POLLUTIONBoues rouges, moins de pollution en mer mais toujours autant sur terre

Boues rouges: Altéo réduit sa pollution en mer, mais ne règle pas celle sur la terre ferme

POLLUTIONL’usine Altéo a mis au point un procédé pour réduire sa pollution en mer, mais les métaux seront stockés à terre…
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • L’usine Altéo de Gardanne qui produit de l’alumine a mis au point une technique innovante pour réduire les taux de métaux rejetés en mer grâce au CO2.
  • Grâce à ce procédé, l’usine atteindra dès 2019 les seuils réglementaires qu’elle peut dépasser jusqu’en 2021, grâce à une dérogation.
  • Les métaux ne vont plus à la mer mais sont stockés à terre sur le site de Mange-Garri, créant une inquiétude chez les riverains.

Un investissement à plusieurs millions d’euros pour seulement déplacer la pollution. L’usine Altéo de Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui produit de l’alumine dont proviennent les « boues rouges », présentait ce jeudi matin à la chambre de commerce et d’industrie de Provence (CCIP) une première mondiale : la construction d’une station de traitement de ses eaux grâce au CO2.

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Ce projet d’un coût de six millions d’euros permettra à l’usine d’atteindre dès 2019 les seuils de rejet de métaux (alumine, arsenic) fixés pour fin 2021, alors que l’usine bénéficie d’une dérogation jusqu’à cette date. Après deux années de recherche, cette solution a été rendue possible grâce à un partenariat avec Air Liquide.

Solidifier les métaux

« Le but est d’extirper les 0,02 % de métaux qu’il reste après traitement dans nos eaux résiduelles. Le principe est de faire baisser le pH de cette eau en y injectant du gaz carbonique (CO2). Lorsque le pH descend, les métaux passent d’une forme liquide à une forme solide ce qui nous permet de les extraire », détaille Eric Duchenne, directeur des opérations. »

Le principe qui permet de réduire la pollution en mer.
Le principe qui permet de réduire la pollution en mer.  - Altéo

Concrètement le pH devrait passer de 12,4 à moins de 9,5, ce qui permet d’extraire l’alumine, dont la concentration passera de 131 mg/l à une quantité inférieur à 5mg/l et l’arsenic de 0,06 mg/l à une quantité inférieure à 0,05 mg/l.

Pollution terrestre

Cette innovation intervient un peu plus de deux ans après un investissement de 20 millions d’euros, qui avait permis de réduire de près de 99 % les rejets de métaux dans la mer Méditerranée. Une pollution connue sous le nom de « boues rouges », qui l’a impactée pendant près de 30 ans. « Nous avions réalisé près de 99 % du travail en 2015, les 1 % restant nous paraissaient plus compliqués que les 99 %, mais nous l’avons fait et nous voulons aller encore plus loin », s’est félicité Frédéric Ramé.

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Mais plutôt que de finir dans l’océan, ces métaux rejoignent les résidus de bauxite qui découlent de l’extraction de l’alumine, avant d’être stockés sur le site de Mange-Garri, à proximité de l’usine. « Cela représente 0,1 % de matière en plus, mais sans aucun impact sur la constitution des résidus de bauxite », tente de rassurer Fréderic Ramé. Un lieu de stockage qui inquiète pourtant les riverains en matière de santé. « Le CIRE-Sud/Santé Publique France a confirmé l’absence d’impact de résidus de bauxite sur la santé des riverains », explique le communiqué du projet.

Opération de communication ?

Un constat que ne partage pas du tout Olivier Dubuquoy, président de l’association ZEA et chef de file des opposants.

« Cette étude a été menée sur une trentaine de riverains ce qui n’est pas représentatif. La seule étude crédible serait une étude épidémiologique participative, comme ce qui a été fait à Fos-sur-Mer », avance-t-il. »

En pleine recherche de financements, ils espèrent la lancer dans le courant de l’année.

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« Nous savons qu’Altéo et le fonds d’investissement américain qui est propriétaire, se sont entourés du puissant lobby Equalogy. Depuis ils mènent une grosse opération de communication, dont cette étape fait partie. Mais ne nous trompons pas, les enjeux ne sont plus en mer mais sur terre », prévient Olivier Dubuquoy.

Revalorisation

Altéo espère revaloriser davantage ces déchets, alors qu’ils le font à hauteur de 10 %, contre 2 % pour les autres sites de production d’alumine dans le monde. Ils ont récemment lancé le programme Bauxaline Technologies. « Nous espérons utiliser la bauxaline comme matériau de construction, mais aussi pour dépolluer des eaux ou des sols parce qu’elle fixe la pollution et empêche sa propagation », annonce Eric Duchenne.

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En attendant, l’entreprise met en place différents procédés pour éviter à la poussière de s’envoler : arrosage, revegétalisation. Mais les impacts sanitaires restent toujours flous alors que l’entreprise se félicite d’éviter l’émission de 6.000 tonnes de CO2 par an, grâce à ce nouveau procédé.