Passer au contenu principalPasser à l'en-têtePasser au pied de page
Une immense réserve d'eau privatisée par Coca et Nestlé? La rumeur

Une immense réserve d'eau en Amérique du Sud privatisée par Coca et Nestlé ? La folle rumeur

FAKE OFFLes deux multinationales ne négocient pas pour exploiter l'aquifère Garani, un gigantesque réservoir d'eau partagé entre le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay...
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Plusieurs blogs affirment que Coca-Cola et Nestlé vont privatiser l'aquifère Guarani, le troisième réservoir d'eau douce de la planète, en volume.
  • La rumeur remonte à 2016. A ce jour, elle n'a pas été confirmée.

C’est une réserve d’eau douce gigantesque, qui s’étend sur quatre pays. L’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay se partagent l’aquifère Guarani, le troisième réservoir d’eau douce de la planète en volume, qui recouvre une surface de près d’un 1,2 million de km2.

Il faut croire que cet immense potentiel attire les convoitises : plusieurs blogs en français ont affirmé que Coca-Cola et Nestlé projettent de « privatiser » cette ressource naturelle. Ils s’appuient sur des blogs brésiliens, qui soutiennent que des représentants des deux multinationales ont tenu des réunions secrètes avec les autorités brésiliennes.

FAKE OFF

Coca-Cola et Nestlé ont chacun démenti cette histoire sur leur site. « Nestlé n’a aucun intérêt à privatiser le retrait de l’eau de l’aquifère Guarani, précise la marque. La société n’a pas contacté le gouvernement brésilien à ce sujet ni n’en a parlé avec lui. » Même explication pour Coca-Cola : « Coca-Cola Brésil n’est pas en train de négocier avec le gouvernement fédéral une concession d’exploration de l’aquifère Guarani. En tant qu’entreprise de boissons, nous considérons l’eau comme une richesse fondamentale pour la vie et le développement sain des écosystèmes, des communautés, des affaires, de l’agriculture et du commerce. »

Une source anonyme dans un article vieux de deux ans

Cette histoire semble prendre sa source dans un article publié en août 2016 sur le site du Correio do Brasil. Le journal en ligne s’appuie sur une source anonyme, qui serait un « haut responsable de l’Agence nationale de l’eau ». Selon cette source, l’aquifère de Guarani « devrait être inclus dans la liste des biens publics privatisables. » L’article ajoute que les « négociations avec les principaux conglomérats du secteur, notamment Nestlé et Coca-Cola, vont bon train. »

Problème : aucune autre source ne confirme que l’aquifère devrait être privatisé, ni que des négociations ont lieu entre Nestlé et Coca-Cola et les autorités brésiliennes.

Un militant opposé au président brésilien

Il y a quinze jours, le même journal est revenu sur ce sujet, affirmant que Michel Temer, le président brésilien, a rencontré Paul Bulcke, le président de Nestlé, lors du forum de Davos. L’article s’appuie sur des déclarations de Franklin Frederick, un militant écologiste, clairement opposé au programme de réformes mené par le président brésilien. Nestlé a une nouvelle fois réagi, indiquant n’avoir pas discuté de la privatisation du « prélèvement d’eau de l’aquifère Guarani. »

Ce qui est avéré, c’est que le gouvernement brésilien a lancé en 2016 un projet pour revoir le modèle des concessions au Brésil. Ce vaste programme ne comprend pas l’aquifère Guarani.

Le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay ont signé un accord, ratifié en 2017 par le Brésil, pour coopérer dans la gestion de ces eaux. Chaque pays peut gérer les ressources qui lui reviennent, à condition de se plier aux lois en vigueur et au droit international, qui doit être « durable ». L’exploitation de ces eaux ne doit pas « causer des dommages environnementaux à d’autres pays. » Un pacte de non-agression, en somme.

>> Vous souhaitez que l’équipe de la rubrique de fact checking Fake off vérifie une info ? Réagissez dans les commentaires ou envoyez un mail à l’adresse [email protected].

20 Minutes est partenaire de Facebook pour lutter contre les fake news. Grâce à ce dispositif, les utilisateurs du réseau social peuvent signaler une information qui leur paraît fausse.