NATUREAdorée puis détestée. A Rennes, la Vilaine ne veut plus se cacher

Rennes : Adorée puis détestée, la Vilaine ne veut plus se cacher

NATUREDes jardins flottants sont en cours d’installation sur le cours d'eau…
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Des jardins flottants sont en cours d’installation sur la Vilaine à Rennes. La ville entend ainsi reconquérir son cours d’eau.
  • La demande émane de la part d’habitants, qui souhaitent valoriser le fleuve.
  • La Vilaine a été canalisée en 1840 pour éviter les inondations au sud de la ville. Elle a ensuite été enfouie pour faire de la place pour l’automobile.

Elle trouvait que la Vilaine « manquait de vie » et qu’il « ne fallait pas en avoir honte et la montrer ». Quand elle a proposé son projet de jardins flottants lors du premier budget participatif, Myriam Trellu était loin d’imaginer que son idée irait aussi loin. Séduite par le projet, la ville de Rennes a d’abord mené des tests pour trouver la bonne formule, avant de se lancer. Mardi, elle a entamé la construction du premier jardin de la Vilaine. D’ici un mois, ils s’étendront sur 80 mètres de long de part et d’autre des quais Chateaubriand. Un tournant dans l’histoire du fleuve.

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« On va enfin pouvoir regarder la Vilaine ». Didier Le Bougeant est élu du quartier centre. Tous les jours, il franchit le cours d’eau pour se rendre en mairie. Comme lui, des milliers de Rennais font de même au quotidien. « Il fallait rendre cette partie canalisée plus attractive. Toutes les capitales européennes ont reconquis leurs berges. Nous avons opté pour un projet innovant ». D’après lui, Rennes sera la deuxième ville au monde, après Chicago, à proposer des jardins flottants en eau vive.

On a caché la Vilaine pour se protéger des inondations

Accrochés entre les ponts Pasteur et Jaurès, ces îlots de végétation viendront trancher avec le marron de l’eau. Une eau que les plantes locales pourront même contribuer à dépolluer. « Quand nous avons mené les tests, il n’a fallu que quelques semaines pour voir s’installer des papillons, des insectes, des rongeurs, des poissons. La nature avait très vite repris ses droits », témoigne Bertrand Martin, directeur des jardins de la ville.

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Après avoir cherché à cacher sa Vilaine pendant des années, Rennes se prend soudain d’amour pour son cours d’eau qu’elle a tant aimé… Puis détesté. « La canalisation dans le centre-ville a été achevée vers 1840 mais cela faisait des dizaines d’années qu’elle était envisagée. Car à chaque crue, elle inondait la partie sud de la ville, ce qui la rendait insalubre », résume le responsable du patrimoine de l’office de tourisme Gilles Brohan. Cela imprimera une image dégradée à ces quartiers populaires, volontairement évités par les élites.

« Les habitants ne regardaient plus la Vilaine »

Cinquante ans plus tard, c’est la place de la République qui est créée, recouvrant par la même occasion la cale du Pré Botté qui accueillait le commerce fluvial et servait au déchargement des denrées alimentaires. « Le chemin de fer concurrençait la batellerie. A cette époque, les habitants ne regardaient plus la Vilaine car elle avait perdu son utilité économique », poursuit l’historien.

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Dans les années 60, l’axe est-ouest est créé et la Vilaine recouverte. La même chose est faite à l’ouest pour créer un parking et faire de la place pour la voiture. Un parking que les écologistes demandent à supprimer depuis trente ans. « Aujourd’hui, je pense que le sujet est mûr et qu’il peut être discuté. Il y a une vraie demande de la part des habitants », estime le conseiller municipal écologiste Jean-Marie Goater. « Condate (l’ancien nom de Rennes), c’est la ville des confluences. Rennes ne peut pas se défaire de cette image », poursuit l’élu.

Estimé à 450.000 euros, le projet de jardins flottants devrait être achevé d’ici la fin du mois de juin. Des installations lumineuses pourraient temporairement mettre en valeur ces installations végétales.