AGRICULTUREL'appétit pour le bio grandit en Nouvelle Aquitaine

Nouvelle Aquitaine: L’appétit des consommateurs et des agriculteurs pour le bio grandit

AGRICULTUREAvec 4.700 exploitations bio en Nouvelle-Aquitaine, la région se place au 3e rang français…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • En novembre, les fermes bio ou en conversion en Nouvelle-aquitaine ouvrent leurs portes à la profession, pour promouvoir leur modèle.
  • Devant l’attente des consommateurs, préoccupés par les aspects sanitaires et environnementaux, le marché du bio continue à se développer.

«Il y a sept à huit ans, quand on a commencé notre conversion au bio, on a eu des difficultés de commercialisation, explique Bernard Gorioux, viticulteur bio et président de la commission bio de la chambre d’agriculture de la Gironde. Et en 2016, on n’a pas pu faire face à la demande qui était très forte. »

Au-delà d’une simple mode passagère, le modèle de production de l'agriculture biologique tend à s’implanter durablement. Tout le mois de novembre la filière en fait la promotion, en ouvrant les portes de fermes biologiques ou en conversion aux futurs agriculteurs en formation et à ceux intéressés par ce modèle.

Un contexte favorable

Dans la région Nouvelle Aquitaine, on dénombre 4.700 exploitations bio. En Gironde cela représente 4 % de la surface agricole utile et 673 producteurs. Leur nombre progresse d’environ 10 % par an dans le département. Sans surprise, la viticulture est assez présente mais les éleveurs bio sont très peu nombreux dans le département. A l’échelle de la région, il existe a contrario une belle dynamique des éleveurs bio, qui peinent même à trouver des matières premières locales pour nourrir leurs bêtes.

« L’agriculture biologique connaît un essor important du côté des conversions mais aussi de celui de la consommation, avec une augmentation d’environ 20 % par an », précise Sylvie Dulong, présidente d’Agrobio Gironde et viticultrice à Montussan.

Quels freins à la conversion ?

« Il faut rassurer les exploitants agricoles car il y a une peur de l’inconnu, estime Bernard Artigue, président de la chambre d’agriculture et viticulteur en bio à Pompignac. Ils appréhendent souvent comment vont se dérouler les choses quand apparaîtront les maladies ». Il existe aussi des freins familiaux, psychologiques à cette conversion qui peut prendre de deux à trois ans.

Les agriculteurs ont l’habitude de travailler avec certains produits et d’une certaine façon, parfois depuis plusieurs générations et changer les pratiques n’a rien d’évident. Les exploitations qui connaissent des difficultés financières sont réticentes à expérimenter un nouveau modèle alors qu’elles sont fragilisées. La chambre d’agriculture et des organismes comme Interbio et la fédération régionale des agrobiologistes proposent des accompagnements aux agriculteurs qui veulent passer au bio.

Une préoccupation pour la santé

« Parmi les différents freins celui lié à la santé, et en premier lieu à la santé des applicateurs, revient de plus en plus », souligne Claire Tessier, chargée de mission chez Agrobio Poitou-Charentes. « Je n’ai pas peur de le dire, je suis bien plus serein et moins stressé de ne plus avoir à utiliser un pulvérisateur pour appliquer désherbants, fongicides ou insecticides chimiques… », assure Mathieu Morin, céréalier à Montmorillon, dans la Vienne et en conversion depuis 2015 auprès de la fédération régionale des agrobiologistes.

« L’agriculture bio a l’avantage de prendre le système dans son ensemble, en s’intéressant à l’état des sols, l’état des végétaux, remarque Sylvie Dulong. Et cette démarche globale, beaucoup d’exploitants convertis nous le disent, redonne du sens au métier d’agriculteur ».

Dans la région, la Dordogne possède le nombre de fermes le plus élevé avec une agriculture très diversifiée. Les progressions les plus importantes en nombre de conversion sont situées dans les Landes, la Charente, la Charente-Maritime et la Vienne.