VIDEO. Vague de froid: Non ce mardi, on ne pourra pas vraiment parler de printemps
METEO•Le printemps calendaire démarre officiellement ce mardi à 17h15, mais il n’en aura pas la saveur. Les températures resteront très basses cette semaine. De quoi inquiéter les agriculteurs… et perturber les oiseaux migrateurs?...F.P.
Le printemps calendaire débute officiellement ce mardi, à 17h15 lorsque le soleil sera à la verticale de l’équateur marquant alors l’équinoxe de printemps, le moment à partir duquel les jours sont plus longs dans l’hémisphère nord que dans le sud.
Le moment est généralement associé au retour des beaux jours et au réveil officiel de la nature. Mais cette année, il vous faudra surveiller votre montre car rien dans le ciel ni aux branches des arbres n’aura des airs de printemps.
Du froid encore cette semaine
Une vague de froid a fait revenir la neige ce dimanche sur une large partie nord de la France, y compris dans le Finistère à l’extrême ouest de la Bretagne, département peu habitué à être recouvert d’un tapis blanc.
Jérôme Lecou, prévisionniste à Météo France, préfère prévenir tout de suite. « Nous restons en ce début de semaine et pour les prochains jours encore sur des températures jusqu’à 10°C en dessous des normales de saison sur la partie du nord du pays avec un thermomètre bloqué à 1°C en Seine-Maritime, à Caen ou au Bourget. Ces températures vont remonter peu à peu désormais mais cela restera bien froid tout de même jusqu’à mercredi avec des gelées généralisées sur la partie nord du pays et toujours ce vent froid et sec venu du nord-est qui accentuera encore cette impression de froid. Jusqu’à un ressenti de moins 5 voire moins 10°C ce mardi en divers endroits. »
Tout est toujours possible en mars
Brrrrr…. Ajoutez à cela de la neige attendue ces prochains jours « même en plaine dans les Pyrénées » reprend Jérôme Lecou, et il devient inconcevable de parler de « printemps », du moins d’un point de vue météorologique.
La situation n’est pas pour autant inédite, ni anormale. « Ce qui est inhabituel est l’arrivée tardive de cette nouvelle vague de froid », reprend le prévisionniste de Météo France. Mais sinon, mars joue pleinement son rôle : celui d’un mois de transition où tout est possible et les transitions abruptes. « A nos latitudes, cette période de l’année est souvent synonyme de conflits de masses d’air entre de l’air chaud qui commence à remonter de l’Afrique et de la Méditerranée et les descentes d’air froid polaire venues du nord-est », poursuit Jérôme Lecou. De Russie à l’image de la fameuse vague de froid Moscou-Paris qui avait déferlé sur la France fin février, ou encore de Scandinavie, comme c’est le cas ces jours-ci avec ces nouvelles vagues de froid.
À ce petit jeu entre le froid et le chaud, c’est tout de même le premier qui gagne le plus souvent en mars voire en avril. Il n’y a pas beaucoup à remonter dans les archives pour s’en rendre compte. En 2008, 15 cm de neige étaient tombés en Picardie le 7 avril et jusqu’à 30 cm le même mois sur la Côte d’Opale, rappelle Ouest-France.
Arboriculteurs et maraîchers inquiets
Si elle n’est pas anormale, cette nouvelle vague de froid tardive, qui conclut en outre un hiver 2018 marqué par une succession de vagues de froid et d’éclaircies, met tout de même à rude épreuve les organismes. Les fruits et légumes sont les premiers à en pâtir. Les récoltes risquent cette année d’être retardées et moins abondantes. « C’est la troisième vague de froid sévère de l’hiver et nous avons aussi énormément d’eau, ce qui nous pénalise, car les plantations de printemps ont pris beaucoup de retard dans les champs », craint Angélique Delahaye, maraîchère dans l’Indre-et-Loire, interrogée par l’AFP. Les craintes sont « concentrées principalement sur la vallée du Rhône, la région Paca et l’Occitanie », note Luc Barbier, président de la Fédération nationale des producteurs de fruits. Pour les variétés précoces en particulier. Les pêches, les abricots, les poires…
Une petite pensée aussi forcément pour les oiseaux migrateurs qui ont de quoi être déboussolés par ces températures très basses. Jérémy Dupuy, coordinateur de l’Atlas des oiseaux migrateurs à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) fait la distinction entre les oiseaux qui hivernent en France et partent au printemps vers leurs zones de nidification au nord-est de l’Europe, comme les grues, et ceux qui les remplacent en France après avoir passé l’hiver en Afrique, comme les hirondelles. « Pour les premiers, les épisodes neigeux que nous venons de connaître peuvent entraîner des retards dans les migrations mais sans pour autant mettre en danger ces espèces habituées au froid », explique-t-il.
Les hirondelles devraient peu apprécier
En revanche, la situation s’annonce plus problématique pour les espèces d’oiseaux censées arriver ces jours-ci en Europe. « On observe déjà les premières hirondelles dans la moitié sud de la France, indique Jérémy Dupuy. Ces espèces migratrices sont pour la plupart insectivores et arrivent diminuées par une migration qui a parfois duré plusieurs semaines. Si en plus il fait froid et que les insectes se font rares, on pourrait très bien observer un taux de mortalité accru chez ces oiseaux. »
On n’y est pas encore, mais il ne faudrait pas pour autant que ces températures en dessous de la normale saisonnière s’éternisent. Or, certains modèles de prévisions météorologiques prédisent une nouvelle vague de froid à la fin du mois de mars. « Il est trop tôt pour le dire, répond Jérôme Lecou. On parle de prévisions à plus de dix jours. Difficile d’être précis à cette échelle de temps. »