ANIMAUXPour les animaux, Sébastien Arsac et L214 ne sont pas près de s’assagir

VIDEO. Souffrance animale : Sébastien Arsac, le Mr investigation de L214, n’est pas près de s’assagir

ANIMAUXL'homme de terrain de l'association de défense des animaux, connue pour ses vidéos chocs tournées dans les abattoirs, saura ce lundi le montant de l'amende qu'il devra payer pour s'être introduit illégalement dans l'abattoir de Houdan (Yvelines)...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • Dans cette affaire, une amende de 15.000 euros, dont 10.000 avec sursis, a été requise contre Sébastien Arsac et un autre militant de L214.
  • Le cofondateur de l’association L214, que 20 Minutes a rencontré, n’entend pas changer de méthode pour autant, « la seule qui permette d’informer le grand public sur ce qui se passe réellement dans les abattoirs ».

Ce lundi à 14h, Sébastien Arsac sera fixé sur son sort. Le tribunal correctionnel de Versailles (Yvelines) rendra son verdict dans l’affaire pour laquelle le cofondateur de l’association L214 et un autre militant, sont jugés pour avoir pénétré dans l’abattoir de Houdan, dans les Yvelines, un soir de décembre 2016, et y avoir installé des caméras destinées à y filmer l’endormissement au CO2 des porcs avant abattage, une pratique dénoncée par l’association car occasionnant trop de souffrance aux animaux.

« Pas 1.000 façons de faire »

Sébastien Arsac ne sera pas à Versailles ce lundi. Ce n’est pas qu’il se moque de la décision -une amende de 15.000 euros, dont 10.000 avec sursis a été requise contre chacun des deux prévenus- mais l’homme commence à être rodé aux rendez-vous avec la justice. Il a surtout intégré que les images filmées en caméra cachée dans les abattoirs, une méthode qui a fait la réputation de L214, l’amèneront fréquemment à la barre des tribunaux. « Quelle que soit la décision ce lundi, nous ne changerons pas notre façon de faire, glisse-t-il à 20 Minutes. Il n’y en a pas 1.000 de toute façon. Nos demandes de visites d’abattoirs sont systématiquement refusées. »

L214 se voit alors régulièrement reprocher ses méthodes qualifiées de « terroristes ». L’attaque décroche un sourire à Sébastien Arsac : « Nous sommes très loin de ce qu’on a en tête aujourd’hui lorsqu’on parle de terrorisme, de ces gens qui tuent à l’aveugle. Bien au contraire : nous sommes profondément pacifistes. Nous rêvons d’une société qui cesse d’exploiter les animaux. »

Du chemin parcouru depuis 1998

Cette cause, Sébastien Arsac et Brigitte Gothière, sa compagne, cofondatrice et porte-parole de L214, l’ont épousée il y a de longues années maintenant. Le couple s’est connu lors de leurs années de lycée à Clermont-Ferrand et a construit peu à peu son engagement militant.

Dans son livreL214, une voix pour les animaux (Flammarion), le romancier Jean-Baptiste Del Amo retrace les moments clés. Les lectures de la bande dessinéeLama Blanc, d’Alejandro Jodorowski, puis de La libération animale, du philosphe australien Peter Singer- deux grosses claques pour Sébastien Arsac-, la rencontre avec les fondateurs des Cahiers antispécistes, une revue qui prône l’égalité animale, la Marche pour l’égalité animale organisée à Strasbourg en 1998 et qui leur vaudra d’ailleurs un premier procès…

Depuis 1998, Sébastien Arsac ne peut que mesurer le chemin parcouru sur la cause animale. Chaque nouvelle vidéo diffusée par L214 est relayée en masse par les médias. Il y a eu aussi une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs français, confiée au député Olivier Falorni en mars 2016 ou, un an plus tard, la première condamnation d’un abattoir, celui du Vigan (Gard), pour acte de cruauté perpétré contre des animaux. Un parti animaliste a aussi vu le jour aux lendemains de la présidentielle et a fait un score honorable aux dernières législatives.

Sébastien Arsac date le premier basculement aux débuts des années 2000, avec la sortie du livre Bidoche, de Fabrice Nicolino, sur les dessous de l’industrie de la viande « qui a très bien marché », ou encore les premières Veggie Pride, « qui ont fait office de lieux d’expression à tout un tas de gens qui se posaient des questions ».

« L214 donne un gros coup de pied dans la porte »

De leur coté, les associations de défense des animaux se sont professionnalisées, s’inspirant notamment des méthodes utilisées à l’étranger pour sensibiliser le grand public. Le résultat, c’est L214 justement, une association aux pratiques musclées et un discours sans concession possible qui veut en finir avec toute consommation de viandes.

« J’avais prévenu les industriels de la viande, explique alors Frédéric Freund, directeur de l’OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs), autre association de défense des animaux créée en 1961. A force de refuser toute discussion avec des associations comme la nôtre, c’est-à-dire welfariste prônant une amélioration du bien-être animal dans les abattoirs sans en demander leur fermeture, ils poussaient à l’émergence d’associations plus radicales. »

Frédéric Freund reconnaît alors des mérites à L214. « Sans cette association, jamais il n’y aurait eu de commission Falorni. Et jamais non plus nous n’aurions été contactés par l’abattoir de Houdan [visé par des vidéos de L214] pour réaliser un audit sur le bien-être des animaux. » L’OABA parle presque d’un travail d’équipe : « L214 donne un grand coup de pied dans la porte, puis les autres associations arrivent après. »

« Changer nos façons de consommer »

C’est le revers de la médaille pour l’association de Sébastien Arsac : elle reste souvent à la porte, les représentants de l’industrie de la viande, lorsqu’ils acceptent de se mettre autour de la table, demandant au préalable que L214 en soit exclue. « Nous ne participons pas par exemple au comité d’éthique national sur les abattoirs créé pourtant à la suite de la commission d’enquête menée par Olivier Falorni », illustre ainsi Sébastien Arsac.

Le porte-parole de L214 dit ne pas en souffrir, persuadé que la politique et le législatif « est la face nord dans son combat pour une société non violente envers les animaux. On n’arrivera pas à de grandes avancées par ce biais-là. Il faut bien plus travailler à changer nos façons de consommer. A faire en sorte qu’on mange moins de viande. »

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De nouvelles vidéos à venir

Sur ce point, Sébastien Arsac a des motifs d’être satisfait : « Dernièrement, Culture viande, le syndicat des entreprises des viandes, s’alarmait d’une chute vertigineuse de la consommation de viande en France, tandis que toutes les marques de grandes distributions ont désormais leur rayon végan.

Sébastien Arsac n’entend pas s’assagir pour autant. A L214, il dirige tout particulièrement le pôle investigation composée de cinq personnes. Il prévient tout de suite : « Il y aura d’autres vidéos. Parce qu’on oublie tout très vite aujourd’hui et qu’en face, les filières viande mettent beaucoup d’argent pour communiquer, endormir le consommateur. »