REPORTAGEMême morcelée, une «forêt modèle» est possible en Paca

Paca: Même morcelée, une «forêt modèle» est possible pour une gestion durable

REPORTAGELa forêt en Paca est divisée en une multitude de parcelles, ce qui ne facilite pas sa gestion durable…
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • En Paca, 90 % des propriétaires forestiers possèdent des parcelles de moins de dix hectares.
  • Il est difficile d’établir des plans de gestions globaux des forêts entre les différents propriétaires pour établir une sorte de continuité dans la forêt.
  • Différents organismes organisaient une tournée de la forêt modèle de Provence pour sensibiliser ces propriétaires.

La forêt est à l’image de ses propriétaires, morcelée. Et particulièrement en région Provence Alpes Côte d'Azur puisque 90 % des propriétaires forestiers possèdent des parcelles inférieures à dix hectares. La plupart ne mettent pas en valeur leur forêt, ce qui freine la gestion durable.

Face à ce constat, plusieurs organismes comme le Centre régional de la propriété forestière (CRPF), le département des Bouches-du-Rhône, la région Paca ou l’association Forêt modèle de Provence sensibilisent les propriétaires à cette problématique en organisant la tournée de la « forêt modèle » de Provence.

Des propriétaires « plus que modèles »

Guy Farnanier et son cousin Régis Desbief sont justement propriétaires de plusieurs parcelles. Ils ont hérité de leur arrière-grand-mère d’un total de 40 hectares au Plan d’Aups, sur le massif de la Sainte Baume, dans le Var. De l’aveu même de Clément Garnier, coordinateur à l’association forêt modèle de Provence, ces propriétaires « sont plus que modèles ». Comme la loi les y oblige pour des parcelles supérieures à 25 hectares, ils ont entrepris un plan simple de gestion (PSG).

Clément Garnier et
Clément Garnier et  - Adrien Max / 20 Minutes

« Je me suis toujours intéressé à ma forêt, j’ai même entrepris des relevés pour suivre la régénération. Mais tout le monde ne s’y intéresse pas comme moi, un plan simple de gestion permet d’avoir des conseils pour mieux la connaître, et savoir comment la gérer durablement », explique Guy Farnanier. Il n’imaginait par exemple pas procéder à une coupe de bois. « Je m’en suis convaincu au fur et à mesure jusqu’à l’être totalement pour permettre à d’autres espèces de se régénérer et diversifier ma forêt », ajoute-t-il.

Une repousse de sapon
Une repousse de sapon - Adrien Max / 20 Minutes

Le tiers des chauves-souris de France

Sur sa parcelle, les pins sylvestres ne permettent que la repousse de sapins. En procédant à des coupes, d’autres pins sylvestres et des arbres feuillus vont profiter de la lumière pour repousser. « Si on ne faisait rien, je suis persuadé que d’ici 30 ans la parcelle serait devenue une sapinière complète », prédit Guy.

Un pin sylvestre.
Un pin sylvestre.  - Adrien Max / 20 Minutes

D’autres aspects sont aussi importants comme la présence d’arbres sénescents qui, par leur ancienneté, constituent des milieux riches pour divers habitats. La preuve, près du tiers des espèces de chauve-souris connues en France a été recensée en une nuit dans cette forêt. Toutes ces caractéristiques ont d’ailleurs permis à la forêt de Guy et de Régis d’obtenir le label Promouvoir la gestion durable de la forêt (PEFC).

Un arbre sénescent.
Un arbre sénescent.  - Adrien Max / 20 Minutes

50 % de forêt en Paca

Partie prenante du programme européen Forest In, cette visite a même rassemblé quelques propriétaires forestiers portugais. « Ce n’est pas compliqué chez nous, ce n’est que de la monoculture, de la sylviculture industrielle avec essentiellement des eucalyptus. Avec tous les problèmes qu’on connaît comme les incendies, on est ici pour faire changer les habitudes », témoigne Nelson Matos, chercheur à l’université d’Aveiro, et accompagnateurs de deux propriétaires.

Une orchidée sans chlorophylle.
Une orchidée sans chlorophylle.  - Adrien Max / 20 Minutes

Pas besoin d’aller aussi loin pour comprendre les enjeux, lorsqu’on sait que la région Paca est recouverte à 50 % de forêt, trop souvent perçue comme une menace avec les incendies plutôt qu’une ressource.