INTERVIEWUn Marseillais plonge sous glace à 5.800 mètres d'altitude

Marseille: Il plonge, sous la glace, à 5.800 mètres d'altitude... «C'est une zone de non-vie !»

INTERVIEWLe plongeur-spéléonaute marseillais Frédéric Swierczynski vient de plonger dans un lac perché en haut d'un volcan, en Argentine. Il raconte à «20 Minutes»
Jean Saint-Marc

Propos recueillis par Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • Le plongeur spéléonaute marseillais Frédéric Swierczynski a réalisé mi-février une plongée à 5.800 mètres d'altitude, en Argentine.
  • Son but est notamment d'évaluer les conséquences physiologiques d'une telle aventure.
  • Il réalise un film qui sortira l'automne prochain.

C’est sans doute un record mondial. Le plongeur spéléonaute marseillais Frédéric Swierczynski vient de s’immerger sous la glace d’un lac argentin situé à 5.800 mètres d'altitude​, dans la Cordillère des Andes. Il nous raconte cet exploit.

En fait, ce lac, c’était votre plan B ?

On est partis plutôt confiants le 15 janvier : la zone des volcans était dégagée. On l’avait vue sur les images satellites. Je voulais plonger à 6.400 mètres, tout était prêt, on avait fait une simulation à la Comex, à Marseille, en caisson hyperbare.

On avait 15 jours de marche d’approche pour s’acclimater, avec un dernier camp de base à 5.500 mètres. Sauf qu’on a eu la surprise là-bas d’avoir de fortes chutes de neige. C’était impossible d’accéder au lac situé à 6.400 mètres. Il y avait trop de neige et trop de glace. Donc on a plongé à 5.800 mètres.

A quoi ressemblait l’environnement ?

C’est tellement sec… C’est une région de non-vie, c’est vraiment très hostile comme environnement.

Frédéric Swierczynski s'est immergé dans une eau glaciale.
Frédéric Swierczynski s'est immergé dans une eau glaciale. - Sébastien Devrient / Vertiges Prod

La plongée s’est-elle bien passée ?

Très bien ! Le recycleur d’air a bien fonctionné. Je suis parti avec un producteur de vidéos, on a fait de belles images : un film va sortir cet automne. Sébastien Devrient est guide de haute montagne, il a déjà fait des expéditions polaires ou dans l’Himalaya.

« C’est la même situation qu’un spationaute qui fait une sortie extra-véhiculaire hors de la station spatiale internationale ! » »

C’est bien d’avoir un pro avec soi ! Parce qu’on ne logeait pas à l’hôtel le soir… La marche d’approche n’était pas évidente !

Qu’est-ce que vous avez pu observer sous l’eau ?

Il n’y avait pas du tout de vie dans l’eau. On a fait les prélèvements, c’est hors de l’eau comme dans l’eau : il n’y a pas de vie. Ce sont des eaux de neige fondue, c’est de l’eau déminéralisée… Elle ne vous hydrate même pas si vous la buvez.

Votre expédition avait-elle un but scientifique ?

On est proche d’une expédition spatiale ! Toute la préparation se fait à ce niveau-là. Il y a 8 % d’oxygène là-haut (contre 21 % sur terre). Me retrouver sous l’eau là-haut, c’est la même situation qu’un spationaute qui fait une sortie extra-véhiculaire hors de la station spatiale internationale, dans son scaphandre. On fait des études sur les aspects physiologiques : on étudie les réactions de notre corps !

Quels sont vos prochains projets ?

Après avoir trouvé de l’eau en haut d’un volcan… On va aller en chercher dans un désert ! Ça va être très beau…