Pour les grandes entreprises, atteindre la neutralité carbone en 2050 en France est possible
CLIMAT•L’association des Entreprises pour l’environnement (EPE) a présenté un rapport ce lundi, avec pour objectif de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre qu’on ne peut en retirer de l’atmosphère20 Minutes avec AFP
Si tous les acteurs s’y mettent « maintenant », la France peut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, nécessaire contre le dérèglement climatique, sans renoncer à la croissance économique ni à bien vivre, estiment de grandes entreprises dans un rapport présenté ce lundi.
Cet objectif, consistant à ne pas émettre plus de gaz à effet de serre qu’on ne peut en retirer de l’atmosphère, sera réalisable en 2050 à condition de changements « sans précédent », note l’association des Entreprises pour l’environnement (EPE), une quarantaine de groupes de tous secteurs représentant la moitié du CAC40.
Réduire les émissions de 4 % par an
« On n’est plus dans une "transition", mais une transformation profonde sur le mode de vie des personnes, le comportement des entreprises, des pouvoirs publics », a déclaré Jean-Dominique Senard, le nouveau PDG de Renault et président d’EPE. « L’enjeu de la solidarité des acteurs est fondamental ». Selon ce rapport, la France pourrait doubler son puits de carbone (forêts, sols…), mais pour arriver à la neutralité, il lui faudra réduire les émissions de 4 % par an, du jamais-vu (contre -0,5 % par an depuis 20 ans).
Comment faire ? Sonner la fin du véhicule tout-thermique bien avant 2050, imposer une obligation de rénovation énergétique des bâtiments, faire évoluer les pratiques agricoles, préconise le rapport de l'EPE, qui a sollicité des experts (Carbone 4, Enerdata, Cired, Solagro…) et « l’inspiration » de chercheurs, ONG, représentants de syndicats et patronat.
Près de 75 milliards d’euros annuels d’investissements
Renforcer la fiscalité sur les émissions et la montée des prix de l’énergie sont une autre « condition », ajoute-t-il. Les 30 milliards d’euros annuels d’investissements, portés à 75, devront financer ce nouveau cadre, estime le rapport. Pour pousser les industries à se décarboner, la France devra aussi inciter l’UE à favoriser l’accès à son marché aux pays partageant ses efforts climatiques.
« Nous sommes convaincus qu’il y aura des effets économiques positifs » à ces transformations, sur l’emploi par exemple, a insisté Jean-Dominique Senard, pour qui ce texte traduit aussi « l’engagement des entreprises, de plus en plus réel (sur le climat…) On le voit dans la finance, l’industrie, le monde de l’énergie ».
« Il faut un cadre, des incitations, des signaux clairs »
Pour lui, « les leviers politiques » sont primordiaux : « la réglementation, la solidarité, l’atténuation des impacts d’une transition qui pourrait être socialement mal ressentie… Cela couvre des domaines aussi vastes que le prix du carbone, et une fiscalité écologique intelligente. »
La PAC, par exemple, a « prouvé qu’on est capable de mettre en œuvre des règles et incitations qui emmènent des secteurs dans une direction », appuie le directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé. « Il faut un cadre, des incitations, des signaux clairs ». Créée en 1992, EPE réunit des groupes comme Michelin, Veolia, Engie, La Poste, Vinci, Total, EDF ou encore Airbus.