ENVIRONNEMENTPourquoi le parc marin de la Côte Bleue vient-il d'être distingué?

Méditerranée : Bouées « en tire-bouchons » et réserves… La success story du parc marin de la Côte Bleue

ENVIRONNEMENTLe parc marin de la Côte Bleue, au nord-ouest de Marseille, vient d'être inscrit sur la liste verte des aires protégées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Une fierté pour le premier parc de la région PACA...
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • «Notre principale réussite, c’est la gestion des herbiers de Posidonie », note le directeur du parc, Frédéric Bachet.
  • Deux réserves, les premières de toute la région PACA, ont permis le retour d'espèces emblématiques, comme le «corb», le «corbeau des mers»

C’est l’histoire d’un précurseur enfin récompensé. Invité à la table des « grands ». Le parc marin de la Côte Bleue intègre la prestigieuse liste verte des aires protégées de l’Union internationale pour la conservation de la nature​ (UICN). Les experts internationaux de l’UICN ont évalué que la planification du parc marin était « robuste », sa gouvernance « équitable » et sa gestion… « efficace. »

« Notre principale réussite, c’est la gestion des herbiers de Posidonie », se félicite le directeur du parc, Frédéric Bachet, très fier de présenter ce nouveau label… et les excellents résultats du parc. « On a fait beaucoup pour les herbiers de Posidonie : on a installé des récifs de protection pour que les chaluts ne les abîment pas. On a interdit le mouillage des bateaux de plus de 20 mètres. Et on a installé des bouées écologiques ! » Des bouées écolos ?

Des bouées « tire-bouchons »

« On a remarqué qu’elles étaient la principale cause de dégradation des herbiers, reprend Frédéric Bachet. Parce que sous chaque bouée, il y a une chaîne et un corps-mort en béton. La chaîne, autour du corps-mort, abrase les herbiers de Posidonie. » Chaque bouée dégradait entre 5 et 10 mètres carrés de cette plante aquatique primordiale dans l’écosystème méditerranéen.

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Les nouvelles bouées s’ancrent directement dans les fonds marins. « Comme des tire-bouchons dans le sable », illustre Frédéric Bachet. Les pêcheurs locaux ont aussi participé à l’effort collectif pour ces herbiers, en remplaçant leurs filets traditionnels par des filets spéciaux. « On avait des cordes avec des billes de plomb, qui faisaient une sorte de pince et qui coupaient la Posidonie, relate William Tillet, pêcheur à Carro. On les a remplacées par des cordes en polymère plombé, qui couchent la Posidonie mais ne la coupent plus ! »

C’est, d’ailleurs, l’originalité du parc marin de la Côte Bleue : il a été créé avec la collaboration des marins-pêcheurs locaux. William Tillet se souvient :

« On a évité l’épreuve de force ! Au départ, nous, la pêche, on ne voulait pas de parc, pas de réserve, pas de limite. Alors on leur a dit : “si vous ne voulez pas qu’on démonte les bouées, faut qu’on soit dans le coup !” Aujourd’hui, on est content de ce qu’on a, car ça a été fait dans la concertation ! » »

Et les pêcheurs bénéficient pleinement des effets vertueux du parc : les gros bateaux industriels, qui dégradaient les fonds marins, ont été exclus de la zone. Et les réserves de pêche sont en hausse. « Pour nous, c’est une opération rentable », sourit William Tillet. Grâce, principalement, aux deux réserves où il est interdit de pêcher : une au niveau du Cap Couronne, une à Carry-le-Rouet.

Des espèces emblématiques font leur retour

Ces réserves, les premières dans toute la région PACA, ont permis aux poissons de se reproduire tranquillement… « On pêche très bien autour de la réserve », témoigne William Tillet, qui note que les poissons sont plus nombreux… Et plus gros. Autre bonne nouvelle, des espèces quasi disparues ou très rares ont fait leur retour sur la Côte Bleue : des mérous et surtout des corbs sont régulièrement observés dans les réserves. Le « corbeau » des mers est de retour sur la Côte Bleue.