VIDEO. Strasbourg: Le Bunker comestible, ferme urbaine souterraine, sème ses graines en France
AGRICULTURE•Pour développer les cultures en ville et réutiliser des lieux urbains oubliés, une entreprise a décidé de monter des fermes souterraines (bios). Après Strasbourg puis Paris, Cycloponics continue de pousser…Bruno Poussard
L'essentiel
- Montée en 2015, l’entreprise Cycloponics a ouvert sa première ferme urbaine souterraine (et bio) non loin du centre de Strasbourg début 2017.
- Après s’être aussi lancés dans Paris, les deux fondateurs de la société sont sollicités pour semer leurs graines dans les sous-sols de plusieurs villes.
L’hiver n’est pas vraiment fini, l’heure est encore aux endives. Surtout dans le Bunker comestible, où une chambre noire leur est dédiée. À côté, de jeunes pousses (radis, moutarde…) profitent de la lumière de LED horticoles. Sous les pierres du tunnel, les champignons ont droit à deux étages pour pleurotes et shitakés.
Entre température modérée et forte humidité, ces légumes poussent dans une vieille poudrière derrière la gare de Strasbourg. La ferme urbaine souterraine (et bio) a vu le jour (ou pas) il y a bientôt un an. Avec des cultures adaptées, peu énergivores en chaleur et lumière, comme les champignons qui n’ont pas besoin d’air renouvelé.
L’idée d’ingénieurs en génie climatique et agronome
Né d’un attrait pour l’agriculture urbaine et d’une volonté de recycler des lieux clos, le concept porté par un ingénieur en génie climatique et un agronome a vite grandi depuis son passage par un incubateur de start-up strasbourgeois et la première visite du bunker proposé par la ville. Originaire d’Ostwald, Jean-Noël Gertz, 29 ans, raconte :
« On voulait faire quelque chose de viable et pérenne, et on a eu l’idée du sous-sol, conscients du patrimoine souterrain à Strasbourg. Devant ce lieu en très bon état et avec beaucoup de cachet, on a vite été emballés. Mais il y a eu un an avant d’ouvrir, on a eu le temps de mûrir le projet. » »
Vrai réseau d’agriculture souterraine, urbaine et bio, leur boîte Cycloponics montée en 2015 se développe. Rencontrés par des amis communs, Anne-Laure Labrune et Raphaël Maret sont les deux premiers fermiers (salariés) à gérer le Bunker comestible au quotidien en Alsace. Les deux fondateurs, eux, sont à Paris.
Une implantation dans un grand parking dans Paris
Loin des 200 m2 de la micro-ferme alsacienne – vue comme un « laboratoire » –, Jean-Noël Gertz et Théo Champagnat ont ouvert La Caverne dans un parking de 3.500 m2 dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Sous les immeubles de la rue Raymond-Queneau près de la porte de la Chapelle, ils font même pousser des fleurs.
En attendant d’investir 8.000 m2 et d’y produire des champignons de Paris, Cycloponics a dix salariés dans la capitale. « On a besoin de place pour rendre notre modèle économique viable, insiste Jean-Noël Gertz. Mais on a été vite, car on a la volonté de créer des emplois. » Et de redynamiser des coins un peu délaissés.
C’est le deal proposé par les bailleurs sociaux propriétaires : un lieu et un loyer avantageux en échange d’une revalorisation de ces sites et de tarifs préférentiels pour leurs produits vendus aux habitants de ces logements. Comme autres clients, La Caverne compte des épiceries bios du nord de Paris, des Amap et des restaurants.
Des graines semées à l’avenir à Bordeaux, voire Lyon et Lille
À Strasbourg, le Bunker comestible vend aussi ses légumes à des grossistes, un magasin de producteurs et des clients en direct, de 9h à 15h en semaine. Tous les jours, les deux salariés de 28 ans – issus d’un cursus de géographie – doivent gérer les cultures, les démarchages ou les livraisons (à vélo).
Effectuées dans des substrats inséminés, leurs plantations sont, elles, préparées par Cycloponics et viennent d’achats de graines (en gros) à des producteurs bios français. Tandis qu’un deuxième site est recherché pour agrandir sur Strasbourg, l’entreprise sollicitée ailleurs va encore semer des tas de graines.
À Bordeaux, des locaux ont été trouvés pour une implantation. Des contacts ont déjà été noués pour que leurs fermes voient le jour sur un autre spot parisien intra-muros, à Lyon, Lille ou Grenoble. En attendant, La Caverne héberge d’autres associations à Paris et se verrait bien devenir un vrai pôle d’activités souterraines.