VIDEO. Corse: 1.500 hectares partis en fumée, conséquence du réchauffement climatique ou «intervention humaine»?
INCENDIES•La Corse fait face à d’importants incendies. La préfète y voit un symptôme du changement climatique. Les enquêteurs privilégient une «intervention humaine»Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Près de 1.500 hectares de végétation sont partis en fumée en Corse, au cœur de l’hiver.
- La préfète y voit un symptôme du réchauffement climatique.
- Le facteur humain semble être toutefois le plus important dans ce drame, selon les enquêteurs.
Quarante-huit heures après, les pompiers sont toujours à pied d’œuvre, même si la situation est désormais stable. A l’heure où ces lignes sont écrites, 1.500 hectares de végétation sont partis en fumée, au cœur de l’hiver, dans la région de Calenzana, en Corse. Le symptôme d’une Terre malade et d’une nature perturbée par des températures toujours plus douces, en ce mois de février ?
La préfète de Corse, Josiane Chevallier, en est persuadée. « Le réchauffement climatique est un paramètre, j’en suis convaincue, explique-t-elle à 20 Minutes. Quand il fait 20 degrés comme c’était le cas ces derniers jours, ce ne sont pas tout à fait des températures normales de février ! Et le taux d’humidité est de 8 %, bien inférieur à ce qu’il est en été, en pleine chaleur. » Un an plus tôt, en plein mois de janvier, la Corse avait déjà connu des incendies dévastateurs qui avaient fait trois blessés à Cervione
« Rien d’exceptionnel »
La réflexion de la préfète laisse toutefois circonspect certains acteurs locaux. « Nous sommes face à des feux relativement classiques du mois de février, indique-t-on du côté des pompiers de Haute-Corse. La végétation est relativement sèche mais le facteur aggravant, c’est le vent ici. »
« Nous sommes au-dessus des normales de températures reconnaît Patrick Rebillout, chef du centre météorologiste d’Ajaccio. Mais c’est très légèrement, d’un ou deux degrés, pour ce mois de février. Et nous ne sommes pas dans une situation de sécheresse. L’indice d’humidité du sol, c’est-à-dire la quantité d’eau disponible un mètre sous le sol, est légèrement inférieur à la normale, mais rien d’exceptionnel. Or, le changement climatique ferait descendre sensiblement cela. »
« Paramètre humain »
Et d’ajouter : « il y a eu du vent très fort sur les crêtes, et une masse d’air sèche. Et souvent, sur les reliefs, il y a ce que l’on appelle un effet de foehn, qui provoque un assèchement supplémentaire d’air. C’est donc lié à la géographie, cela a toujours existé. » Météo-France a de nouveau placé l’île de Beauté en vigilance jaune « vent fort » jusqu’à mardi matin.
« Mon analyse est la bonne, insiste Josiane Chevallier. Il faut arrêter de penser en termes de saison. » Et de concéder : « Le paramètre le plus important est le paramètre humain. Quand il y a du vent, il ne faut pas faire de feu. J’ai encore vu aujourd’hui des gens pratiquer l’écobuage. Ce n’est pas possible ! J’ai demandé à la gendarmerie d’intervenir. Mais il y a aussi un cumul de circonstances aggravantes, dont le vent et la sécheresse. »
Une enquête sur cet incendie a été confiée à la brigade de recherches de Calvi. La cellule d’investigation a indiqué à l’issue de ses constatations dimanche sur le terrain qu’elle penchait « en faveur d’une intervention humaine, faute d’autre explication plausible quant au départ du feu », précise Caroline Tharot, procureur de la République de Bastia. Le maire de Calenzana, Pierre Guidoni, va déposer plainte ce mardi. « C’est lâche d’avoir craqué une allumette sur ce site-là avec la tempête de vent qu’on a connu », estime l’édile tout en précisant attendre les résultats de la police criminelle.