ENVIRONNEMENTDes épandages réclamés dans une presqu’île girondine envahie de moustiques

Gironde: Excédée par les moustiques, la commune d’une presqu’île veut des épandages aériens

ENVIRONNEMENTLes maires de la presqu’île d’Ambès, au nord-est de la Métropole Bordelaise, estiment les mesures de lutte des autorités contre les moustiques insuffisantes et demandent un épandage aérien, comme en 2014…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • La ville d’Ambès, dans la métropole Bordelaise, a lancé une pétition pour demander une révision de l’arrêté préfectoral permettant une démoustication par épandage aérien.
  • Le département explique qu’il y a bien une lutte contre le moustique-tigre organisée en Gironde, dans les secteurs où l’espèce est repérée. Et pour les autres moustiques, il estime l’épandage trop dommageable pour les autres espèces.
  • Les associations environnementales sont très défavorables à cette mesure, nuisible à la biodiversité et produisant des souches résistantes de moustiques.

«On se fait dévorer, lance Kévin Subrenat, maire de la commune d’ Ambès, située au nord est de la Métropole Bordelaise, entre la Garonne et la Dordogne. Vous ne pouvez pas rester dehors. On a annulé des activités périscolaires en extérieur à Ambès et des ateliers pour les seniors à Saint-Louis-de-Montferrand et, les barbecues sont impossibles. »

Ce maire a lancé une pétition ce mardi adressée au préfet de la Gironde et au président du Département pour demander une « modification de l’arrêté préfectoral pour une démoustication efficace en incluant l’épandage aux différentes possibilités de traitement », pointant notamment les risques sanitaires liés au moustique-tigre. Ce mercredi, la pétition avait déjà récolté plus de 1.700 signatures en ligne.

« « Cette pétition laisse entendre que le Département serait inopérant sur les risques liés au moustique-tigre, ce qui est faux, réagit Alain Renard, vice-président du conseil départemental. L’établissement interdépartemental de démoustication (EID) est missionné pour des opérations de surveillance et de traitement, selon les règles imposées par l’Etat. » »

Cette demande de démoustication massive fait s’étouffer Philippe Barbedienne, directeur de la SEPANSO, fédération régionale des associations de protection de la nature de la région. « C’est irresponsable de détruire ces espèces et il faut se rappeler que le moustique tigre a été introduit par l’Homme », réagit-il. En 2014, une mesure d’épandage aérien avait été mise en place, à la grande satisfaction de la municipalité. « Cette méthode est certes efficace mais pose des problèmes par rapport à l’impact sur les autres espèces », estime Alain Renard.

Mieux gérer les systèmes hydrauliques

L’approche choisie par le Département en matière de démoustications de confort, c’est-à-dire la lutte contre les autres moustiques que les tigres, consiste à essayer de réduire les envols des larves en travaillant à une meilleure gestion de tous les systèmes hydrauliques. « Il faut aller, par exemple, vers un meilleur entretien des fossés pour améliorer la circulation de l’eau », précise le vice-président du Département. On sait que les larves se développent dans les eaux stagnantes. Et les traitements biocides ne sont envisagés que dans un second temps lorsqu’on a pas pu réduire ces envols. Il rappelle que le Département n’a pas d’obligation légale de traitement pour les moustiques autochtones.

Les opérations de démoustication terrestres ne seraient pas efficaces, selon la Ville d’Ambès, pour atteindre la population de moustiques qui pullule dans les marais. « Mais on sait que les moustiques-tigres ne sont pas présents dans les marais mais plutôt à proximité des habitations, s’agace Philippe Barbedienne. Il vaut mieux éviter de laisser des coupelles d’eau où se développent les larves, ou les renouveler toutes les 48 heures ».

Lutter contre les moustiques peut nuire à de nombreuses espèces

L’association s’oppose à tous les types de démoustication, faisant valoir que les traitements aboutissent à une sélection de souches résistantes et elle préconise de réserver l’emploi d’insecticides pour les cas extrêmes, comme des épidémies de dengue ou de chikungunya. Alain Renard rappelle aussi que l’urbanisation de sites naturels sur lesquels les moustiques étaient installés antérieurement à l’Homme peut aussi être mise en cause, dans ce dossier.

La SEPANSO met en garde contre les effets nocifs sur les autres espèces du secteur traité. « On fait confiance à l'EID qui propose des traitements ciblés, assure Kévin Subrenat. On n’est plus dans les années 1980 ».

« « Et après on verse des larmes de crocodile sur la disparition des oiseaux, soupire Philippe Barbedienne. Ce n’est jamais sélectif les insecticides et les bombes ne tuent pas que les méchants ! Ils détruisent d’autres diptères et donc la base de la chaîne alimentaire, ce qui a un impact sur les grenouilles, les oiseaux, les libellules etc. » »

Le 1er mai commenceront les traitements contre les moustiques-tigres et « s’il y en a sur Ambès, ils seront traités », assure Alain Renard. L’an dernier peu de traitements ont eu lieu en Gironde et un seul cas de chikungunya a été enregistré. L’épandage par hélicoptère n’est par contre pas du tout envisagé par les autorités, qui l'estiment d'un autre temps.