FUTURLa pollution des villes en 2050… Un lointain problème?

La pollution des villes en 2050… Un lointain problème?

FUTURCe vendredi, 20 Minutes se demande ce que seront les villes en 2050. Forcément, cela amène à se poser la question de la pollution de l’air. Et il y a de quoi être optimiste…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

«En 2050, oui, on peut espérer que la pollution soit un lointain problème des villes. » Plus qu’un souhait, c’est une quasi-certitude qu’émet Frédéric Bouvier, directeur d’Airparif, l’organisme agréé pour la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France.

Cette confiance s’appuie en grande partie sur l’amélioration de la qualité de l’air constatée en Ile-de-France ces dix dernières années. « Sur lesparticules fines (PM10) et le dioxyde d’azote (NO2), deux polluants pour lesquels il y a une obligation d’action, nous sommes passés de 4 millions de Franciliens exposés à des dépassements des valeurs limites réglementaires à 1,4 million aujourd’hui », précise Frédéric Bouvier.

Encore besoin d’un coup de collier

Mais 1,4 million de Franciliens qui respirent encore un air insatisfaisant, ça reste beaucoup. Surtout, on parle ici des valeurs limites réglementaires établies par l’Union européenne. « L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a des normes plus strictes encore et il serait bon de les atteindre un jour », poursuit Frédéric Bouvier.

Et puis, il n’y a pas que Paris. « Des énergies fossiles (pétrole, gaz…) de plus en plus chères feront qu’on ira très certainement vers une amélioration de la qualité de l’air dans les villes d’Europe, indique Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS, rattaché au laboratoire LPC2E à Orléans. Mais d’autres pays, la Chine et l’Inde en particulier, utilisent encore le charbon de manière démesurée et il y a peu à parier alors que la qualité de l’air s’améliore dans leurs villes. »

Agir à la source

Bref, il reste encore fort à faire pour débarrasser les villes de la pollution en 2050. Par où commencer ? Faut-il s’atteler à trouver des solutions pour dépolluer l’air, dans la veine par exemple des colonnes Morris dépolluantes que Suez teste à Paris depuis avril dernier, ou s’attaquer directement à réduire les émissions de polluant à la source ? « La dépollution de l’air, pourquoi pas, répond Sébastien Vray, porte-parole de l’ association Respire. Si des technologies peuvent améliorer rapidement la qualité de l’air dans les zones particulièrement dégradées, alors tant mieux. Mais c’est une solution de court terme. En en 2050, il faut espérer qu’on n'en aura plus besoin. »

Sébastien Vray, Frédéric Bouvier et Jean-Baptiste Renard tombent alors tous trois d’accord : le gros chantier est bien de réduire la pollution à la source, « celle qui sort de nos pots d’échappement en priorité ». « Pour le dioxyde d’azote, les trois quarts de la pollution dans les villes viennent de la voiture », rappelle Frédéric Bouvier.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

En 2050, on peut certes imaginer des transports en commun plus efficient, tant en ponctualité qu’en capacité. « Mais ils ne résoudront pas tout, estime Jean-Baptiste Renard. Il faut aussi beaucoup travailler sur des solutions de transport individuel. Peu de nos véhicules actuels ne conviennent aux déplacements de courte distance, typiques en ville. Il faut imaginer des voitures pour une ou deux personnes qui, si elles restent à essence, doivent être capables de consommer un ou deux litres au 100. Techniquement, on sait déjà faire. »

Speed bike et voitures autonomes ?

Sébastien Vray, lui, met l’accent sur les solutions qui permettront, en 2050 et même bien avant, de laisser son véhicule personnel au garage, et ainsi de décongestionner les villes. A ce titre, il mise beaucoup surKaros, une startup qui a mis au point un assistant intelligent enregistrant vos contraintes de déplacement et vous trouvant automatiquement une personne pour covoiturer sur les courtes distances. Le porte-parole de Respire est aussi tombé sous le charme du speed bike, un vélo électrique qui grimpe jusqu’à 45 km/h et qui commence à arriver sur le marché. « En 2050, lorsque vous aurez à vous déplacer à La Défense, la question ne se posera même pas, espère-t-il. Vous irez en speedbike. »

En speed bike… ou en voiture autonome d’ailleurs. Elles aussidevraient arriver bien avant 2050. Sébastien Vray n’y voit pas qu’un simple gadget. « C’est aussi un moyen de repenser notre rapport à la voiture, de rendre plus facile encore l’accès à un véhicule dont on n’est pas propriétaire, sans même devoir commander au préalable, projette-t-il. Le taux de remplissage d’une voiture est de 1,1 seulement, aujourd’hui en Ile-de-France. L’avènement de la voiture autonome, c’est la promesse de faire bien mieux. »

Autre source importante de pollution en ville : le chauffage individuel, au bois ou au fuel. Là encore, des améliorations sont en vue mais ne sont pas sans poser de nouveaux problèmes. Frédéric Bouvier évoque ainsi l’isolation thermique des bâtiments. « Elle permet certes d’avoir moins recours au chauffage, mais ne facilite pas le renouvellement de l’air intérieur, explique-t-il. On en revient alors aux solutions de dépollutions de l’air. Elles pourraient avoir une réelle utilité dans les espaces fermés (les logements, les bureaux, les écoles). »

Lire la pollution comme la météo

Finalement, le problème de la pollution en ville, pour être résolu, n’implique pas de faire de la science-fiction. Bon nombre de technologies sont déjà dans les cartons et attendent d’être adoptées. « Mais le processus est long parce que ces solutions impliquent des changements de comportement », note Sébastien Vray. Une meilleure information des citadins sur l’air qu’ils respirent pourrait faciliter les prises de conscience. Le projet #Airinfos, qu’Airparif aimerait lancer au plus vite, y travaille justement. « L’idée, via l’installation de capteurs, d’écrans d’informations, d’outils de partage de données, est d’apporter une information en temps réel et personnalisé aux Parisiens sur l’air qu’ils respirent », explique Frédéric Bouvier.

« C’est effectivement un gros défi à résoudre d’ici 2050, poursuit Sébastien Vray. Quand Météo France vous dit qu’il fera 30° demain, vous adaptez tout de suite votre comportement. Le lendemain, vous sortez sans pull. Il n’existe pas encore ces valeurs références, connues de tous, en matière de pollution de l’air. »