateaux qui auront fait le plus d’escales propres en un an au port de Dunkerque. « Cela peut paraître peu, mais si tous les ports proposaient cela, l’incitation serait d’autant plus intéressante », estime Marck Haerinck.

« Trois des plus gros affréteurs du port ont déjà signé la charte. Arcelor, Aluminium Dunkerque et la compagnie DFDS », assure-t-on au port de Dunkerque. Il faut dire qu’avec environ 6.500 navires qui font escale chaque année à Dunkerque, dont la moitié de ferrys, l’enjeu environnemental est de taille.