Strasbourg: Malgré le froid, des militants tentent de ralentir le chantier du Grand contournement ouest
CHANTIER•Lancés en septembre 2018 après l’évacuation d’une Zad, les travaux du projet autoroutier controversé du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg (Bas-Rhin) sont toujours attaqués par les opposants…Bruno Poussard
L'essentiel
- Après l’évacuation de la Zad de Kolbsheim, les travaux du projet autoroutier controversé du Grand contournement ouest de Strasbourg (Bas-Rhin) ont commencé en septembre.
- Cinq mois plus tard sur les sites de chantier du tracé de 24 kilomètres en Alsace, les opposants restent mobilisés en tentant de ralentir les travaux de déboisement, notamment.
Munis de bonnets verts, de chaussures de rando ou de gants de ski, ils n’ont pas hésité à braver le froid. Malgré la neige tombée et la température négative encore d’actualité, une trentaine d’opposants au projet autoroutier du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg sont venus aux abords de la forêt du Krittwald à Vendenheim (Bas-Rhin) ce mercredi après-midi.
Pour tenter de ralentir l'avancée du chantier ou, a minima, montrer la poursuite de leur lutte. Sur divers sites de travaux du tracé de 24 kilomètres, il en est régulièrement ainsi depuis l’évacuation de la Zad et le début du chantier en septembre. « On reste offusqués de la manière dont ça s’est passé, et du silence du gouvernement », insiste Michaël Kugler, militant EELV.
Des tentatives d’approches des machines en forêt
Après les huit hectares coupés à l’automne à Vendenheim au niveau du futur échangeur nord, les machines sont de retour. Dans la foulée de la suspension d’un arrêté levée par le tribunal le 15 janvier, des militants en surveillance s’y préparaient. « Les souches restantes avaient été enlevées et un hélicoptère avait survolé la zone », précise Philippe Ployé, président des Fédinois contre le GCO.
Ce lundi, l’alerte a été vite lancée à la relance du déboisement. Malgré la forte présence des forces de l’ordre, certains d’entre eux, dits les « voltigeurs », sont rentrés dans la forêt, dont douze hectares restent à couper. « On voulait au moins voir, si possible ralentir un peu, insiste un jeune militant écolo. Et on a vu des animaux fuir la zone de déforestation. »
aEn pénétrant dans un pré voisin où une pelleteuse avance, elle, sur le terrassement, des militants ont de nouveau tenté de bloquer le chantier mardi. Après s’être fait à chaque fois sortir par les gendarmes, de nouveaux piquets et un filet ont été posés un jour plus tard. Face aux barrières, les opposants présents sont venus avec des banderoles et des pancartes à accrocher.
Des slogans face aux gendarmes et aux ouvriers
Certains slogans sont humoristiques : « Moins de degrés sauf dans une bière. » D’autres plus incisifs, et François de Rugy ou Vinci en prennent pour leur grade. Des messages sont aussi passés aux gendarmes et aux ouvriers : « On parlera de vous dans les livres sur la fin du monde ! » Certains filment, font des photos, et d’autres demandent aux gendarmes de laisser les inscriptions.
L’objectif, faute de mieux pour eux, est « d’utiliser la puissance de l’image », estime Florent Lacombe, de Schiltigheim. « On ne peut pas s’opposer physiquement, mais on vient dire qu’on n’est pas d’accord », embraye Philippe Ployé. Les coupes, elles, se font à l’autre bout du bois. « J’y ai passé des journées, ils massacrent mon enfance », regrette Jacky Faullimel, de Vendenheim.
Un jeu du chat et de la souris sur les sites de chantier
Pendant ce temps, des opposants tentent de s’approcher par un côté. Des gendarmes les suivent de près. « On les fait un peu tourner en bourrique », sourit Jean-Claude Meyer, de l’ouest strasbourgeois. Ce jeu du chat et de la souris est loin d’être le premier. Ces dernières semaines, des opérations simultanées aux aurores ont eu lieu. D'autres actions sont déjà prévues.
« Il s’agit de ralentir symboliquement », explique Elisabeth Dupeux, encore motivée après un mois de grève de la faim. Elle veut croire que le GCO sera abordé dans le fameux Grand débat national. Sur le terrain, d’autres actions ciblent désormais aussi le Crédit Agricole, « qui a fait une promesse de financement de près d’un quart du projet », clame Michaël Kugler.
En parallèle, l’opposition reste encore et toujours impliquée côté juridique. Alors que le permis d’aménager du viaduc de Kolbsheim reste suspendu, l’association Alsace Nature attend encore de voir ses recours sur la prolongation de la Déclaration d’utilité publique du GCO et sur les travaux définitifs étudiés. Sur l’échangeur nord, un autre vient de nouveau d’être introduit.