Afrique: Les plus vieux baobabs sont en train de mourir, selon des chercheurs
CLIMAT•Neuf des treize plus vieux baobabs, tous millénaires, sont partiellement ou totalement morts…20 Minutes avec agences
Leur grandeur majestueuse ne suffit plus à les protéger. La grande majorité des plus vieux baobabs d’Afrique se meurent depuis une dizaine d’années. Cette disparition « d’une ampleur sans précédent » pourrait avoir un lien avec le dérèglement climatique, expliquent des chercheurs dans des travaux parus lundi sur Nature Plants.
« Il est choquant et spectaculaire d’assister au cours de notre vie à la disparition de tant d’arbres d’âges millénaires », explique ainsi Adrian Patrut de l’université Babes-Bolyai en Roumanie, coauteur de l’étude.
Trois arbres emblématiques morts
Agés de 1.100 à 2.500 ans et tutoyant le ciel, les baobabs et leur tronc massif couronné de branches aux allures de racines, sont une des silhouettes les plus emblématiques des savanes arides. « Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les grands baobabs d’Afrique australe ont commencé à mourir, mais depuis 10-15 ans, leur disparition a rapidement augmenté à cause des températures très élevées et de la sécheresse », poursuit le chercheur.
Ainsi, neuf des treize plus vieux baobabs sont partiellement ou totalement morts. Parmi les victimes figurent trois monstres symboliques : Panke, au Zimbabwe, le plus vieux baobab avec 2.450 ans au compteur, l’arbre de Platland (Afrique du Sud), l’un des plus gros du monde avec un tronc de plus de 10 mètres de diamètre et le célèbre baobab Chapman du Botswana, sur lequel Livingstone grava ses initiales.
Une découverte par hasard
Les chercheurs ont découvert cette situation en étudiant ces arbres pour percer le secret de leurs incroyables mensurations. Entre 2005 et 2017, Adrian Patrut et ses collègues ont analysé tous les plus grands (et donc généralement les plus vieux) baobabs d’Afrique, plus de 60 en tout. Ils ont collecté des échantillons sur différentes parties des arbres et ont ensuite défini l’âge à l’aide de la datation au carbone.
« Les baobabs produisent périodiquement de nouveaux troncs, comme d’autres espèces produisent des branches », explique l’étude. Ces tiges ou troncs, souvent d’âges différents, fusionnent ensuite ensemble. Quand un trop grand nombre de tiges meurent, l’arbre s’écroule. « Avant de commencer nos recherches, nous avions été informés de l’effondrement du baobab Grootboom en Namibie mais nous pensions que c’était un événement isolé », explique Adrian Patrut.
Le réchauffement climatique en cause ?
Selon les auteurs de l’étude, « ces décès n’ont pas été causés par une épidémie ». Ils suggèrent que le changement climatique pourrait affecter la capacité du baobab à survivre dans son habitat même si « d’autres recherches seront nécessaires pour soutenir ou réfuter cette hypothèse ».
Toutefois, « la région dans laquelle les baobabs millénaires sont morts est l’une de celles où le réchauffement est le plus rapide en Afrique », remarque Adrian Patrut.