VIDEO. Incendie en Corse : «Je crois que le dérèglement climatique est à l'œuvre »
CATASTROPHE NATURELLE•Tel est le constat dressé ce dimanche soir par la préfète de Corse et de Corse-du-Sud, Josiane Chevalier, alors que l’île de Beauté a été frappée ce week-end par de violents incendies qui se poursuivent, en partie, ce dimanche soir20 Minutes avec AFP
«Je crois que le dérèglement climatique est à l’œuvre. On ne s’attend pas à avoir des feux en hiver mais maintenant je crois qu’il faudra s’y habituer. » Le constat est de Josiane Chevalier, préfète de Corse et de Corse-du-Sud, dressé ce dimanche soir lors d’une conférence de presse sur la série d'incendies qui a frappé l’île de Beauté depuis ce week-end.
Attisés par des vents violents, ces incendies ont ravagé près de 1.500 hectares de végétation en une nuit en Corse, notamment en raison d’un hiver particulièrement sec et de pratiques d’écobuage dangereuses, selon la préfecture. Un an plus tôt, en plein mois de janvier, la Corse avait déjà connu des incendies dévastateurs qui avaient fait trois blessés à Cervione (Haute-Corse).
Déjà l’an dernier…
Josiane Chevalier a pointé des conditions météorologiques « assez particulières » avec un vent extrêmement fort mais aussi un taux d’humidité extrêmement faible de l’ordre de 8 %, ce qui est « inférieur à ce qu’on peut observer l’été ». « On a un sol très sec, pas de pluie depuis un certain temps et beaucoup de soleil, mais aussi de l’imprudence avec des écobuages [débroussaillement par le feu] inappropriés sur toute la Corse », a-t-elle par ailleurs fustigé en rappelant avoir pris dimanche matin un arrêté d’interdiction de l’emploi du feu qui courra tant que « les vents ne seront pas tombés ».
« On va être vigilant cette nuit »
En 24 heures, 15 départs de feu ont été enregistrés en Corse-du-Sud et 33 en Haute-Corse. Le feu le plus virulent, celui de Calenzana près de Calvi, n’était pas encore maîtrisé dimanche soir, après avoir ravagé 1.200 hectares de végétation et malgré les renforts aériens déployés dans la journée.
« On va être très vigilant cette nuit et les jours qui viennent pour éviter toute reprise », a indiqué la préfète en notant « qu’aussi bien en Corse-du-Sud qu’en Haute-Corse il n’y a eu aucune victime grâce à l’énorme mobilisation des pompiers ainsi que de la gendarmerie qui a permis de protéger les vies humaines ainsi que les villages ».
L’incendie, qui a débuté vers 20h samedi, a « traversé le village en moins d’une demi-heure, c’était impressionnant », a raconté à l’AFP le maire de Calenzana, Pierre Guidoni.
170 pompiers et gendarmes mobilisés ce dimanche soir
Dimanche soir, 170 personnes (pompiers et gendarmes notamment) restaient mobilisées dans le département, et 166 en Corse du Sud. Des renforts venus de Brignoles (Var) pour la Haute-Corse et de Marseille pour la Corse-du-Sud doivent arriver par bateau lundi matin.
Si les incendies de Corse du Sud (à Tolla, Sampolo et Zonza) étaient maîtrisés dimanche soir, deux avions Tracker étaient encore mobilisés dimanche soir et devraient rapidement être rejoints par un Canadair venant de Nîmes.
« Des écobuages mal maîtrisés »
Trois enquêtes de gendarmerie ont été ouvertes en Corse-du-Sud et cinq en Haute-Corse, a précisé la préfète. En Corse-du-Sud, « il ressort à ce stade des trois enquêtes des éléments qui ne portent que sur des origines accidentelles ou des écobuages mal maîtrisés », a indiqué le général Jacques Plays, commandant de la légion de gendarmerie de Corse.
En Haute-Corse, « on est également pour l’essentiel sur des écobuages ». Le général s’est montré plus prudent au sujet de l’incendie le plus important, celui de Calenzana : « Les techniciens ont commencé leurs constatations en début d’après-midi, donc on ne peut pas encore savoir de façon formelle, mais il n’est pas impossible que ce soit également d’origine accidentelle. » Le maire de Calenzana a dénoncé dès dimanche matin « une catastrophe écologique inadmissible », fustigeant un acte « criminel et lâche ».
Un été 2018 à l’inverse très calme
La Corse a connu un été 2018 exceptionnellement calme sur le front des incendies alors que, durant l’été 2017 en France, plus de 4.000 feux avaient parcouru près de 25.000 hectares.