ANIMAUXUne fois nés, que deviendront les jumeaux pandas de Huan Huan?

Une fois nés, que deviendront les jumeaux pandas de Huan Huan?

ANIMAUXLa femelle panda du zoo de Beauval doit mettre bas ce samedi. Une fois nés, les jumeaux ne resteront que pour un temps limité au zoo de Beauval. Explications...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • Huan Huan, la femelle panda du zoo de Beauval devrait donner naissance à des jumeaux ce week-end.
  • Une fois nés, les nourrissons resteront plusieurs mois à l’abri du public, au calme près de leur mère.
  • Ensuite ? Ils gagneront entre l’âge d’un an et demi et trois ans, le centre de reproduction des pandas géants de Chengdu, d’où viennent leurs deux parents.

Huan Huan joue décidément la montre. Au zoo de Beauval, à Saint-Aignan (Loir-et-Cher), on ne voit toujours aucun signe, aucune chute notamment de testostérone, qui indiquerait que la femelle panda, prêtée par la Chine, est sur le point de donner naissance à des jumeaux.

De quoi rendre tout le monde un peu fébrile au zoo de Beauval. L’événement sera suivi de près. Parce que c’est une première en France. Parce qu’aussi tout ce qui touche au panda, véritable trésor en Chine et dont il ne reste plus que1.864 individus en milieu naturel, tourne à l’emballement médiatique. Souvenez-vous en 2012 l’arrivée en France, en grande pompe, de Huan Huan et son compère mal Yuan Zi à bord d’un Boeing 777 spécialement affrété.

A l’abri des regards les premières semaines

Pour une naissance, l’exposition médiatique sera différente. N’espérez pas par exemple voir tout de suite les deux bébés gambader devant la foule. Huan Huan et ses petits resteront quelques semaines sans se montrer au public. « C’est très important qu’elle puisse être seule avec son bébé, sans stress, à l’abri des regards », rappelait la semaine dernière, à 20 Minutes, Antoine Leclerc, vétérinaire au zoo de Beauval, alors qu’il était question que d’un seul bébé.

Une nouvelle échographie a permis de constater que Huan Huan attendait des jumeaux, ce qui complique encore l’affaire. Dans la nature, en cas de naissance de jumeaux, la mère abandonne généralement l’un des deux, le plus faible, sa constitution chétive ne lui permettant pas d’élever deux bébés différents. Pour sauver les deux nourrissons, l’un sera placé en couveuse et l’autre sera confié à la mère et les positions seront échangées toutes les deux heures.

Une première sortie à l’âge de deux ou trois mois

Des écrans géants, dans le zoo, retransmettront toutefois les premières semaines des bébés pandas avec Huan Huan. « A partir de lundi, nous diffuserons des séquences de ce qui se passe d’intéressant chaque jour », précise-t-on au service communication du zoo de Beauval. Puis, au bout de deux ou trois mois, ils devraient faire leur première sortie dans l’enclos. Ne tardez pas trop si vous voulez les voir. D’ici peu, les deux nourrissons quitteront le territoire français.

« Cette séparation est inévitable, indique Jérôme Pouille, grand passionné de panda géant auquel il consacre un site d’actualités. A l’état naturel, le petit va être élevé par sa mère jusqu’à l’âge d’un an et demi voire deux ans. Puis il s’en sépare et va à la recherche de son propre territoire. En captivité, les zoos essaient d’imiter ce rythme naturel. »

Direction très vite Chengdu

Jérôme Pouille émet alors deux hypothèses : « Soit le jeune panda rentre directement en Chine à cet âge de deux ans, soit le zoo est capable de lui créer un espace, ce qu’on peut imaginer à Beauval parce que le zoo a des enclos suffisamment grand. Le parc pourrait alors sans doute garder un petit voir les deux jusqu’à l’âge de quatre ans. »

Mais quoi qu’il en soit, la destination est la même. Les deux bébés à naître restent la propriété de la Chine et sont destinés à rejoindre le centre de recherche et de reproduction de pandas géants de Chengdu, d’où viennent leurs parents, Huan Huan et Yuan Zi. « Ils seront intégrés au programme d’élevage en captivité, reprend Jérôme Pouille. Ils prendront part à des accouplements avec le sexe opposé dès qu’ils en auront l’âge. Soit vers six ou sept ans. »

Il est possible que les deux nourrissons soient prêtés à un nouveau zoo en attendant qu’ils atteignent leur maturité sexuelle. Jérôme Pouille n’exclut pas cette éventualité. « Mais ils sont alors prêtés à des zoos chinois, ils ne quittent plus le territoire, poursuit-il. Aucun des pandas nés hors Chine n’a quitté à ce jour le pays après y avoir été rapatrié. »

« Impossible qu’ils retrouvent la liberté »

Et retrouver un jour la liberté ? « Impossible, répond Jérôme Pouille. La Chine a commencé des programmes de réintroduction des pandas en milieu naturel, mais avec de jeunes pandas qui naissent dans des environnements semi-naturels en Chine. C’est-à-dire dans des enclos dix fois plus grand que celui de Beauval et où ils ne vivent qu’avec leur mère sans contact avec l’homme. »

Les deux bébés de Huan Huan seront trop imprégnés de l’homme pour être un jour relâchés dans la nature. La fondation Brigitte Bardot s’en émeut dans un communiqué de presse ce vendredi. « C’est ainsi, il y a un pool de pandas dont la vie est destinée à se dérouler en captivité pour faire de l’éducation à la conservation, de la sensibilisation, de la recherche… », répond Jérôme Pouille.

Des diplomates aussi

Les deux nourrissons contribueront aussi à faire perdurer la fameusediplomatie du panda, qui consiste pour la Chine à utiliser le plantigrade comme cadeau de prestige, afin d’entamer ou d’entretenir des relations internationales. Depuis Mao Zedong, les pandas géants sont devenus des diplomates à part entière.

Depuis 1990 et la classification comme espèce en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la Chine ne donne plus, mais « prête » ses pandas, rappelait francetvinfo en juillet dernier dans un papier consacrer à cette diplomatie du panda. Et cette location a un coût. Pour Huan Huan et Yuan Zi, prétés en 2012 pour une période de douze ans, le zoo de Beauval débourserait 750.000 euros par an selon les estimations, que ne confirme pas le parc zoologique du Loir-et-Cher.