Des indigènes australiens attaquent le pays pour son «inaction climatique»

Réchauffement climatique: Des indigènes australiens attaquent le gouvernement pour son inaction

CO2Les indigènes du Détroit de Torrès demandent, entre autres, dans leur plainte de déclarer que l'Australie, en vertu du droit international, doit réduire ses émissions de CO2
20 Minutes avec AFP

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Ils affirment que le réchauffement du climat menace leur survie et que l’inaction des autorités australiennes constitue à ce titre une violation des droits de l’Homme. Des indigènes vivant sur les îles du Détroit de Torrès (nord de l’Australie) ont déposé ce lundi une plainte inédite en accusant leur gouvernement d’inaction dans la lutte contre le changement climatique.

La plainte a été déposée auprès du Comité des droits de l’Homme de l’ONU, dont les 18 experts indépendants surveillent la mise en oeuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les États parties. Selon les avocats de l’ONG ClientEarth, qui les représentent, les indigènes demandent donc au Comité basé à Genève de déclarer que l’Australie, en vertu du droit international, doit réduire ses émissions de CO2. Selon eux, Canberra doit sortir du charbon en vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

La coalition conservatrice critiquée pour son désintérêt des questions climatiques

Ils exigent également que le gouvernement débloque une enveloppe de 20 millions de dollars australiens (12 millions d’euros) pour la construction d’infrastructures, telles que des digues, afin de protéger les communautés du Détroit de la montée des océans.

Le dépôt de cette plainte intervient moins d’une semaine avant les élections australiennes au cours desquelles la coalition conservatrice de Scott Morrison, très largement critiquée pour son désintérêt des questions climatiques, est donnée perdante. Le gouvernement de centre-droit est accusé de sacrifier les questions environnementales au nom de la défense de l’industrie très polluante du charbon et des intérêts du secteur minier.

La protection contre les dommages environnementaux

« L’élévation menace déjà des maisons, ainsi que des lieux de sépultures et des sites culturels sacrés. Beaucoup d’insulaires craignent que leur île ne disparaisse purement et simplement, de leur vivant, faute d’action urgente », expliquent les plaignants dans un communiqué. Et l’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’Homme John Knox, professeur de droit à l’université américaine de Wake Forest, a jugé la plainte « potentiellement révolutionnaire ».

Le Comité a en effet déterminé l’an dernier que l’obligation de protéger les droits de l’Homme impliquait aussi la protection contre les dommages environnementaux, y compris ceux induits par le réchauffement climatique, a rappelé le professeur Knox sur Twitter. « Cette plainte donne au Comité des droits de l’Homme sa première occasion de donner une application spécifique (…) en évaluant et en expliquant ce que l’Australie devrait faire pour protéger les droits de l’Homme des Indigènes du Détroit de Torrès », a-t-il ajouté. Et de préciser que les décisions du Comité n’étaient pas contraignantes, mais qu’elles pourraient ajouter à la pression pesant sur le gouvernement australien.