PARASITESLe paysage niçois va encore changer à cause du charançon tueur de palmier

Charançon tueur de palmier à Nice: «Les palmiers attaqués sont remplacés par des espèces moins sensibles»

PARASITESEn plus d’un traitement préventif pour éviter que le charançon rouge continue de proliférer, Syagrus et Washingtonia sont replantés…
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • Depuis 2015, 14 % des palmiers ont dû être abattus.
  • En 2017, ce sont 242 palmiers qui ont été éliminés à Nice, 171 en 2018. «On commence à obtenir un certain résultat, avec une baisse du nombre d’infestations», estime un expert botanique au service des espaces verts de la ville.
  • La métropole Nice Côte d’Azur plante désormais d’autres espèces pour faire face aux attaques des charançons rouges.

Eradiquer le charançon rouge du palmier sur le littoral français ? Impossible estime l’Anses. Dans un rapport publié mercredi, l’Agence de sécurité sanitaire avance que « l’objectif réaliste le plus ambitieux serait de stabiliser la population du parasite ».

A Nice, la mairie utilise un traitement préventif biologique, mais a surtout commencé à trouver des remplaçants à l’emblématique Phœnix canariensis, espèce la plus touchée. Jean-Michel Meuriot, expert botanique au service des espaces verts fait le point.

Où en est la ville de Nice dans la lutte contre ce parasite ?

Depuis le printemps, nous utilisons une solution à base de nématodes, des vers microscopiques, et du champignon Beauveria bassiana qui s’attaque au charançon. Nous avons toujours privilégié un traitement biologique pour éviter les impacts sur la santé.

A cause de cette volonté, nous étions hors la loi qui imposait de recourir à des substances chimiques, et notamment l’imidaclopride. Mais depuis le 1er septembre, cette substance, qui fait partie des pesticides néonicotinoïdes [qui décimaient des populations d’abeilles], est interdite. L’injection de Benzoate d’émamectine dans le tronc est préconisée par l’Anses, mais nous préférons continuer à utiliser une solution biologique.

Combien d’arbres ont été touchés ?

Depuis 2015, 14 % des palmiers ont dû être abattus à Nice. Mais je pense que nous sommes aujourd’hui au sommet de la courbe et que l’on commence à obtenir un certain résultat, avec une baisse du nombre d’infestations. En 2017, nous avons éliminé 242 palmiers. A ce jour, pour 2018, nous en sommes à 171.

Mais il faudra encore de nombreuses années avant de vraiment pouvoir contrôler le phénomène. La question des palmiers sur le parc privé, où il y a deux fois plus d’arbres touchés, est très préoccupante. Il faut que les particuliers soient conscients du problème et qu’ils agissent vite.

Que faites-vous lorsqu’un palmier a été abattu sur l’espace public ?

On le remplace par d’autres essences moins sensibles. Y compris lorsqu’ils meurent d’autres causes. La principale cible du charançon rouge est le Phœnix canariensis, le palmier des Canaries. Le palmier dattier mais surtout le Syagrus et le Washingtonia sont moins exposés.

D’une manière générale, on essaie de diversifier les végétaux que nous plantons. Le climat niçois nous permet aussi de piocher dans d’autres espèces exotiques, type araucarias ou Erythrina caffra.

Dans tous les cas, le paysage de la Côte d’Azur risque donc de changer…

Oui, il faut s’y préparer. Mais il faut aussi rappeler que le palmier des Canaries n’a été planté ici qu’à partir de 1866. Avant il n’y avait uniquement que des chênes verts, des agrumes, des caroubiers. Le palmier n’existait pas sur la Côte d’Azur.