Strasbourg: Bientôt une zone où les véhicules les plus polluants seront interdits
POLLUTION•Strasbourg s'engage pour le déploiement de zones à faibles émissions (ZFE) sur son territoire...Alexia Ighirri
L'essentiel
- Particulièrement concernée par une pollution de fond aux particules fines et oxydes d’azote, l’Eurométropole de Strasbourg signera l'« engagement pour le déploiement de zones à faibles émissions » le 8 octobre pour la création d’une ZFE d’ici à 2020, dans laquelle restreindre au quotidien la circulation des véhicules les plus polluants.
- Avec deux difficultés : le passage de l'autoroute au centre de Strasbourg et le contrôle des véhicules. Parce qu’il serait en pratique compliqué de multiplier les contrôles « manuels », Strasbourg attend un retour de l’Etat notamment sur l’accès aux plaques minéralogiques. « L’idée de vidéoverbalisation fait son chemin ».
La zone à faibles émissions (ZFE) est l'une des mesures retenues pour mieux faire respirer l'agglomération de Strasbourg. Mais de manière un peu contrainte et forcée : Bruxelles ayant décidé de poursuivre la France en justice pour la piètre qualité de l’air dans une quinzaine de zones, essentiellement des villes, l’Etat français demande à ces dernières de signer un « engagement pour le déploiement de zones à faibles émissions ».
Particulièrement concernée par une pollution de fond aux particules fines et oxydes d’azote, l’Eurométropole de Strasbourg signera cet engagement le 8 octobre pour la création d’une ZFE d’ici à 2020, dans laquelle restreindre au quotidien la circulation des véhicules les plus polluants. « Le cadre est fixé, nous devons maintenant le remplir », illustre Roland Ries, maire de Strasbourg et vice-président de l’agglomération en charge des transports. En clair, la collectivité doit définir le périmètre de la zone et son niveau d’exigence sur les véhicules autorisés à circuler.
Vidéoverbalisation ou portiques
L’élu pointe deux difficultés : « L’A35 passe à deux kilomètres de la cathédrale, il serait incompréhensible que l’autoroute ne soit pas dans le périmètre. Certains véhicules français ou étrangers ne pourraient plus y passer, c’est un changement en profondeur et on doit trouver d’autres itinéraires pour eux. Mais alors se pose le problème du contrôle. »
Parce qu’il serait en pratique compliqué de multiplier les contrôles « manuels », Strasbourg attend un retour de l’Etat notamment sur l’accès aux plaques minéralogiques. « L’idée de vidéoverbalisation fait son chemin », assure Roland Ries. Un travail est en cours aussi sur des portiques de contrôles sur la route du Rhin.
Toute l’agglomération de Strasbourg concernée
Quels véhicules pourraient être concernés ? « Ceux avec la vignette Crit’air 5 a minima. Mais ils ne représentent qu’1 %. Il faudrait aller vers les Crit’air 4 voire 3… », avance l’élu. Une mesure « qui va également dans le bon sens, mais il faudrait une compensation en fonction des revenus pour que cela ne soit perçu comme une mesure inégalitaire », affirmait à 20 Minutes le docteur Thomas Bourdrel, cofondateur de Strasbourg Respire.
Ce collectif qui lutte contre la pollution de l’air réclame l’extension de la mesure à toute l’Eurométropole et pas seulement à Strasbourg. Une échelle que valide le vice-président de l’agglo : « Il y a encore beaucoup à faire dans la première et deuxième couronne, où les transports en commun sont moins présents et l’usage de la voiture plus fréquent qu’au centre de Strasbourg ».
Oui, il reste du boulot. Preuve en est la récente étude de Greenpeace sur le tout voiture dans les 12 plus grandes agglomérations françaises : si Strasbourg fait figure de ville modèle, l’ONG explique que la capitale alsacienne pêche encore au chapitre « restrictions sur les voitures polluantes ».