GRAND DEBATMacron parle « méthode » sur l’écologie et déçoit les ONG

Transition écologique : les ONG voulaient du concret, Emmanuel Macron a parlé « méthode »

GRAND DEBATJeudi soir, sur le volet climat, Emmanuel Macron a évoqué la création d’un conseil de participation citoyenne pour accélérer la transition écologique. « Encore une concertation ! », désespèrent les ONG.
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • Emmanuel Macron a consacré quelques minutes, ce jeudi soir, à la question du climat. Il a annoncé notamment la création d’une instance chargée de réfléchir à des mesures plus efficaces pour mener à bien la transition écologique.
  • De quoi faire bondir les ONG environnementales. « Les solutions sont déjà connues et ont déjà été débattues », rappelle Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France à 20 Minutes.
  • L’autre annonce forte de la conférence est la création d’un « conseil de défense écologique » chargé de s’assurer que l’urgence climatique est au cœur de toutes les décisions politiques. Du déjà-vu, répondent les ONG.

Deux minutes et trente secondes… C’est le laps de temps qu’a consacré Emmanuel Macron, ce jeudi soir, lors de sa conférence de presse à l’Elysée, pour détailler son plan en matière de transition écologique. Il s’agissait de l’une des grandes inconnues avant la prise de parole du président, dans une tentative de sortie de la crise des « gilets jaunes ». Le président parlerait-il de « transition écologique », alors que la thématique n’apparaissait nulle part dans les fuites du premier discours qu’aurait dû tenir Emmanuel Macron le soir de l 'incendie de Notre-Dame.

« Le sentiment d’avoir été trahi »

Le président a donc rectifié le tir en consacrant un passage de sa conférence de presse à la bataille climatique, qu’il décrit comme la « première des transitions », « la plus urgente », « la plus impérieuse ». Mais c’est raté, désespèrent les ONG environnementales, déplorant l’absence de mesures concrètes. « Mieux aurait valu qu’il ne dise rien sur l’écologie, quitte à ce qu’il y revienne dans un autre moment », juge Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, joint par 20 Minutes. Nous avons le sentiment d’avoir été trahis. Emmanuel Macron avait fait de la transition écologique l’un des quatre piliers du Grand débat. Et l’écologie a été l’objet de très nombreuses propositions des Français au cours de cette concertation, notamment des jeunes. Au final, il n’en sort strictement rien, si ce n’est l’annonce de nouvelles instances énigmatiques ».

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Ce jeudi soir, le président de la République a en effet surtout parlé de méthodes pour mener à bien cette transition écologique et « répondre plus concrètement, plus radicalement aux attentes ». « Nos concitoyens veulent agir, ils agissent déjà même, mais veulent qu’on les aide à aller plus loin, a constaté le président de la République. Il a notamment déploré la limite des mesures actuelles, « trop complexes ou trop peu connues », en prenant l’exemple des aides financières proposées aux particuliers pour changer de voitures ou de chaudière.

« On sort d’une concertation pour entrer dans une autre »

Son changement de méthode passe par un premier volet : réformer le Cese (Conseil économique, social et environnemental), créé par la constitution de 1958, pour le remplacer par un Conseil de participation citoyenne qui intégrerait 150 citoyens tirés au sort, dès juin. Sa première mission sera de « redessiner toutes les mesures concrètes d’aide aux citoyens sur la transition écologique », dans « le souci de les rendre plus efficaces », a détaillé Emmanuel Macron.

De quoi agacer Jean-François Julliard : « On sort d’une concertation pour finalement entrer dans une autre, regrette-t-il. Cela ne fait que repousser le moment où nous passerons réellement à la mise en œuvre des mesures concrètes. Car nous connaissons ces solutions, les citoyens en ont même déjà largement débattu au cours du grand débat. » « C’est investir dans le bio pour mieux manger, soutenir les mobilités propres et les transports en commun pour mieux respirer et sortir de notre dépendance au pétrole, éradiquer les passoires énergétiques pour lutter contre la précarité, ou encore renoncer aux projets périmés comme Montagne d’Or en Guyane », liste Isabelle Autissier, présidente de WWF France. « Les citoyens ont d’ores et déjà exprimé leurs attentes dans le cadre de débats publics, rappelle-t-elle comme Jean-François Julliard. Il est temps qu’ils soient entendus ! »

Les défenseurs du climat actent donc l’absence « d’actions structurantes » dans le discours d’Emmanuel Macron, qui permettraient de mettre la France à la hauteur des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. Oxfam s’interroge désormais sérieusement sur la volonté même du Président et du gouvernement de respecter cet accord.

Un conseil de défense écologique, une nouvelle coquille vide ?

La création du « conseil de défense écologique », l’autre annonce forte d’Emmanuel Macron jeudi soir sur le volet de la transition écologique, ne les rassure guère plus.

Calqué sur le conseil de Défense de sécurité nationale, ce nouveau conseil sera présidé par le chef de l’État lui-même et « réunira le Premier ministre, les ministres concernés par la transition écologique mais aussi les grands opérateurs de l’Etat », a précisé Emmanuel Macron. L’objectif ? « Prendre les choix stratégiques et mettre au cœur de toutes nos politiques cette question de l’urgence climatique ».

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« Mais en novembre dernier, Emmanuel Macron a déjà créé le Haut conseil sur le climat, composé de plusieurs personnalités et dont l’une des principales missions est justement de s’assurer que l’urgence climatique est au cœur de nos politiques, rappelle Jean-François Julliard. Ce conseil de défense écologique serait donc une instance de plus. Le nom sonne bien, mais j’ai peur que derrière le vernis, cela sonne creux une nouvelle fois. Je ne sais pas où en est aujourd’hui ce Haut conseil pour le climat… Fonctionne-t-il toujours encore ? »