Il faut pédaler fort pour que le vent souffle et que la petite éolienne tourne. Et les deux adolescentes s’en donnent à coeur joie. Alors que les vacances de Pâques de la zone B battent leur plein, Célia et Maelle visitent, avec leurs parents, le nouveau musée dédié aux énergies marines renouvelables à Saint-Nazaire. Appelé Eol, ce centre « unique en France » ouvert il y a deux mois au niveau de l’écluse fortifiée a pour but de donner aux visiteurs, quel que soit leur âge, des clés de compréhension sur la filière naissante de l’éolien en mer.

Le pari est plutôt réussi, à en croire la forte affluence (le cap des 10.000 visiteurs vient d’être franchi). En 45 minutes, grâce à un parcours ludique et immersif, on ressort calé sur ce sujet pas franchement facile d’accès. L’expo nous parle d’abord du vent à travers l’histoire, du mix énergétique, puis aborde le fonctionnement de ces immenses engins (chacune des pales de 73 m est fixée sur un mat de 100m (!)), et ce de façon très simple.

« En gros, chaque éolienne est équipé d’un alternateur qui fonctionne comme une dynamo de vélo, résume Christine, à la sortie du site. Il y a aussi des capteurs de vent, pour que ça tourne toujours à la même vitesse. C’est vraiment très impressionnant. » Alors que la filière représente déjà plus de 1.500 emplois dans la région des Pays-de-la-Loire, de loin leader en France, différents métiers sont à découvrir sous forme de témoignages audio.

Les premiers parcs français prennent du retard

Derrière cette belle vitrine se cache pourtant une réalité plus complexe. Car le lancement des premiers parcs français, pilotés par EDF, est suspendu à l’épuisement des recours et prend beaucoup de retard. D’où le but de convaincre, en attendant, de « l’importance d’une filière majeure pour l’avenir du bassin d’emploi comme de la planète », selon le maire de Saint-Nazaire, David Samzun.

Grâce à un jeu de réalité virtuelle, il est possible à Eol de concevoir le premier parc du banc de Guérande, composé de 80 éoliennes, dont la mise en service ne devrait pas intervenir avant fin 2022, après une décision attendue du Conseil d’Etat. Situé à 12 km des côtes, il fournira à lui seul 20 % de l’électricité de Loire-Atlantique. Sur la grande frise interactive, un autre futur parc vendéen (qui sera situé entre les îles d’Yeu et de Noirmoutier) est programmé pour 2023. D’autres projets à Fécamp et Courseulles-sur-Mer sont en cours.

La visite se termine à l’extérieur et en hauteur, avec une vue à 360° sur le port de Saint-Nazaire. Là encore, il faut se projeter : dès 2020, c’est dans un grand hub logistique situé à proximité que les éoliennes seront assemblées. Juste à côté, alors que les chantiers de l’Atlantique continuent la construction de ses énormes bateaux de croisières, ils seront aussi chargés de la réalisation des sous-stations électriques. Plusieurs d’entre elles sont déjà sorties : l’une vient d’ailleurs de rejoindre la mer Baltique, où un champ d’une soixantaine d’éoliennes a été inauguré pas plus tard que mardi.

Ouvert toute l’année, tous les jours sauf le lundi. Tarif : 7€ (3€ pour les enfants)