ARCHITECTUREAvec sa nouvelle tour, Strasbourg veut montrer que le bois ça cartonne

Strasbourg: La plus haute tour de France entièrement en bois construite pour servir d'exemple

ARCHITECTUREUn premier immeuble de logements 100 % composé de bois, haut de 38 mètres et de onze étages, est sorti de terre près du Rhin…
Alexia Ighirri

Alexia Ighirri

L'essentiel

  • Strasbourg compte la plus haute tour 100 % bois de France.
  • Erigé à côté du Rhin, l’immeuble de logements se veut être « démonstrateur » pour l’ensemble du secteur de la construction en bois.

Strasbourg a la première tour de logements à énergie positive. La capitale alsacienne compte désormais la plus haute tour de France entièrement en bois. Tour, c’est peut-être un grand mot quand on jette un œil à cette résidence, baptisée Sensations, installée à quelques encablures du Rhin. Mais l’immeuble aux onze étages est quand même haut de 38 mètres à partir de son socle.

Alors, c’est vrai, il y a bien une tour plus haute, composée de bois également, à Bordeaux. Mais avec une nuance : les fondations et le noyau de l’immeuble y sont en béton. A Strasbourg, le béton n’est présent qu’au niveau du socle au rez-de-chaussée pour assurer les reprises de charge. Pour le reste, du sol aux plafonds, des planchers aux façades en passant par les cages d’escaliers et d’ascenseur, tout est 100 % bois sur les onze niveaux.

L’ossature en bois est destinée à être recouverte par une finition d’un autre bois jusqu’au 3e étage, puis par un bardage métallique pour les huit niveaux restants. Mais c’est bien le bois qui porte l’ensemble de l’immeuble.

Des questions réglées pour la suite

La collectivité strasbourgeoise avait demandé à faire de cette porte d’entrée de l’îlot bois, soit 146 logements dans trois bâtiments en construction sur ce site, un immeuble « démonstrateur éco-responsable ». La tour est passive énergétiquement, avec des besoins en chauffage qui n’excéderont pas, par an, les 15 kilowattheures par mètre carré habitable, selon le maître d’ouvrage Bouygues immobilier. Avec dans le lot, un plancher réversible selon la saison ou une pompe à chaleur géothermique.

Quitte à essuyer les plâtres quelques fois : il a notamment fallu régler les questions du feu, de l’acoustique ou de la stabilité de l’immeuble situé en zone sismique. Des interrogations à laquelle la technicité des panneaux de bois en lamellé-croisé (CLT) a répondu. « Il y a eu pas mal de sujets abordés ici, qui ont été réglés pour les autres projets à venir, glisse l'un des architectes du cabinet Koz, Christophe Ouhayoun. On sait construire en bois en France. Les majeurs du BTP se sont adaptés. »

Le groupe de construction Eiffage le reconnaît : « Le bois est un matériau d’avenir. S’il représente 3 % d’activité d’une entreprise comme la nôtre aujourd’hui, on pourra arriver à 10-15 % à terme ».

Quid du territoire strasbourgeois ? Pour Alain Jund, vice-président en charge de l’environnement à l’Eurométropole, l’immeuble « va servir à ce que le bois soit plus présent dans la ville. Et quand la densité urbaine augmente, la ville a besoin de plus d’humanité. Le bois, c’est ça aussi ».

L’architecte rappelle que le projet a nécessité trois ans de recherches. La construction a été, elle, bien plus rapide : il aura fallu un peu plus de sept semaines pour monter les onze niveaux. Les panneaux en bois – 3.500 m3 de bois au total — sont déjà façonnés quand ils arrivent sur le chantier. Ils sont ensuite simplement assemblés à l’aide de plaques métalliques.

Si le coût de construction d’un tel édifice reste encore 20 % plus élevé au total que pour un ensemble plus « classique », la préfabrication permet, elle, de réduire les délais de construction : le chantier de l’îlot est estimé à vingt mois. Les logements, vendus 3.500 euros/m2, doivent être livrés au printemps 2019.