Paca: 80 communes pastorales prennent des arrêtés pour «faire réagir l’Etat face à la pression du loup»
INTERVIEW•Comme d’autres élus, Denise Leiboff, maire d’un village de 50 habitants, s’inquiète de ne pas être associée à l’élaboration des plans loup…Propos recueillis par Fabien Binacchi
L'essentiel
- Quelque 80 communes pastorales de la région Paca ont pris un arrêté pour que « les frais afférents aux opérations de capture [de loups soient] intégralement mis à la charge de l’Etat ».
- La maire de Lieuche, Denise Leiboff, également présidente de l’Association des communes pastorales en Paca, espère faire réagir et ouvrir la discussion, face à la pression du loup.
En signant, comme 79 autres villages de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le même arrêté, la maire de Lieuche (Alpes-Maritimes) espère « alerter l’Etat qui ne nous entend pas au sujet du loup ». Denise Leiboff, également présidente de l’Association des communes pastorales en Paca, s’inquiète ne pas être associée à la préparation du nouveau plan loup 2018-2023, face à une pression du prédateur « de plus en plus forte ».
Alors pour faire réagir, le texte signé par les maires prévoit que « les frais afférents aux opérations de capture […] des animaux [de] l’espèce Canis lupus seront intégralement […] mis à la charge de l’Etat ».
Ne craignez-vous pas que ces arrêtés soient attaqués en justice ?
C’est propable et nous sommes prêts à aller nous défendre devant les différentes juridictions. C’est une manière d’ouvrir la discussion et de dire que nous devons être consultés pour la mise en place des nouveaux plans, vu que nous sommes en première ligne.
Que préconisez-vous ?
Nous ne souhaitons pas du tout l’éradication du loup. Nous voulons par contre que les bergers puissent se défendre lorsqu’ils sont attaqués. Les tirs de défense doivent être simplifiés.
Aujourd’hui, on demande aux éleveurs d’être des secrétaires, avec de plus en plus de démarches, alors que les attaques se multiplient tous les jours.
Le loup exerce-t-il donc une pression de plus en plus forte ?
Le nombre de pertes ne cesse d’augmenter et les éleveurs sont obligés de calfeutrer leurs troupeaux. Ce qui peut poser un problème pour la biodiversité. En pâturant normalement, les bêtes transportent des graines, régulent la flore.
L’autre question qui se pose, c’est le nombre grandissant des chiens de défense, l’un des seuls moyens efficaces de protection. Mais qui est aussi pervers. Il y a des accidents, des morsures et les touristes ont tendance à s’éloigner de nos montagnes.