Bordeaux: Une ferme propose le coworking agricole pour relancer le maraîchage
AGRICULTURE•La Ferme de la Glutamine, installée à Tresses, promeut une forme de production agricole inédite en France…Clément Carpentier
L'essentiel
- Ce projet girondin va former gratuitement des maraîchers à partir de 2018.
- Si chacun aura une parcelle de 4.000 m², ils travailleront en coworking pendant trois ans.
- Avec cette ferme urbaine près de Bordeaux, le but est de rapprocher l’agriculture de la ville.
C’est un immense terrain en friche de presque sept hectares à la sortie de Tresses près de Bordeaux. Bientôt sur celui-ci, il y aura une conserverie (Le Bocal Local), un corps de ferme et surtout plusieurs parcelles de 4.000 m² pour faire du maraîchage.
« Mon frère voulait en faire un parking pour semi-remorque mais je me suis battu pour que ce terrain agricole familial le reste », explique la tête pensante du projet, Charles-Édouard Oksenhendler.
Cet ancien informaticien a créé récemment l’association, La Ferme de la Glutamine, avec Sarah du Vintage. Leur objectif est simple : redorer le métier d’agriculteur en formant de jeunes maraîchers sur place en 36 mois. Pour le propriétaire du terrain, tout vient d’un constat : « Aujourd’hui, 30 % des maraîchers arrêtent au bout de trois ans et 70 % au bout de dix ans. Ils gagnent en moyenne 680 euros par mois, ce n’est pas possible de continuer comme ça. On doit les aider. »
16 maraîchers retenus pour vivre à plein-temps l’aventure
L’association va donc développer toute une structure agricole avec notamment des formations gratuites à la permaculture, l’agroécologie, l’apiculture ou la nutrition. Le seul achat pour les futurs maraîchers sera un « park coworking » avec un container pour stocker son matériel, une éolienne auto-construite, un vélo-tracteur et surtout une tiny house, sorte de petite maison mobile où chacun vivra. « Ça revient à 30.000 euros mais on propose un système de location avec option d’achat pour que quelqu’un avec zéro euro en poche puisque postuler », rappelle Charles-Édouard Oksenhendler.
Avec le bureau de La Ferme de la Glutamine, ils retiendront au final 16 candidats d’ici 2018 pour venir s’installer sur cette friche. Seule contrainte pour postuler, il faut être titulaire d’un diplôme certifiant sa Capacité Professionnelle Agricole (CPA). Pour ceux qui ne seront pas retenus, le porteur du projet leur promet déjà de leur trouver un autre foncier pour s’installer car « il y a des demandes dans d’autres communes de la Gironde comme à Bouliac. »
Tout le monde est le bienvenu pour apporter ses connaissances
Reconnu d’utilité publique et d’intérêt général par la Chambre d’Agriculture de la Gironde, le projet de coworking agricole voit grand. Toutes les personnes sont les bienvenues sur place. Il y aura toujours un petit coin de terre pour cultiver quelque chose et surtout les bénévoles ne seront jamais de trop dans les prochaines semaines pour faire avancer le projet. Si les apprentis maraîchers devraient être accueillis dès janvier 2018, Charles-Édouard Oksenhendler « espère que tout sera prêt fin juin ».
Il souhaite avant promouvoir des modes de productions agricoles respectueux de l’environnement. Pour lui, « il est important de rapprocher l’agriculture des villes et de ne plus importer à tout bout de champs » avec un leitmotiv en tête chaque jour : « On plante ce que l’on mange ! »