VIDEO. Bretagne: 40 ans après le naufrage de l’Amoco Cadiz, est-on à l’abri des marées noires?
ENVIRONNEMENT•Le 16 mars 1978, le pétrolier s’échouait au large des côtes du Finistère…Camille Allain
L'essentiel
- Le 16 mars 1978, l’Amoco Cadiz subissait une avarie et venait s’échouer sur les côtes du Finistère.
- Quarante ans après l’une des pires catastrophes écologiques françaises, le risque de marée noire semble plus faible.
- Les autorités ont tiré les conséquences de cet accident et de celui de l’Erika en 1999 pour être mieux armées.
- Le trafic maritime mondial est pourtant en pleine croissance et les bateaux de plus en plus gros.
Il transportait 230.000 tonnes de pétrole en provenance du Moyen Orient. Son voyage s’arrêtera au large des côtes finistériennes. Le 16 mars 1978, le pétrolier Amoco Cadiz voit son gouvernail tomber en panne. Quelques heures plus tard, il s’échoue en face de Portsall et vomit sa cargaison sur le littoral. Trois cent soixante kilomètres de côte, de Brest à Saint-Brieuc, sont touchés et c’est toute la Bretagne qui pleure. « Le pire, c’était le silence. On n’entendait plus la mer, plus les oiseaux », rappelle l’auteure Gwenola Morizur, dans sa BD Bleu Pétrole.
« Plus jamais ça », entend-on partout. En 1999 pourtant, le scénario se reproduit et l’Erika défigure la côte sud de la région. Quarante ans après le naufrage de l’Amoco Cadiz et presque vingt ans après l’Erika, peut-on s’estimer à l’abri des marées noires ? « Il n’y a pas de risque zéro », reconnaît le vice-amiral d’escadre Pascal Ausseur, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord. « Mais notre système est aujourd’hui bien meilleur. Nous avons tiré les leçons des catastrophes comme l’Amoco. »
Seul responsable de son secteur (deux autres préfets maritimes gèrent la façade Atlantique et la Méditerranée), le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord dispose d’une soixantaine de paires d’yeux, qui scrutent en permanence les 800 kilomètres de côte de sa zone. Surtout, il a aujourd’hui la capacité de mettre en demeure un armateur. « Si je vois qu’un navire est en difficulté, je peux lui imposer l’intervention d’un remorqueur à ses frais. Souvent, il suffit que je brandisse cette menace pour que le capitaine fasse le nécessaire », poursuit Pascal Ausseur. Dans le cas de l’Amoco, les négociations autour d’un éventuel remorquage s’étaient éternisées. Et avaient conduit à un drame.
« Mais un jour, on aura un pépin, c’est évident »
Dans la nuit, la mission première était de sauver les 35 membres d’équipage. « La mer était noire, le bateau on ne le voyait pas », se souvient Yves Dagorn, 71 ans, copilote de la mission de sauvetage qui avait officié cette nuit du 16 au 17 mars 1978. « L’odeur était insupportable et on voyait les vagues ramener toujours plus de pétrole. La scène était surréaliste », se souvient Marguerite Lamour, secrétaire de mairie de l’époque et actuelle maire de Ploudalmézeau.
Paradoxalement, ce drame a permis à la Bretagne de mieux se protéger. « La législation a évolué et les constructeurs de bateaux ont dû s’adapter. Nous sommes mieux préparés et mieux équipés si une telle catastrophe devait se reproduire », poursuit la maire.
Quarante ans plus tard, les autorités bénéficient aussi de meilleures technologies pour prévenir des accidents. En Manche et mer du Nord, qui voient passer 25 % d’un trafic maritime mondial en constante progression, les autorités estiment qu’elles évitent deux catastrophes par mois. En alertant les navires d’un danger ou en leur portant secours en cas d’avarie. « Mais un jour, on aura un pépin, c’est évident », reconnaît le préfet maritime.