La France augmente sa contribution à l’Alliance solaire internationale et veut en faire profiter l’Afrique
ENERGIE•C’est l’une des annonces faites ce jeudi par Emmanuel Macron à Nairobi où se tenait la troisième édition du One planet summit. La France apportera 500 millions d’euros de plus à cette coalition qui vise à booster l’énergie solaire. Un enjeu majeur pour l’AfriqueFabrice Pouliquen
L'essentiel
- Ce jeudi, Nairobi, capitale du Kenya, accueillait la troisième édition du One planet summit, rendez-vous international axé sur le climat initié par la France en 2017.
- Parmi les annonces d’Emmanuel Macron figure celle de porter à 1,5 milliard d’euros la contribution de la France d’ici 2022 à l’Alliance solaire internationale qui vise à développer cette énergie dans les 121 pays situés entre les Tropiques.
- L’Afrique en est le principal bénéficiaire. L’enjeu est de taille. 625 millions d’Africains sont aujourd’hui sans courant. Pour y remédier, l’énergie solaire est présentée comme la piste la plus prometteuse.
C’est d’une certaine façon la réponse d’Emmanuel Macron aux quatre ONG qui ont lancé ce jeudi l’acte 2 de l’Affaire du siècle, une procédure judiciaire visant à faire condamner l’État français pour son inaction climatique. A Nairobi au Kenya, deuxième étape de sa visite de trois jours en Afrique de l’Est, le président français a annoncé une nouvelle série d’engagements climatiques de la France à l’occasion de la troisième édition du One Planet Summit, preuve à ses yeux que le pays ne restait pas inactif sur cet enjeu.
500 millions d’euros de plus dans l’Alliance solaire internationale
Ce nouveau rendez-vous international sur le climat, initié par la France, les Nations Unies et la Banque mondiale en décembre 2017, se concentre en priorité sur la finance verte. En clair le fléchage des investissements publics et privés vers le développement de projets de transition écologique et solidaire. Un enjeu majeur en Afrique, où les deux-tiers de sa population sont d’ores et déjà affectés par les conséquences du réchauffement climatique, bien que le continent ne soit responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales.
Pour aider l’Afrique à sortir de l’ornière, Emmanuel Macron a notamment annoncé une contribution supplémentaire de 500 millions d’euros à l’Alliance solaire internationale (ASI), cette coalition lancée par la France et l’Inde lors de la COP21 à Paris et qui 121 pays membres aujourd’hui. L’objectif ? Réduire massivement les coûts de l’énergie solaire et augmenter significativement la production d’électricité solaire dans les 121 pays situés en totalités ou en partie entre les tropiques du Cancer et du Capricorne. Soit des pays en voie de développement pour la grande majorité, dont une kyrielle d’africains.
625 millions d’Africains sans électricité
Avec cette rallonge, la France porte désormais à 1,5 milliard d’euros son investissement dans l’ASI d’ici 2022. Pour l’heure, 850 millions d’euros ont déjà été investis par la France pour financer 34 projets dans 23 pays membres. « Ce sont des projets de centrales solaires, certaines déjà opérationnelles d’autres en cours de construction, précise Mathilde Bord-Laurans, responsable de la division Energie de l’Agence française de développement (AFD). Le plus important de ces sites est au Brésil. Mais l’Afrique n’est pas en reste puisque près de la moitié de ces 850 millions d’euros a participé au financement de centrales solaires en Égypte, au Maroc, au Niger, au Mali, au Bénin, au Burkina Faso… »
La rallonge annoncée par Emmanuel Macron ce jeudi devrait bénéficier de nouveau à ce continent. L’enjeu du solaire y est de taille : 620 millions d’Africains, soit un sur deux, sont sans courant aujourd’hui, rappelait dans un rapport de mars 2017 l’Africa Progress Panel, think-tank présidé par l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Un manque qui touche essentiellement l’Afrique subsaharienne, électrifiée à 43 % seulement contre 99 % pour l’Afrique du nord.
Le solaire piste la plus prometteuse pour électrifier l’Afrique ?
Pour y remédier, l’énergie solaire est présentée comme la piste la plus prometteuse. Parce que de moins en moins coûteuse et abondante sur le continent. « Parce qu’aussi très modulable, ajoute Mathilde Bord-Laurans. On peut autant faire de grandes centrales qu’on raccorde aux réseaux nationaux que de toutes petites installations – des lampes solaires, des mini-réseaux – qui vont permettre d’électrifier des zones isolées. » Le développement de ces petites installations est en effet un défi majeur pointé par l’Africa Progress Panel, toujours dans son rapport de septembre 2017. « Parmi les 315 millions de personnes qui auront accès à l’électricité d’ici 2040 dans les zones rurales d’Afrique, 30 % seulement seront raccordées aux réseaux nationaux, tandis que la plupart disposeront d’électricité grâce aux installations à usage domestique hors réseau ou aux mini-réseaux », évalue le think-tank.
Une académie du solaire en Afrique de l’est ?
Ces 500 millions d’euros supplémentaires investis par la France dans l’Alliance solaire internationale ne serviront pas non plus qu’à financer des infrastructures. Au ministère de la Transition écologique et solidaire, on ajoute deux enjeux. Celui de renforcer le cadre réglementaire en Afrique afin d’y créer un environnement propice aux investissements. C’est l’objectif de l’initiative Solar Risk, portée par l’AFD et la Banque mondiale, toujours dans le cadre de cette Alliance solaire internationale.
Celui aussi de la formation. Cela passe notamment par les « solar mamas », initiative, pas propre à l’Afrique, qui consiste à former des villageoises – le plus souvent des grand-mères – à l’installation et à la maintenance d’équipements solaires pour participer à l’électrification des villages. L’Alliance solaire internationale projette aussi de créer une académie solaire en Afrique de l’Est destinée à former les jeunes ingénieurs africains de demain.