VIDEO. Var: Des oiseaux mazoutés dans le parc national de Port-Cros après l'épisode de pollution aux hydrocarbures
ECOLOGIE•Le parc national de Port-Cros, et notamment son cœur, fait partie des zones touchées par l’épisode de pollution aux hydrocarbures. La question de l’impact écologique sur la faune et la flore inquiète…Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Le Var connaît un épisode de pollution aux hydrocarbures
- Parmi les zones touchées se trouve le parc national de Port-Cros
- Des oiseaux mazoutés ont été observés. Un oiseau mort a été retrouvé.
La macabre découverte a été faite ce mercredi par des agents de la Métropole Toulon Provence Méditerranée, au large d'une plage de l’île de Porquerolles, et immortalisée dans une photo transmise à 20 Minutes par la Ligue de protection des oiseaux. Sur le sable gisait, mort, un goéland leucophée mazouté.
Le Var est en effet touché depuis plus d’une semaine par un épisode de pollution aux hydrocarbures , probablement lié à la collision entre deux bateaux au large de la Corse. Plusieurs sites pollués se trouvent dans le parc national de Port Cros, dans lequel cohabitent 500 espèces d’algues, 602 espèces terrestres et 180 espèces de poissons, dont certaines protégées. L’oiseau mort a d’ailleurs été retrouvé dans le cœur même du parc, d’une superficie de 1.700 hectares.
Une cinquantaine d’oiseaux partiellement mazoutés
« Nos bénévoles ont observé une cinquantaine d’oiseaux partiellement mazoutés en vol dans le secteur, déplore François Frimal, président de la ligue des protections des oiseaux en Paca. Certes, ils étaient encore vivants, mais ils risquent de mourir au large sans qu’on ne le sache. »
Selon les premières constatations menées par la ligue de protection des oiseaux, les oiseaux les plus touchés par cet épisode de pollution ne sont pas les espèces particulièrement protégées par le parc comme le puffin. Et pour cause : l’oiseau a entamé il y a peu sa migration habituelle vers d’autres contrées. « Dans notre malheur, il y a de la chance », tente de positiver François Frimal.
Une pollution au cœur du parc national
Toutefois, ce sont des oiseaux plus communs, comme le goéland ou la mouette, qui seraient les premières victimes. « Ces oiseaux chassent dans la mer, et s’ils chassent dans une zone avec ils peuvent s’empoisonner, explique François Frimal. Ils peuvent aussi s’affaiblir petit à petit. Si le corps est recouvert de mazout, l’oiseau n’arrive plus à maintenir une température et meurt, après une lente agonie. »
« Ce qui est grave, c’est que cette pollution touche le cœur du parc national, déplore Gilles Martin, président du conseil scientifique du parc national de Port-Cros. C’est une zone soumise à une réglementation très stricte. Des plaques sont mêmes arrivées dans une des trois réserves intégrales, l’île de Bagaud. La mission du parc de protection des milieux se trouve atteinte. Déjà qu’elle est compliquée, en raison par exemple de la pollution des bateaux qui viennent mouiller ou de la surexploitation en matière de pêche… »
« Nous avons des craintes »
Et d’ajouter : « Concernant le préjudice écologique, nous avons des craintes. Des cyanobactéries qui vivent sur les rochers sont menacées, autant par le pétrole que par le brossage sur les rochers. » Le nettoyage en lui-même peut effet causer des problèmes. « Il faut veiller à ne pas retirer toutes les posidonies quand on nettoie la plage, car elles évitent l’érosion, rappelle Gilles Martin. Quant au bois flotté échoué sur la plage, c’est un habitat naturel, avec de très nombreux insectes à l’intérieur. En tant que scientifique, on préfère le laisser en l’état, mais si un bois souillé repart à la mer, il va polluer. Nous recommandons, dans l’idéal, d’enlever le minimum. »
Des agents du parc procèdent actuellement à un recensement précis des dégâts terrestres, avant que des plongées soient organisées pour connaître l’impact sous-marin. Pour rappel, la partie maritime du parc national fait partie de Pelagos, un sanctuaire pour cétacés. Une importante population de mérous a également été reconstituée suite à une réglementation très stricte.
« Il y aura des dégâts »
« On ne sait pas aujourd’hui dans quelle mesure l’habitat est touché, confie la présidente du parc Isabelle Monfort, non sans inquiétude. On sait juste qu’il y aura des dégâts. Il y a la question de la chaîne alimentaire : un petit poisson peut manger une posidonie contaminée, qui va contaminer un prédateur comme une baleine. »
L’ampleur du phénomène reste toutefois à déterminer. « Le dommage est là, mais ce n’est pas une catastrophe écologique irréversible, tempère Gilles Martin. Nous attendons le constat fait par les agents pour faire un bilan, et pour que ce constat ait de la valeur devant la justice. » Et d'ajouter : « des analyses sont en cours à la LPO, et nous ne savons pas si l'oiseau était mort avant d'être mazouté ou si c'est le mazout qui l'a tué... La prudence s'impose ! » Comme plusieurs autres acteurs locaux dans ce dossier, le parc a porté plainte contre X.