ELEVAGEL214 publie de nouvelles images chocs d'élevage de poules en batterie

VIDEO. Œufs en batterie : Le coup de grâce après de nouvelles images chocs publiées par L214 ?

ELEVAGECages en acier, poules déplumées, cadavres au sol… Cette fois-ci, c’est un élevage de 138.000 poules des Côtes d’Armor qui se trouvent dans le collimateur. L214 lance une pétition demandant la fin de ce mode d’élevage intensif…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • L214 publie ce lundi une nouvelle vidéo, présentée par Stéphane Bern, pointant des dérives dans un élevage en cage de 138.000 poules pondeuses des Côtes-d’Armor.
  • L’association accompagne cette enquête d’une pétition demandant d’acter la fin de système d’élevage intensif qu’elle juge incompatible avec le bien être animal.
  • Emmanuel Macron a déjà fait part de son intention d’interdire à terme les œufs issus de ces élevages en batterie. « Mais seulement les œufs coquilles vendus dans les hypermarchés », regrette l’association. Une grande part de ces œufs de batterie sont utilisés par des industriels confectionnant des produits à base d’œufs.

De nouveau des cages aux barreaux d’aciers alignées sur plusieurs étages et à perte de vue. De nouveau des poules fortement déplumées, entassées par dizaines dans quelques mètres carrés. De nouveau des cadavres au sol, en état de décomposition avancé et contre lesquels butent les œufs tout juste pondus.

L214 publie ce lundi une nouvelle enquête choc tournée dans un élevage industriel de poules en cage en France. « Les images sont choquantes », prévient d’emblée Stéphane Bern, la personnalité choisie pour présenter la vidéo.

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Un élevage des Côtes d’Armor dans le collimateur

Cette fois-ci, c’est un élevage de 138.000 poules à Henanbihen, près de Lamballe (Côtes d’Armor) qui se retrouve dans le collimateur de l’association de défense des animaux. « Il produit des œufs pour la restauration et l’industrie des ovoproduits (produits à base d’œufs comme les gâteaux, les pâtisseries…), explique Johanne Mielcarek, porte-parole de L214 en charge de la compagne poules pondeuses. Grâce aux codes apposés sur la coquille des œufs, nous avons aussi la preuve que Mâtines, leader français de l’œuf de consommation, commercialise aussi une partie des œufs de l’élevage de Henanbihen dans plusieurs hypermarchés »

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Sur les images, l’exploitation est dans un état de saleté important et L214 y pointe plusieurs non-conformités au règlement européen. « Les cages ne sont pas pourvues de litière, note ainsi Johanne Mielcarek, porte-parole de l’association en charge de la compagne poules pondeuses. Par ailleurs, les coins doivent être normalement non grillagés et séparés du reste de la cage par des lamelles en plastique afin d’en faire des "nids" où les poules peuvent s’isoler pour pondre. Dans cet élevage, une grande partie des cages n’ont pas ces nids. »

Les mêmes problèmes sévères qui reviennent…

La commune de Henanbihen compte plusieurs élevages de volailles sur son territoire et L214 se refuse à nommer précisément l’exploitation. « Par souci de protéger le lanceur d’alerte, commence Johanne Mielcarek. Par ailleurs, les problèmes sévères constatés dans les Côtes d’Armor, nous les retrouvons dans d’autres élevages de poules en cage. »

En 2014, L214 avait épinglé trois élevages qui approvisionnaient la marque Super U. L’association avait aussi épinglé en mai 2016 le Gaec du Perrat (Ain), fournisseur d’œufs déjà pour la marque Mâtines, puis, en mai dernier, un élevage vendéen dans lequel s’approvisionnait le groupe Panzani.

Ces deux dernières campagnes avaient été largement relayées par les médias. Dans la foulée, Panzani avait pris l’engagement de développer « l’élevage en plein air des poules avec l’objectif d’être à 100 % d’œufs hors cages d’ici 2025 ». Mâtines, pour sa part, avait résilié son contrat d’approvisionnement avec le Gaec du Perrat, qui a fermé depuis. Le 9 novembre, le groupe, qui produit aujourd’hui 70 % d’œufs de poules élevés en cages pour 30 % d’œufs issus d’élevages en plein air et bio, avait aussi annoncé vouloir à terme inverser cette proportion.

Un mode d’élevage incompatible avec le bien-être animal ?

L214 ne lâche pas pour autant la pression. L’élevage en batterie reste encore dominant aujourd’hui. « 68 % des poules élevées en France le sont en cage, indique Claire Hincelin, de CIWF France, une autre ONG de défense des animaux qui se bat pour la fin des élevages en batterie, des poules comme des autres espèces.

Surtout, L214 trouve toujours de nouvelles dérives. « Ce n’est pas qu’une question de non-conformité à la réglementation européenne, souffle Johanne Mielcarek. Même respectée, celle-ci n’assure en rien de toute façon le bien-être des poules. C’est le système de l’élevage en batterie qu’il faut remettre en question. On y entasse des poules par dizaine dans des cages entreposées dans des bâtiments gigantesques où elles ne voient jamais la lumière du jour. Cela génère forcément de la souffrance. »

Une pétition « Stop aux cages »

Quel retentissement aura cette nouvelle campagne ? L214 portera plainte contre l’élevage et déposera un recours contre l’État pour dénoncer le manque de sanctions face à des infractions récurrentes. Dans la vidéo, Stéphane Bern annonce aussi le lancement d’une pétition - « Stop aux cages », demandant l’interdiction des élevages en cage de poules pondeuses. « Pas du jour au lendemain, mais d’ici quelques années », précise Johanne Mielcarek.

Les Etats Généraux de l’alimentation, qui approchent cette semaine de la conclusion, ouvrent une fenêtre de tir idéale pour mettre la proposition sur le tapis. La proposition du CIWF pour la fin des élevages en batterie, quelle que soit l’espèce, est ainsi celle qui a engendré le plus de votes sur la plateforme collaborative lancée par le gouvernement. « Le discours d’Emmanuel Macron, le 12 octobre dernier à Rungis, a été une étape importante, rappelle Claire Hincelin. Il a annoncé son intention de mettre fin aux élevages de poules en cages pour les œufs coquilles [ceux vendus en supermarché]. »

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Un manque d’ambition d’Emmanuel Macron ?

« Un peu facile, rétorque Johanne Mielcarek. Les principaux acteurs français de la grande distribution avaient déjà pris l’engagement de ne plus proposer que des œufs issus d’élevage en plein pour certains dès 2020. » L214 invite alors Emmanuel Macron à élargir l’interdiction aux ovoproduits.

Ceux-ci représentent 40 % de la consommation totale d’œufs en France, selon l’ONG, et « il n’y a pour cette filière aucune traçabilité, aucun moyen de savoir, pour le consommateur, si les pâtes ou les biscuits qu’il souhaite acheter ont été faits à partir d’œufs de batterie », poursuit la porte-parole de l’ONG.