Déchets nucléaires: A Bure, les opposants ne veulent pas être la «ZAD de rechange» de Notre-Dame-des-Landes
SOCIETE•Avec l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, certains voient en Bure dans la Meuse et son projet d’enfouissement de déchets nucléaires comme le lieu d’une nouvelle zone à défendre « ZAD ». Les opposants à ce projet refusent ce « label »…Gilles Varela
L'essentiel
- A Bure, des opposants luttent depuis des années contre un projet d’enfouissement de déchets nucléaires et occupent notamment un bois.
- Si la victoire des « zadistes » face au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes les encourage, ils préfèrent rester concentrer sur la lutte qu’ils mènent.
Si la victoire des zadistes de Notre-Dames-des-Landes (NDDL) est source d’espoir, de fierté et de motivation, elle est aussi source d’inquiétude pour les opposants au projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse). Et les nombreuses sollicitations des médias ces derniers jours ne font que confirmer leurs craintes : Bure et sa lutte serait-elle vouée à devenir la future ZAD française ? L’arrivée éventuelle de zadistes de l’Ouest permettrait-elle de légitimer une future intervention policière ?
Si les opposants de Bure se défendent d’un tel « étiquetage », les lieux occupés se ressemblent pourtant de plus en plus, notamment au Bois Lejuc. Un bois qui est devenu le symbole de leur mobilisation car c’est un site retenu par la France via l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) pour enterrer 85.000 m3 de ses déchets radioactifs les plus dangereux, dans des galeries souterraines… Sur place, tout comme à NDDL, des cabanes, des tentes, des barricades, des points d’entrées et de contrôles rendent toute expulsion difficile… Pour débarquer mieux vaut avoir pris contact au préalable avec la Maison de la résistance, une vielle ferme achetée par les anti-Cigéo à Bure en 2004 et qui fait office de QG.
Ils sont venus des quatre coins de France, mais aussi d’Allemagne, de Belgique, preuve s’il en faut que la cause qu’ils défendent dépasse les frontières. Fervents opposants au nucléaire, idéalistes, activistes, ils sont artisans, agriculteurs, ex-fonctionnaires, sans emploi, de passage et ont en moyenne entre vingt et quarante ans. Très structurés, juridiquement bien informés et conseillés, les différents collectifs, comités ont réussi à maintes reprises à retarder, empêcher le projet d’aboutir. Non, il n’y aurait pas de « contagion zadiste » à Bure et les anti-Cigéo préfèrent que l’on s’intéresse sur le fond de leur lutte plutôt que sur les appellations.
Sur leur compte Twitter, le collectif Plus Bure sera leur chute annonce d’ailleurs la couleur : « Nous ne sommes pas la “ZAD de rechange” de l’après NDDL ». Leur objectif est à présent de dénoncer les « failles de sécurité de Cigéo pointées par l’ASN, les manipulations de l’Andra, et la volonté d’habiter un territoire que d’autres vouent à l’enfer nucléaire. »
« Sur tous les lieux de protection vis-à-vis des grands projets qui peuvent détruire des milieux naturels ou le territoire, il peut y avoir des réactions qui peuvent être similaires, affirme Corinne François du collectif Burestop… Mais il n’y a pas de méthode exportable d’un site à l’autre. »
aDans un communiqué du mouvement anti-Cigéo, les opposants rappellent qu’ils ont « toujours refusé le label ZAD, pour mieux inventer la richesse singulière de leur lutte en Meuse » et préviennent que « le fantasme de la “horde de zadiste radicale”, fréquemment agité pour son parfum de sensationnel, ne fonctionnera pas plus aujourd’hui qu’il y a un an et demi, quand le Bois Lejuc a commencé à être défendu ».