Marseille: «Désemparé» face au plastique, il veut faire des plongeurs «des sentinelles de l'environnement»
ECOLOGIE•Le plongeur marseillais Brice Masi, biologiste professionnel, veut lancer une application de science participative. Pour la financer, il vend des savons écolosJean Saint-Marc
L'essentiel
- Brice Masi, plongeur professionnel en mer Méditerranée, constate à chaque immersion les immenses dégâts provoqués par la pollution, notamment par les plastiques.
- Sa société, Click-Dive, veut lancer avant la fin 2019 une application pour que tous les plongeurs deviennent des « sentinelles de l’environnement » en collectant des données.
C’est l’histoire d’un Marseillais qui invente un savon. L’info date de 1370, vous devez penser que 20 Minutes est un peu à la bourre. Le savon de Brice Masi, « sans plastique, intégralement biodégradable et produit en Provence », a tout de même une spécificité. Sa vente va permettre de financer une application de science participative.
Avec sa société Click-Dive, Brice Masi commercialise depuis plusieurs années des prestations scientifiques, photographiques et touristiques. En décembre dernier, il a décidé de lancer, en plus, ce savon écolo, déjà vendu à plus d’un millier d’exemplaires.
« A chaque fois que l’on plonge, on constate que les fonds marins se dégradent de plus en plus, déplore le trentenaire, qui est également docteur en biologie. Ça nous laisse désemparés ! On voit de plus en plus de déchets plastiques, notamment dans les grottes marines. J’ai vu une cavité récemment, la grotte de Figuerolles, à La Ciotat… Avec les vagues, les courants, les déchets restent bloqués dans les poches d’air. C’est une catastrophe biologique ! » »
Selon des études récentes, seulement 1 % des déchets marins sont observables. Les 99 % restants sont au fond de l’eau ou invisibles à l’œil nu. Et, chaque année, six à sept millions de tonnes de déchets sont déversées dans les océans. Alors, comme beaucoup de plongeurs, Brice Masi a l’habitude de ramener des déchets après chaque plongée. Un bidon de plastique, quelques canettes, ou un filet de pêche.
Gabian libéré et poissons cancéreux
« Un jour, en faisant attention à ne pas me faire mordre, j’ai libéré un gabian [goéland] d’un sachet plastique. Il n’arrivait plus à nager ni à voler, il était sur l’eau, mais flottait à peine, se souvient Brice Masi. Il est évident que les cétacés souffrent du même genre de problème. »
Brice Masi, qui en tant que biologiste travaille sur les pathologies humaines, s’inquiète des « impacts que ces pollutions peuvent avoir sur l’homme ». Des études ont démontré récemment que certains poissons développaient des cancers après avoir ingéré des nano déchets.
Pour participer à une meilleure compréhension de ces phénomènes, sa société lancera, avant la fin de l’année, une application mobile sur laquelle les plongeurs pourront numériser leurs observations sous-marines. Le nombre de poissons observés, les espèces croisées, la température de l’eau en fonction de la profondeur… « Ils pourront aussi signaler un gros déchet plastique ou une pollution aux hydrocarbures, comme l’été dernier, conclut Brice Masi. L’idée, c’est de faire des plongeurs un réseau de sentinelles de l’environnement. »