CATASTROPHE NATURELLEVIDEO. Pourquoi donc l'ouragan Maria ne cesse de changer de catégories?

VIDEO. Ouragan: Pourquoi donc Maria ne cesse de changer de catégories?

CATASTROPHE NATURELLEPlus encore que les ouragans qui l’ont précédé ces dernières semaines dans les Antilles, l’ouragan Maria, qui vient de passer la Guadeloupe, donne l’impression de varier d’intensité très fréquemment. Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo France, répond à 20 Minutes…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Catégorie 1 lundi matin, puis 4 en fin de journée, 5 à l’aube ce mardi au moment de frapper La Dominique, 4 de nouveau au-dessus de la Guadeloupe. Et voilà que ce mardi après-midi, en route vers les îles vierges, l’ ouragan Maria reprend de la vigueur. Qu’est-ce qui explique ces changements d’intensités ? Et la catégorie d’un ouragan suffit-elle d’ailleurs à définir la dangerosité d’un ouragan ?

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Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo France, répond aux questions de 20 Minutes

Maria, plus encore que les ouragans qui l’ont précédé ces dernières semaines dans les Antilles, donne l’impression de changer continuellement de catégories…

Ce n’est pas faux en effet. Maria est notamment passée très rapidement de la catégorie 1 à 4. Il est passé de tempête tropicale à ouragan de catégorie 1 dans la nuit de dimanche à lundi. Il est resté en catégorie 1 toute la matinée du lundi avant de s’intensifier très rapidement dans l’après-midi. En douze heures, il est passé de catégorie 1 à 4. C’est effectivement rapide. Il a basculé en catégorie 5 juste avant d’atteindre Dominique, puis est retombé à 4 au moment de passer au large de la Guadeloupe. Il est fort probable que Maria repasse dans la journée en catégorie 5. La prochaine réactualisation du National hurricane center (NHC) des Etats-Unis, basé à Miami, devrait le confirmer en début d’après-midi. Mais d’autres ouragans, cette saison déjà, ont connu des intensifications rapides. Rappelez-vous Irma, la semaine passée. En début de cycle, au milieu de l’Atlantique, le phénomène est très rapidement passé, en à peu près 24h, de tempête tropicale à un ouragan de catégorie 3.

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Comment sont définies ces catégories ?

Le critère retenu pour établir l’échelle de Saffir-Simpson, l’échelle qui classifie l’intensité des cyclones tropicaux, est tout simplement la force des vents. Autrement dit la vitesse. Pour être précis, on calcule la force des vents soutenus enregistrés pendant une minute. Une tempête tropicale devient ainsi ouragan de catégorie 1 lorsque les vents dépassent les 63 km/h. Dans la catégorie 4 entrent les ouragans dont la vitesse des vents est comprise entre 211 et 251 km/h. Quant à la catégorie 5, la plus élevée de l’échelle, on trouve les ouragans dont la vitesse des vents dépasse les 251 km/h.

Qu’est-ce qui fait alors qu’un ouragan puisse accélérer si subitement pour passer de la catégorie 1 à 5 en moins de 24 ?

« Accélération », qui fait allusion à la vitesse de déplacement de l’ouragan, n’est pas le bon terme. Il faut parler d’intensification, un ouragan pouvant gagner en puissance tout en se déplaçant très lentement. Qu’est-ce qui fait qu’un ouragan prenne de la vigueur ? C’est en fait l’addition de plusieurs facteurs qui font que le cadre général est propice ou non à l’intensification du phénomène. Il lui faut notamment des eaux chaudes sur son passage. C’est le carburant premier des ouragans. Des températures élevées à la surface de l’eau (supérieure au moins à 29°) et en faible profondeur (supérieure au moins à 26°) vont permettre l’évaporation de grande quantité d’eau. Cette eau condensée monte en altitude et fabrique de nouveaux nuages. Ces derniers vont prendre beaucoup d’ampleur verticale jusqu’à créer descumulonimubus, de véritables tours orageuses. Autrement dit, une eau chaude et une température élevée à la surface entretiennent la machine à vapeur qu’est un cyclone. Irma, par exemple, est restée plus de trois jours en catégorie 5. Un record pour l’Atlantique nord.

A l’inverse, qu’est-ce qui peut faire baisser l’intensité d’un ouragan ?

Le passage par exemple sur une terre immergée. L’ouragan rencontrera alors des obstacles qui perturberont tous les flux à l’œuvre dans un ouragan. D’une certaine façon, ces obstacles sont le grain de sable qui enraye la machine.

A partir de quelle catégorie un ouragan devient-il dangereux pour la population ? Et sa catégorie suffit-elle d’ailleurs à définir sa dangerosité ?

Le NHC parle d’un ouragan majeur à partir de la catégorie 3. C’est déjà un premier indicateur. Mais non, la catégorie d’un ouragan ne suffit pas à elle seule à définir sa dangerosité pour les populations qui seront touchées. Harvey, qui a frappé Houston fin août, en est un très bon exemple. Lorsqu’il touche la côte américaine, il est en catégorie 3, mais il fera néanmoins des dégâts considérables notamment parce qu’il est resté stationnaire au-dessus du Texas, charriant avec lui, et pour longtemps, de fortes précipitations. La vitesse de déplacement peut donc être un facteur aggravant. Il y en a d’autres. Un ouragan peut ainsi provoquer une marée de tempête, c’est-à-dire une élévation anormale du niveau de la mer et provoquer ainsi des inondations. Le relief aussi des zones traversées par l’ouragan peut constituer un caractère aggravant. On le voit en ce moment sur Basse-Terre en Guadeloupe où des nuages ont été bloqués par le relief accidenté engendrant de fortes précipitations sur la zone. On évoque 400 mm de pluies tombées en 24 heures au pied du volcan La Souffrière. C’est les deux-tiers d’une année de pluie à Paris.

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