VOYAGESTour du monde et zéro déchet... La globe-trotteuse a concilié les deux

Tour du monde et zéro déchet... la globe-trotteuse a concilié les deux

VOYAGESPeu à peu, le zéro-déchet sort de l’ombre. Ce mode de vie aura même sa maison dédiée à compter de ce samedi à Paris. Et à ceux qui disent que c’est trop compliqué, notre globe-trotteuse répond avec ses 2,8 petits kg jetés en huit mois de voyage…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • Une maison du zéro déchet ouvre ce samedi à Paris, lancée par l’association Zérowaste.
  • L.S., 29 ans, ne l’a pas attendue pour adopter ce mode de vie qui consiste à ne rien jeter qui sera enfoui ou incinéré. D’août à décembre 2016, elle a même entrepris un tour du monde zéro déchet.

EDIT du 15 octobre 2024: Cet article a été anonymisé à la demande de la personne citée, en vertu du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et du droit à l'oubli.

Quelques capsules de bouteilles, une carte téléphonique, des étiquettes obligatoires quand les bagages doivent être rangés en soute, un bracelet en plastique, souvenir d’un petit séjour à l’hôpital, et puis deux ou trois pailles. « On avait beau dire aux serveurs qu’on n’en voulait pas, il y en avait toujours pour oublier et nous en glisser une tout de même », sourit L.S.

Mais voilà à peu près tout ce que la jeune femme et son copain ont engendré de déchets en quatre mois de voyages à travers le Pérou, la Bolivie, la Colombie, l’ouest des Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande. « On en avait pour 500 grammes chacun, peut-être moins même », précise-t-elle.

« Rien jeter qui partira à l’enfouissement ou à l’incinération »

A ce moment précis du voyage, fin août 2016, le jeune couple en était à la moitié de leur tour du monde zéro déchet, un périple de huit mois à travers dix-sept pays et conclu en décembre dernier. « Zéro déchet, c’est un objectif impossible qu’on se fixe, précise la jeune femme. On produira forcément un peu de déchets, mais l’idée est de ne rien jeter qui partira à l’enfouissement ou à l’incinération, d’éviter au maximum les emballages, composter les déchets organiques et recycler les petits déchets inévitables. »

Ce mode de vie zéro déchet est de moins en moins confidentiel. La preuve : une maison du zéro déchet ouvre même ce samedi à Paris, lancée par l’association Zéro Waste au pied de la butte Montmartre. Et la jeune femme, elle, reçoit des invitations régulières à venir témoigner de son tour du monde zéro déchet. Mardi soir, elle sera ainsi à la REcyclerie à Paris.

Facile en Amérique et en Nouvelle-Zélande, plus compliqué en Asie

Si son récit est recherché, c’est que son tour du monde tord le cou à un préjugé bien tenace sur le zéro déchet, qui veut que ce mode de vie prenne un temps fou. En huit mois sur les routes, le jeune couple n’a produit au total que 2,8 kg de déchet chacun, jolie prouesse sachant qu’un habitant de l’Union européenne a produit en moyenne 481 kg de déchets ménagers et assimilés en 2013 [chiffre Eurostat]. Et el’assure : ils ont pris le temps de profiter du paysage.

« Les quatre premiers mois ont été relativement faciles », rapporte même la globe-trotteuse. Le reste du voyage, qui a fait passer le couple par l’Inde, l’Asie du sud-est et le Japon, s’est révélé plus corsé. « Le plastique règne en maître dans ces pays, raconte-t-elle. Au Japon, on ne trouve rien sans emballages. Même les pommes sont vendues sous un fil plastique. Et on ne convainc pas facilement un commerçant de vous servir dans le contenant que vous lui apportez. C’est considéré comme peu hygiénique. »

Mais le couple de français a à chaque fois pu trouver des alternatives et reste convaincu qu’un tour du monde zéro déchet est tout à fait possible « sans même trop se compliquer la vie ». Cela nécessite tout de même de préparer son sac à dos minutieusement en amont. Ceux des deux globe-trotteurs pesaient chacun 8 kg au moment de quitter Paris. On y trouvait des couverts en acier, une boîte pour aller chercher en vrac de la nourriture au marché, du shampoing solide (qui permet d’éviter le flacon), un cure-oreilles en métal et d’autres objets ingénieux permettant de se passer d’emballages plastiques.

Une gourde filtrante plutôt que 490 bouteilles plastiques

La jeune femme avait aussi déniché une gourde filtrante bien utile. « On la remplissait au robinet deux fois par jour pendant le voyage, raconte-t-elle. J’ai été parfois malade au cours de ces huit mois, mais jamais à cause de l’eau que j’ai pu boire. » Elle a fait alors le calcul. En partant du principe qu’ils auraient dû acheter au minimum une bouteille d’eau [prix moyen 0,85 euro] par jour et par personne, cette gourde leur a permis d’économiser 416 euros et d’éviter d’acheter 490 bouteilles en plastique. « Vous achetez une bouteille d’eau aux États-Unis, ce n’est pas si grave, vous savez qu’elle sera recyclée, poursuit l. Vous l’achetez au Cambodge, il y a de fortes chances qu’elle finisse sa course dans l’océan. »

Voilà donc comment on voyage zéro déchet… à coup de petites astuces et de nouvelles technologies. La jeune femme avait déjà adopté ce mode de vie avant de partir. « Le déclic est venu à la Noël 2014, devant l’amas de cadeaux, et donc de déchets, reçus », raconte-t-elle.

Une marque de cosmétique zéro déchet maintenant

Depuis, elle mesure le chemin parcouru. Son blog recense les dernières trouvailles qui facilitent la vie zéro déchet : le retour des serviettes hygiéniques lavables ou encore la location de vêtements, pour citer les dernières. La semaine dernière a vu aussi le lancement de la marque de cosmétique zéro déchet Cozie, projet pour lequel elle est co-associée. « La gamme comprend des crèmes, du dentifrice, du déodorant…, détaille-t-elle. Il ne s’agit que de produits biologiques vendus dans des emballages consignés. Une fois la crème finie, le client rapporte l’emballage là où il l’a acheté et nous le récupérons pour les faire laver et les remettre dans le circuit. » Un autre obstacle qui se lève pour les adeptes du zéro déchet.