Flore sauvage: 15% des espèces menacées de disparition en France métropolitaine
ENVIRONNEMENT•Parmi les 750 plantes à fleurs ou fougères menacées de disparition, 97 sont endémiques à la métropole française…20 Minutes avec agences
Cette situation préoccupante est principalement liée aux activités humaines. 15 % des espèces de flore sauvage de France métropolitaine, soit 750 plantes à fleurs ou fougères, sont menacées de disparition.
C’est la première fois que le risque de disparition de l’ensemble de la « flore vasculaire » (qui possède des vaisseaux permettant la circulation de la sève) est évalué en métropole selon les critères de la liste rouge de l’Union nationale pour la conservation de la nature (UICN).
97 espèces endémiques à la France
Ainsi, 4.982 de ces espèces indigènes sauvages recensées en France ont fait l’objet d’un « examen approfondi » de la part de dizaines de botanistes, pendant plus de trois ans. Résultat 15 % d’entre elles « encourent un risque de disparition », classées menacées ou quasi-menacées, selon le communiqué commun de l’UICN-France, du Muséum national d’Histoire naturelle, de l’Agence française pour la biodiversité et des Conservatoires botaniques nationaux.
Surtout, 97 d’entre elles sont endémiques à la métropole française, c’est-à-dire qu’on ne les trouve nulle part ailleurs au monde. « Cela fait plusieurs dizaines d’années qu’on constate la régression de la flore sauvage dans le pays », indique Frédéric Hendoux, directeur du Conservatoire botanique national du Bassin parisien. « Ce qui est inquiétant avec la flore, c’est que les espèces végétales sont à la base de tous les écosystèmes », poursuit-il.
Panicaut vivipare, astragale, pivoine mâle
Cette liste rouge compte 51 espèces en « danger critique ». Parmi elles : la Saxifrage de Gizia endémique du Jura, avec ses fleurs blanches ou jaunâtres à l’odeur musquée, ou le Panicaut vivipare, victime de la disparition des milieux humides du Morbihan.
Comme 132 espèces, l’astragale de Marseille, typique des garrigues littorales, est classé « en danger », en raison notamment de la surfréquentation du bord de mer. La pivoine mâle, avec ses fleurs roses remarquables qui fleurissent une semaine par an dans les sous-bois, est, elle, « vulnérable », en raison notamment de la déforestation.
« Lié aux activités humaines »
Sans surprise, le premier responsable de cette « situation préoccupante » est l’être humain. « Ce taux de régression et de disparition est directement lié aux activités humaines, avec deux grandes causes principales ces dernières décennies : la mutation agricole (…) et la perturbation des milieux naturels par l’urbanisation et l’aménagement du territoire », comme les routes ou les pistes de ski, insiste Frédéric Hendoux.
Les quatre organismes pointent notamment du doigt les zones humides « drainées et asséchées pour l’agriculture ou la construction de nouvelles zones urbaines », la régression des espaces pâturés, les changements de pratiques agricoles ou l’usage des herbicides. Le changement climatique pourrait, lui, menacer certaines espèces florales, mais ses effets sur la végétation sont encore mal connus à des échelles locales.
« Il est encore possible d’agir »
Malgré tout, « il est encore possible d’agir », souligne le communiqué, évoquant des espaces protégés ou le développement de banques de semences et de mises en culture de plants.
« Mais pour assurer leur succès, ces actions devront s’accompagner d’une prise de conscience de chacun et d’une évolution profonde des pratiques de notre société », insistent les experts.