«Rien de nouveau», «décevant» ou «sincère»... Comment les ONG ont réagi aux annonces écolos d'Edouard Philippe?
DISCOURS•L’écologie était l'un des axes majeurs du discours de politique générale du Premier ministre, mercredi à l'AssembléeLucie Bras
L'essentiel
- Edouard Philippe a obtenu la confiance des députés lors de son discours de politique générale à l’Assemblée, mercredi.
- Le Premier ministre a rappelé l'« urgence écologique » au tout début de son discours.
- « Rien de nouveau » pour les ONG environnementales, qui demandent des mesures « concrètes ».
Le suspense était faible pour Edouard Philippe, mercredi, à l’Assemblée : son discours de politique générale a été approuvé par 363 députés. Les enseignements sont donc davantage à aller chercher dans le contenu de son intervention, notamment concernant l’environnement. Dans son allocution, le Premier ministre a en effet choisi de placer « l’urgence écologique » tout en haut de son discours. Un choix insuffisant pour les ONG environnementales, qui auraient aimé des mesures plus concrètes.
Face aux députés, Edouard Philippe a admis avoir « mis du temps » à reconnaître l’ampleur de l’urgence climatique. Mais « les jeunes nous bousculent. Partout, nous constatons les dérèglements climatiques, la pollution de l’air, des sols et des mers », a poursuivi le Premier ministre, avant d’annoncer les grands axes verts de l’acte II du quinquennat Macron. A savoir : une hausse du rythme des appels d’offres pour l’éolien en mer, des référendums sur les propositions « les plus puissantes » de la Convention citoyenne, une assemblée composée de citoyens tirés au sort, ou encore la fin du gaspillage alimentaire, via l’interdiction des produits plastiques jetables dès 2020 ou encore le retour de la consigne.
« Déception » sur le plastique
« En résumé, il n’y a rien de nouveau », s’agace Clément Sénéchal, porte-parole climat de Greenpeace. « Quand on regarde les annonces, il n’y a pas de revue à la hausse des objectifs. Sur les dossiers très concrets de mobilité, le gouvernement freine et s’oppose à toutes les mesures pro-climat proposées par les députés dans la loi la loi mobilité : la taxe sur le kérosène, la proposition d’interdiction de vols intérieurs, l’interdiction des moteurs thermiques dès 2030… » Dans le secteur du bâtiment, Edouard Philippe a annoncé une « remise à plat » des aides à la rénovation énergétique des bâtiments, jugées trop « complexes ». Mais « une remise à plat, ce n’est pas de l’action. A un moment donné, il faut des interdictions si on veut que les choses évoluent », tranche Clément Sénéchal.
Même déception du côté de Zero Waste, qui milite pour un avenir « zéro déchet ». « Le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire » sera une des trois priorités de la rentrée parlementaire de septembre, a promis Edouard Philippe. Si l’ONG salue la présence de ce sujet dans l’allocution, Laura Chatel, chargée de campagne à Zero Waste, regrette les mots choisis par le Premier ministre. « On reste assez déçu par la politique du gouvernement sur le sujet du plastique. Dans ce discours, il n’y a que l’approche recyclage. Sur les plastiques, l’enjeu est aussi de réduire l’usage unique et la consommation. Il est aussi resté assez flou sur l’application des mesures », a-t-elle précisé.
« On aurait aimé des signaux un petit peu plus forts, qui rendent concrète la vision du jetable », poursuit Laura Chatel, rappelant qu’en France, cinq millions de tonnes de déchets plastiques sont consommées chaque année, dont deux millions de tonnes d’emballages.
Le « coût politique » de l’écologie
L’ONG France nature environnement (FNE) est moins sévère avec le Premier ministre, qu’elle estime « sincère ». « On entend qu’il y a de la bonne volonté », reconnaît Arnaud Schwartz, secrétaire national de FNE, qui regrette cependant que « le mot biodiversité [n’ait] pas été cité une seule fois » par Edouard Philippe. « Il a encore besoin d’écouter ce qu’on a à lui dire, on est prêts à dialoguer avec lui. »
Clément Sénéchal se veut moins optimiste : « Il a mis du temps à comprendre que l’écologie allait lui coûter des points politiques, point barre », dénonce-t-il. « On n’a entendu aucune décision structurante, aucun changement dans le vocabulaire politique. Il n’envoie pas le signal qu’une refonte écologique est en cours », conclut-il.