VIDEO. Transports: Le TER de 1995, plus écolo que l'HyperLoop de 2035 (et pas si lent que ça)
FUTUR•Y aura-t-il un Hyperloop à Marseille en 2035 ? En attendant, « 20 Minutes » vous embarque dans les joies de la multimodalité à la marseillaise en 2019. Le TER entre Saint-Charles et l’aéroport est écologique, mais pas très fiable…Jean Saint-Marc
L'essentiel
- L'Hyperloop, censé relier la gare Saint-Charles et l'aéroport de Marignane en 72 secondes, en 2035, n'est qu'un vague projet.
- Un TER permet de faire la liaison très rapidement et sans émission de dioxyde de carbone.
- Mais il n'est ni fiable, ni régulier, ni pratique.
Bordeaux-Malmö en autobus, été 2010. Il faut aimer l’Europe et ses routes pour se farcir un tel périple : 1.800 bornes. Mais ça aura eu au moins un intérêt, nous offrir un minimum de légitimité pour causer moyens de transports. Au menu aujourd’hui : la liaison de Marseille Saint-Charles à l'aéroport de Marignane. Alors qu’Elon Musk a mis en concurrence trois start-up pour monter le projet d'une navette qui pourrait faire ce trajet à 1000 km/heure, inutile d’attendre 2035 et son « Hyperloop ». 20 Minutes a fait une petite balade dans l’avant-loop, le TER de 1995. Et c’est pas si mal.
« C'est beaucoup de com' et de marketing pour faire rêver et attirer des fonds. La faisabilité technique et financière n'est pas démontrée », lâche un expert du secteur. Avant de glisser : « Mais sans rêve, on n'avance pas ! » En attendant, c'est sur les rails, que l'on avance. Jusqu'à Vitrolles. Une minute d'arrêt.
« C’est beau, oui. Mais… Les bébés naissent sans bras, par ici ! » Perrine prend le TER entre Saint-Charles et Vitrolles tous les jours, pour son travail. Quand le soleil tape ainsi, à Marseille, même les vapeurs d’hydrocarbures sont belles – on dirait des embruns. Partis à 9h08 pétantes de la gare, nous étions à 9h37 à l’aéroport, après avoir déboursé 5,2 euros. J'écris « nous » mais j'étais seul. Personne d'autre n'a attrapé la correspondance.
80% des suffrages pour le tout-bagnole
Les dames qui trimballaient de lourdes valises ont loupé la navette. Elles sont sans doute arrivées à bon port, mais autrement. « Pour pas stresser, j'arrive tôt », explique un vieil homme avec qui j’ai bu un café. Son vol pour la Turquie décollait à 14 heures…
Un rapide sondage autour de nous permet de dégager une tendance. Environ 8 passagers sur 10 sont venus en voiture à l’aéroport. Comme Zina et Zita, qui sont partis du quartier Saint-Charles. « Il y a toujours un bouchon avant le tunnel, mais c’est mieux qu’en train ou en bus », disent-ils.
Dommage, car le train, pour cinq euros, « est le moyen de transport qui émet le moins de dioxyde de carbone », rappelle le spécialiste Mathias Cureau, du cabinet Trans-Missions: « Une liaison aussi courte semble aller à l’encontre de la philosophie de l’Hyperloop. Il faut proposer plus de trains aux usagers ! » Et plus de panneaux, ajoute-t-on. Pour attraper notre hypothétique avion, il fallait prévoir le coup la veille, s'armer de patience et d'un smartphone, face au maléfique oui.sncf.
Des trains apparaissaient sur le site, pas sur l’appli. Et vice versa. En tant qu’usager, ce changement de nom, de SNCF à oui SNCF, a été un déclic, en décembre 2017. Plus que la publication de calamiteux chiffres en 2016 : 15,2 % des TER avaient plus de cinq minutes de retard. La région PACA était la plus mal classée. En décembre 2017, je me suis fâché avec la SNCF. Pourtant, en TER, je n'ai émis que 741,7 grammes de CO2 pour aller à l'aéroport. A un petit 50,8 km/h de moyenne. En voiture, j'aurais émis plus de cinq kilos de CO2.