Strasbourg: Micro-algues et spiruline sont fabriquées en récupérant l'eau de la malterie
ECONOMIE CIRCULAIRE•Dans le port de Strasbourg, la start-up Algae natural food produit des microalgues éco-conçues grâce aux nutriments de son voisin, la malterie Cargill...Alexia Ighirri
L'essentiel
- Au port de Strasbourg, la malterie Cargill accueille sur son site la start-up Algae natural food: cette dernière récupère les intrants de sa voisine pour éco-concevoir des micro-algues dont la spiruline à destination de l’industrie alimentaire notamment.
- En récupérant les nutriments des eaux usées du voisin - « les eaux du process, tirées du bac d’aération », rectifie en souriant le co-fondateur- Algae natural food peut produire à grande échelle sans avoir besoin d’acheter et se faire livrer d’énormes quantités de nutriments. La start-up récupère par ailleurs le dioxyde de carbone et l’énergie fatale de Cargill, émis pendant son process de fabrication.
Au port autonome de Strasbourg, le temps est davantage à la collaboration qu’aux embrouilles entre voisins. Prenons l’exemple de la malterie Cargill, qui accueille sur son site la start-up Algae natural food : cette dernière récupère les intrants de sa voisine pour éco-concevoir des micro-algues dont la spiruline ( vous savez, ce super-aliment) à destination de l’industrie alimentaire notamment.
Le co-fondateur d’Algae natural food, Philippe Granvillain, explique : « On réutilise l’eau qui sert au rinçage de l’orge comme nutriment pour les micro-algues. Cette eau serait perdue sinon puisqu’elle repartait dans le réseau d’assainissement. » Elle passe ensuite par différents filtres pour se débarrasser de tous les éléments inutiles à la culture des micro-algues.
Quand « le déchet est une valeur »
En récupérant les nutriments des eaux usées du voisin - « les eaux du process, tirées du bac d’aération », rectifie en souriant le co-fondateur- Algae natural food peut produire à grande échelle sans avoir besoin d’acheter et se faire livrer d’énormes quantités de nutriments.
La start-up récupère par ailleurs le dioxyde de carbone et l’énergie fatale de Cargill, émis pendant son process de fabrication. « C'est un très bel exemple de l’économie circulaire sur le port de Strasbourg, se félicite le président de l’Eurométropole de Strasbourg, Robert Herrmann. L’idée est de recycler tout ce qui peut l’être, de tirer un maximum de potentiel de tout en générant une économie. Et de se dire désormais que le déchet est une valeur. »
Des échantillons pour convaincre les clients
Algae natural food en est encore à son stade expérimental. Et c’est avec des échantillons que la start-up démarche les acteurs du secteur alimentaire, d’un leader français des produits laitiers dont le nom commence par « D » à une marque d’eau de source, en passant par un chocolatier du coin. Une vingtaine de clients se montrent intéressés selon le PDG Francis Kurz qui préfère « d’abord construire son petit nid pour prouver qu’on peut produire en qualité. Puis, en quantité ». Ce qui permettrait alors à la société de se diversifier peu à peu, et être pourquoi pas être un jour capable de produire du biodiesel à partir de micro-algues.
Pour ce faire, la start-up va s’agrandir. Elle devrait sous peu obtenir son permis de construire, pour installer notamment quatre bassins de 300m3. La mise en route industrielle devrait intervenir en septembre. Objectif : atteindre les 60 tonnes produites par an à partir de juin 2019. En plus de pousser ses murs, la société strasbourgeoise va se multiplier à travers la France, grâce à un partenariat avec Suez. Huit sites sont en projet.