Australie: La Grande Barrière de corail a failli mourir cinq fois en 30.000 ans
ENVIRONNEMENT•Si à chaque fois les capacités d’adaptation des coraux ont permis à la structure de renaître, les dernières découvertes « donnent peu de raisons de penser à une résistance de la Grande Barrière lors des prochaines décennies »…20 Minutes avec agences
Va-t-elle réussir à survivre une nouvelle fois ? La Grande Barrière de corail est presque morte cinq fois en 30.000 ans, ressuscitant grâce à la migration de certains coraux, explique une étude publiée lundi dans Nature Geoscience.
Mais d’après ces travaux réalisés grâce à des analyses de fossiles de coraux récupérés sur 16 sites de la côte est de l’Australie, les hausses sans précédent du niveau et de la température des océans pourraient avoir raison d’elle.
Cinq « morts » aux origines différentes
L’actuelle Grande Barrière de corail, récif corallien le plus important au monde né il y a environ 9.000 ans, a déjà vécu plusieurs vies au fil de milliers d’années d’évolutions du climat et de l’environnement. Par deux fois pendant la dernière période glaciaire, il y a 30.000 et 22.000 ans, la chute du niveau des océans a exposé les récifs à l’air libre, entraînant pratiquement la mort de la barrière.
Deux autres épisodes quasi mortels ont également eu lieu il y a environ 17.000 ans et 13.000 ans. A l’inverse, ils ont été provoqués par l’augmentation importante du niveau de la mer. Ces petits animaux au squelette de calcaire ne peuvent pas survivre à de grandes profondeurs. Sa dernière « mort », il y a environ 10.000 ans, est liée à une accumulation de sédiments et à une baisse de la qualité de l’eau.
Une grande capacité d’adaptation
A chaque fois, les capacités d’adaptation des coraux ont permis à la structure de renaître : certains coraux ont ainsi migré vers le large quand le niveau de la mer diminuait, et vers la terre quand il augmentait. Les chercheurs estiment que le récif a été capable de se déplacer latéralement de 0,2 à 1,5 mètre par an.
Cette migration « rapide » suggère qu'« en tant qu’écosystème, la Grande Barrière de corail a été plus résistante aux fluctuations passées du niveau et de la température de la mer que ce qui était estimé précédemment », selon l’étude.
Les chercheurs pessimistes
Mais aujourd’hui, l’action de l’homme accélère le rythme de ces changements. Les scientifiques s’inquiètent ainsi des activités industrielles et agricoles qui influent sur l’apport en sédiments et la qualité de l’eau.
Dans ce contexte, le pessimisme domine. « Nos découvertes donnent peu de raisons de penser à une résistance de la Grande Barrière lors des prochaines décennies », ont conclu les chercheurs. « Je m’inquiète vraiment de la capacité de la barrière dans sa forme actuelle à survivre », a commenté de son côté le chercheur principal Jody Webster, de l’université de Sydney.