Nice: On est monté à bord du «premier bateau lessiveur de galets de France»
REPORTAGE•Chaque matin sur les plages niçoises, le ballet des agents de la propreté se met en place pour effacer les stigmates des fêtes des Niçois et du passage des touristes…Mathilde Frénois
L'essentiel
- Le bateau nettoie les plages dès 5h30 du matin. Il a été « adapté sur-mesure pour Nice ».
- De l’eau à fort débit est projetée sur les galets pour les nettoyer des stigmates des fêtes nocturnes sur les plages et du passage des touristes.
- En 2017, 157 tonnes de déchets ont été ramassées sur les plages niçoises. Les lendemains de la Fête de la musique et des résultats du bac sont deux des matinées les plus chargées en déchets.
Les derniers fêtards viennent à peine de quitter la plage. Et les baigneurs les plus matinaux ne sont pas encore arrivés. Il est 5h30, le service de la Propreté de Nice s’éveille. Le « premier bateau lessiveur de galets de France » longe déjà la côte.
« C’est un bateau unique en France, insiste Laurent Calatayud, directeur de la Propreté. Il est adapté sur-mesure pour Nice, en fonction de ses galets et de son enrochement. » Grâce à un fort débit en eau de mer projeté sur les galets, la machine les lessive. Elle efface les stigmates des fêtes des Niçois et du passage des touristes.
« Une perméabilité entre le Vieux-Nice, festif, et la plage »
Si à l’aube la plage est vide de Niçois et touristes, elle est pleine de déchets. Avant que le bateau-lessiveuse ne nettoie en profondeur les galets, un ballet millimétré se met en place. Une cinquantaine d’agents ratissent les 6 km de littoral. D’abord, c’est au tour du changement des corbeilles. Ensuite vient le ramassage à la main des détritus, la karchérisation des escaliers et le lavage des douches.
« La particularité de Nice, c’est qu’il y a une perméabilité entre le Vieux-Nice, festif, et la plage. Quand les bars ferment, les gens finissent sur la plage », explique le directeur de la propreté. « Nice est une ville touristique. Il est difficile d’interdire l’accès des plages la nuit. Les gens laissent leurs bouteilles, leurs canettes, leurs papiers, énumère Pierre-Paul Leonelli, adjoint au maire délégué à la propreté, à la collecte et à lutte contre les atteintes au cadre de vie. Il existe un comportement incivique qui est permanent. Et on a des difficultés à lutter contre. »
L’autre fléau, les goélands
Chaque année, la ville consacre un budget de 100.000 euros au nettoyage des plages. Une somme qui a permis de ramasser, en 2017, 157 tonnes de déchets. « En période estivale, lendemain de Fête de la musique et jour des résultats du bac, on peut récolter jusqu’à 4 tonnes », pointe Laurent Calatayud. Et pourtant, 400 corbeilles ont été installées sur la promenade des Anglais et sa plage. Un nombre qui a augmenté de 30 % cette année. « Malgré les quatre collectes par jour, les poubelles sont vite saturées, dit-il. La faute à la vente à emporter. Les gens jettent les cartons de pizza sans le plier par exemple. » L’autre fléau, ce sont les goélands qui déchiquettent les sacs plastiques et étalent les déchets.
Il est 7h sur les galets de la promenade des Anglais. Les déchets ont disparu. Comme si les fêtes et les incivilités n’avaient jamais eu lieu. « Il faudra recommencer demain, se désole déjà Laurent Calatayud. C’est un éternel recommencement. »