ENVIRONNEMENTCapteurs sur le dos, ils mesurent la pollution de l'air à Strasbourg

Strasbourg: Avec leur microcapteurs à particules, des citoyens mesurent la pollution de l'air en temps réel

ENVIRONNEMENTUne expérimentation lancée par Atmo Grand Est entre l'agglomération de Strasbourg et l'Allemagne permet à 21 volontaires de mesurer la qualité de l'air dans leur quotidien
Alexia Ighirri

Alexia Ighirri

L'essentiel

  • Atmo Grand Est a lancé une expérimentation sur le territoire de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau pour des mesures citoyennes de la pollution de l'air.
  • Ainsi, entre l'agglomération strasbourgeoise et celle de Kehl en Allemagne, jusqu’au 27 mai, 21 volontaires peuvent mesurer les concentrations en particules sur leur trajet du quotidien ou dans leur logement, grâce à de petits microcapteurs.
  • Prenant la forme « d’un petit fantôme », le capteur est connecté à une application mobile qui enregistre et retranscrit en temps réel sous forme de cartes et graphiques les données de la pollution de l’air. A hauteur d’homme et dans le cadre d’activités du quotidien sont alors mesurées les particules PM10 (dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres) et PM 2,5 ainsi que les ultra-fines et particulièrement dangereuses PM1.

Dis-moi par où tu passes, je te dirais quel air que tu respires. Le gendarme de la qualité de l'air, Atmo Grand Est, a lancé une expérimentation sur le territoire de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau pour des mesures citoyennes de la pollution de l'air. Ainsi, entre l'agglomération strasbourgeoise particulièrement concernée par la pollution atmosphérique et celle de Kehl en Allemagne jusqu’au 27 mai, 21 volontaires peuvent mesurer les concentrations en particules sur leur trajet du quotidien ou dans leur logement, grâce à de petits microcapteurs fournis par Atmo.

Greg est l’un des testeurs : « J’avais vu un formulaire passer via la page Facebook de l’Eurodistrict. Je me suis inscrit par pure curiosité. Parce que je fais du vélo à Strasbourg et que l’air y est souvent pollué. Et aussi parce que je voulais connaître la qualité de l’air dans mon logement et essayer de comprendre comment ça se goupillait avec l’aération et tout », raconte le jeune Strasbourgeois.

Strasbourg, Paris, même combat

Quasiment ignorant il y a encore quelques semaines, Greg sait désormais que la météo a une incidence sur les mesures et que les voitures ne sont pas la seule source de pollution. « J’ai déjà pu apprendre des choses assez intéressantes. En me baladant un dimanche soir, quand il faisait froid, j'ai vu que les cheminées rallumées avaient provoqué un pic, parfois quatre fois plus haut que la norme sur certains endroits, indique-t-il. D’ailleurs, j’ai constaté ce même pic en passant à côté de gens qui vapotaient (mais le capteur peut être biaisé par de la vapeur d'eau)… C’est dire que les gens fumant à l’intérieur de leur logement s’exposent eux-mêmes à des particules. »

Le cobaye s’est par ailleurs amusé à comparer des niveaux mesurés dans la capitale alsacienne à ceux constatés lors d’un passage à Paris : « Sur des instants donnés, avec certes deux météos différentes, il y a eu des valeurs similaires, voire supérieures à Strasbourg… D’où ça vient, sachant qu’il y a moins de trafic qu’à Paris ? »

Particules fines et ultra-fines

Prenant la forme « d’un petit fantôme », dixit Greg, le capteur est connecté à une application mobile qui enregistre et retranscrit en temps réel sous forme de cartes et graphiques les données de la pollution de l’air. A hauteur d’homme et dans le cadre d’activités du quotidien sont alors mesurées les particules fines de différentes tailles : les PM10 (dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres) et PM 2,5 ainsi que les ultra-fines et particulièrement dangereuses PM1.

Cette expérience innovante se déroule dans le cadre du projet Interreg Atmo-Vision, financé à hauteur de 50 % par le Fonds européen de développement régional (Feder). Un dispositif qui devrait a priori être reproduit. « Par rapport à notre travail de surveillance, on voulait voir ce que ça donnait quand les mesures étaient faites par les citoyens et surtout on voulait échanger avec eux, amorcer une discussion sur les mesures de la qualité de l’air et leur interprétation », explique Raphaèle Deprost, responsable de projet chez Atmo Grand Est. Si l’expérimentation apporte à l’organisme de surveillance des données supplémentaires, ce n’est pas forcément cet aspect qui est retenu : « Bien sûr, si un testeur mesure la qualité de l’air extérieur pendant son trajet à vélo, ce sont des données intéressantes. Mais c’est plus l’aspect débat qui nous motive. C’est pour cela qu’on a voulu avoir des volontaires sensibles à cette question, mais aussi des novices, des gens qui habitent en ville d’autres dans la deuxième couronne de l’Eurométropole ou en Allemagne. On a vraiment tous les profils », se réjouit la responsable de projet chez Atmo.