Aéronautique: Comment les compagnies aériennes essayent de se mettre «au vert»
AVIONS•Réchauffement climatique oblige, les compagnies aériennes tentent aujourd’hui de limiter leur impact environnemental en misant sur des appareils moins polluants, mais aussi plus économes…Hakima Bounemoura
L'essentiel
- Les compagnies aériennes du monde entier tentent aujourd’hui de se mettre « au vert » en misant sur des avions dits « de nouvelles générations ».
- La réduction de la consommation de kérosène est aujourd’hui devenue un véritable enjeu dans un marché très concurrentiel entre Boeing et Airbus.
- L’avion reste le moyen de transport le plus polluant, il émet trois fois plus de gaz à effet de serre qu’une voiture.
De notre envoyée spéciale en Islande,
Plus performants, plus économes, mais aussi moins polluants et moins bruyants… Les compagnies aériennes du monde entier tentent aujourd’hui de se mettre « au vert » en misant sur des avions dits « de nouvelles générations ». La compagnie transatlantique Icelandair a décidé de relever le défi en renouvelant cette année en grande partie sa flotte. Elle vient de se doter de son tout premier Boeing 737 Max 8, inauguré début avril lors d’un vol de célébration qui a parcouru le ciel d’ Islande.
« Ce tout nouvel avion fixe de nouvelles normes en matière d’efficacité énergétique avec une consommation de carburant réduite de 20 % », s’est félicité Björgúlfur Jóhannsson, le président d’Icelandair qui a passé commande pour 16 nouveaux appareils d’ici à 2022. Un moyen pour la compagnie aérienne « de limiter un peu les émissions de gaz à effet de serre ». Le 737 Max 8 «pollue» donc moins, mais il est aussi plus silencieux. « Des moteurs de nouvelle génération permettent de réduire jusqu’à 40 % l’empreinte sonore de l’avion, procurant ainsi aux passagers plus de calme et de tranquillité lors du vol », ajoute le président de la compagnie aérienne.
B737 Max de Boeing vs A320 Neo d’Airbus, la guerre des constructeurs
« Les avions de la famille 737 Max sont équipés des derniers moteurs LEAP-1B de CFM International, des ailettes profilées « winglets » ainsi que d’autres caractéristiques qui assurent le plus haut niveau d’efficacité sur le marché des monocouloirs », assure de son côté Keelan Morris, responsable commercial & communication de Boeing en Europe.
Ces derniers nés de la famille Boeing répondent aux préoccupations écologiques majeures actuelles des compagnies aériennes, et concurrencent ainsi l’Airbus A320 Neo de même catégorie. La réduction de la consommation de kérosène est aujourd’hui devenue un véritable enjeu dans un marché très concurrentiel. Les avionneurs américains Boeing et franco-allemand Airbus se livrent en effet à une véritable guerre sur le marché des « monocouloirs », qui reste de loin celui qui génère le plus de commandes dans le monde entier.
Boeing évalue la demande en monocouloirs « à 28.140 appareils d’ici 2035 ». De quoi, espère-t-on chez l’avionneur américain, avoir de la marge pour réduire l’écart avec Airbus. Car le constructeur franco-allemand estime que ces avions représenteront « plus de 70 % des 34.170 appareils nécessaires aux besoins des compagnies aériennes pour ces 20 prochaines années », soit 24.810 avions, représentant une valeur de 2.400 milliards de dollars.
L’avion reste « le moyen de transport le plus polluant »
L’avion reste « toutefois le moyen de transport le plus polluant, il émet trois fois plus de gaz à effet de serre qu’une voiture », rappellent la plupart des scientifiques. Les avions sont en effet responsables de 2 % des émissions de CO2 dans le monde, et de 5 % du réchauffement climatique. « Dans le secteur aéronautique, les progrès sont lents, plus que dans le secteur automobile par exemple, car les avions sont résistants avec une longue durée de vie », note un rapport d’information de la Commission du développement durable sur les nuisances aéroportuaires.
« On constate des transformations désormais tous les 4 à 5 ans grâce aux progrès des motoristes », précise cependant l’étude. Des améliorations à la marge loin de compenser l’empreinte carbone émise quotidiennement par le transport aérien. Surtout quand on sait que le nombre d’avions dans les airs pourrait doubler d’ici 20 ans.
Entre 2009 et 2012, les compagnies aériennes déclarent avoir économisé 44,5 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 7,7 milliards de dollars en coût de kérosène, estime l’Association internationale du transport aérien (IATA) qui a pour ambition de faire du transport aérien une industrie neutre en carbone. Mais avec plus de 4 milliards de passagers en 2017 et plus de 100.000 vols par jour, l’aviation civile reste un véritable poids lourd pour l’environnement.
aCe reportage a été réalisé dans le cadre d’un voyage effectué à l’invitation d’Icelandair.