VIDEO. Marseille: «Les trombes marines sont imprévisibles», avertit Météo France
INTERVIEW•Deux trombes marines se sont produites en 48 heures dans la région Paca, à Marseille et la Seyne-sur-Mer...Propos recueillis par Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Deux trombes marines se sont produites au large de la Méditerranée en 24 heures.
- Patrick Noterman de Météo France revient sur ce phénomène particulièrement présent dans la région PACA.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs photos et vidéos ont été publiées pour immortaliser l’instant, qui ne dure que quelques secondes. Ces derniers jours, à Marseille et à la Seyne-sur-Mer, deux trombes marines sont passées tout près des côtes. Un phénomène météorologique peu connu des Provençaux, pourtant particulièrement répandu dans le secteur. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce dangereux ? Patrick Noterman, responsable adjoint du service prévision de Météo France à Aix-en-Provence, éclaire notre lanterne à ce propos.
Qu’est-ce qu’une trombe marine ?
La trombe marine est un phénomène tourbillonnaire qui se produit au-dessus de l’eau, que soit au-dessus d’un lac ou d’une mer. En fait, l’eau, par évaporation, se retrouve aspirée par les nuages, ce qui forme un tube, une sorte de cône sur la base des nuages. Il se forme également en parallèle un mouvement de tourbillon dans l’eau, une sorte de tâche que les météorologues appellent buisson. Si le phénomène est complet, le tube va grossir jusqu’à descendre à la surface de l’eau. En d’autres termes, l’effet tourbillonnaire lié à un nuage se ressent jusqu’au sol et entraîne l’aspiration de l’eau à la base par évaporation.
Quelle est la différence avec une tornade ?
La principale différence entre la trombe marine et la tornade est l’intensité. Quand on parle de tornade, c’est un phénomène avec un impact conséquent. La trombe, qui peut être marine ou terrestre dès qu’elle atteint la terre, est un phénomène de petite échelle, qui dure moins longtemps, très localisé et d’intensité plus faible. Cela peut durer que quelques minutes. C’est un petit tourbillon.
En ce sens, ces phénomènes sont tellement petits qu’ils peuvent passer inaperçus s’ils se produisent loin de toute zone habitée. Même nous, météorologues, n’avons aucun moyen de le constater sur nos écrans, via des images satellites ou des images radars par exemple. Les trombes marines sont imprévisibles. Pour la trombe de Marseille lundi, on a eu pour réflexe de se brancher direct aux webcams (rires).
Comment expliquer la formation de ces trombes marines ?
Quand un nuage orageux se forme, pour qu’il grossisse, de l’air chaud monte du sol vers le nuage qui prendre cette chaleur en guise de « nourriture ». En parallèle peut se produire de la pluie, soit un mouvement d’air frais descendant du haut vers le bas. Or, dans certains cas, les mouvements d’air, qu’ils soient descendants ou ascendants, sont assez puissants pour créer un mouvement de rotation. C’est ce qu’on appelle un « tuba ».
Les phénomènes de trombes marines sont particulièrement présents en Méditerranée, plutôt en automne. Pourquoi ?
La trombe marine est liée à un phénomène d’échange thermique, entre un air chaud de la mer et un air froid provenant du ciel. En automne, la mer est chaude, et la région connaît les premières inversions d’air froid. De fait se forment les tubas. Dans d’autres cas, pas besoin d’air chaud provenant de la mer, l’échange thermique se fait au sein de la cellule orageuse. C’est ce qui s’est produit lundi à Marseille.
Les trombes marines sont-elles dangereuses ?
Ça ne reste pas anodin, d’autant que c’est impossible à prévoir. Cela peut être dangereux s’il y a des infrastructures touchées, comme des chapiteaux à la Seyne-sur-Mer. D’autant que le premier réflexe de tout être humain est de se réfugier sous ces infrastructures… Or, dans ces cas-là, la trombe arrache tout. Des tuiles de toits peuvent également se détacher et s’envoler sous une trombe. Mais cela reste très localisé et moins puissant qu’une tornade.