VIDEO. Aix-en-Provence: Sur les traces des dinosaures, dans le troisième plus grand gisement d’œufs au monde
REPORTAGE•Les Bouches-du-Rhône abritent le troisième plus grand gisement d’œufs de dinosaures au monde…Adrien Max
L'essentiel
- L’un des trois plus grands gisements d’œufs de dinosaures au monde se trouve près d’Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône.
- Les personnels du département et du muséum d’histoire naturelle d’Aix-en-Provence ont retrouvé près de 300 œufs en surface sur une superficie de 100 m2.
- Ces œufs, ainsi que des os de dinosaures, n’ont pas encore livré tous leurs secrets.
«Ici, l’expression marcher sur des œufs prend tout son sens. Sauf que ce sont des œufs de dinosaures », plaisante Thierry Tortossa, paléontologue pour le département des Bouches-du-Rhône. Sur cette colline d’argile pas très loin d' Aix-en-Provence, une petite dizaine de personnes martèlent, grattent et brossent la terre argileuse, à la recherche d’œufs de dinosaures.
« On est ici sur l’un des trois plus grands gisements d’œufs de dinosaures au monde », prévient Thierry Tortossa. Du coup, il y en a partout. « Nous avons commencé à fouiller cet endroit en 2015. Depuis nous menons une campagne d’un mois de fouille chaque année. En moyenne, nous retrouvons environ une vingtaine d’œufs et d’os par jour », détaille Yves Dutour, responsable du Muséum d'histoire naturelle d’Aix-en-Provence, qui participe aux fouilles avec le département grâce à une convention.
350 œufs sur 100 m2
« Nous nous attendions à trouver des œufs mais pas dans une telle quantité, et une telle densité », précise Thierry Tortossa. Près de 350 coquilles ont été localisées en surface sur une superficie de moins de 100 m2. Les ossements de huit rhabdodons, des dinosaures herbivores, ont également été mis à jour dans les alentours.
Si on en trouve autant en cet endroit, c’est aussi grâce à la mise en place de la réserve naturelle de la Sainte Victoire en 1994. « Des œufs sont retrouvés depuis les années 50, mais l’incendie de 1989 a mis au jour beaucoup de fossiles, dont beaucoup ont été pillés », relate-t-il.
Rhabdodons et Raptors
Ces coquilles datent d’environ 72 millions d’années. Mais l’espèce exacte de dinosaure qu’elles referment reste pour l’instant floue. « Nous avons répertorié deux types, sans pouvoir préciser l’espèce car bien souvent il n’y a plus de fossile d’embryon à l’intérieur. Soit ils n’ont pas été fécondés, soit ils ont éclos, soit les sédiments, ici assez acides, qui les ont recouverts les ont altérés », explique Yves Dutour.
Seule certitude, la présence des rhabdodons dont les os en témoignent, ainsi que de raptors, des petits dinosaures carnivores. « Nous avons pu retrouver des dents de raptors à proximité des os des rhabdodons, qu’ils ont dû dévorer », explique Thierry Tortossa.
De belles révélations
Ce site exceptionnel, l’un des rares aussi proches de centres urbains, n’a pas fini de livrer ses secrets. « Nous avons fouillé trois couches sur moins de 50 centimètres de profondeurs alors qu’il y a près de six mètres de hauteur. Cette verticalité nous permet d’étudier l’évolution dans le temps, chaque couche représente une période », trépigne Thierry Tortossa.
Les avancées scientifiques nécessitent également du temps. « Pour un mois de fouille sur le terrain, nous avons près de trois mois de travail en laboratoire, et encore au minimum quatre mois d’études », relate Yves Dutour. Résultats, les publications scientifiques qui découlent de ses recherches ne sont publiées que plusieurs années plus tard.
D’ailleurs, Thierry Tortossa promet quelques belles révélations dans les mois à venir, comme la présence d’un dinosaure sur ce territoire, qu’on ne pensait pas trouver ici. En attendant, vous pouvez observer les œufs et les os au Muséum d’histoire naturelle d’Aix-en-Provence où ils sont exposés pour « faire le lien entre les recherches et le grand public ».