ENVIRONNEMENTLa pointe du Grouin, un écrin de nature menacé par les touristes

Ille-et-Vilaine: La pointe du Grouin, un écrin de nature menacé par les touristes

ENVIRONNEMENTL'éperon rocheux, à Cancale, sera le point de départ de la Route du Rhum dimanche...
La pointe du Grouin, lors du départ de la Route du Rhum 2002.
La pointe du Grouin, lors du départ de la Route du Rhum 2002. - M.Mochet/AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Dimanche, ils seront encore des dizaines de milliers à escalader ce promontoire de rochers gris, qui marque le point de départ de la Route du Rhum. A Cancale (Ille-et-Vilaine), l'éperon rocheux de la pointe du Grouin offre un panorama exceptionnel sur la baie du Mont Saint-Michel.

D'un côté, la vue s'attarde sur la lointaine silhouette du Mont puis les côtes du Cotentin avec les plages de Jullouville et Granville (Manche). De l'autre côté, la mer court à perte de vue avant une succession de pointes rocheuses jusqu'au Cap Fréhel (Côtes-d'Armor).

Mais face à l'afflux des touristes (600.000 visiteurs chaque année), ce site va être réaménagé pour préserver son environnement.

De nombreux oiseaux

«C'est le genre de lieu sur lequel il faut sans arrêt faire des compromis entre la fréquentation touristique et la préservation du site», souligne Lætitia Heuzé, chargée d'animation à la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

a

La lande littorale accueille en effet de nombreux passereaux, comme la fauvette pitchou, un oiseau de 13 cm protégé. Et à quelques encablures de là, la réserve ornithologique de l'île des Landes est le refuge de centaines de cormorans huppés et de quelques dizaines de tadornes de Belon, des canards marins.

Or, la pointe est truffée d'infrastructures touristiques: un hôtel construit en 1936, une brasserie, un magasin de souvenirs et un camping datant des années 1970. Ainsi qu'un sémaphore qui accueille expositions culturelles et réservistes de la Marine nationale.

Projet de réaménagement

Plus d'un millier de véhicules fréquentent le site chaque jour, le long d'une petite route qui le parcourt presque de bout en bout. «La pointe du Grouin pourrait être plus accueillante pour la faune», euphémise Sébastien Gervaise, de la LPO, tout en saluant les efforts pour préserver le site mis en œuvre par le conseil départemental.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Ce dernier a prévu d'investir 2 millions d'euros dans un projet de réaménagement, censé permettre «une réappropriation par la nature» de «ce joyau du paysage», selon les mots du conseiller départemental (PS) Marc Hervé, fils de l'ancien ministre Edmond Hervé. L'essentiel du projet vise à déplacer un parking de quelques centaines de mètres pour redonner son caractère naturel à l'extrémité de la pointe. Les travaux pourraient débuter en 2020 pour une livraison prévue en 2022.

«La frustration, c'est de constater que les visiteurs font un simple aller-retour jusqu'à la pointe sans profiter des paysages alentours», explique Thibaut Gaborit, responsable du service patrimoine naturel au département. Selon une étude de fréquentation, plus de 85% des visiteurs viennent en voiture et restent seulement 10 minutes sur place.

« Le tout bagnole »

«On apprécie le recul du parking. Cela permet de gagner un peu d'espace naturel», remarque Gérard Prodhomme, membre de l'association de défense de l'environnement Bretagne Vivante. Mais Gérard Prodhomme regrette le manque persistant de «cheminements doux» pour rejoindre le site. «On reste dans le tout bagnole», remarque-t-il. La voie verte censée relier le Mont Saint-Michel à Saint-Malo est ainsi toujours inachevée.

Et sur place, force est de constater que le projet de réaménagement ne fait pas l'unanimité. Ainsi Jean-Michel Simon, né en 1941 dans l'hôtel de la pointe du Grouin, est vent debout contre le département. Propriétaire de la brasserie et d'une partie de la route, le septuagénaire ne veut pas abandonner son parking privatif, visé par le projet. «J'irai en justice, je ne me laisserai pas manger tout cru», lâche-t-il.

Le conseil départemental, lui, n'exclut pas une expropriation si les discussions n'aboutissent pas.