VIDEO. Pourquoi l'accord de Paris va survivre au retrait américain
CLIMAT•Malgré les incertitudes liées à la décision de Donald Trump, la communauté internationale fait bloc…P.B. avec AFP
Cent quatre-vingt-quinze nations moins une. L’accord de Paris sur le climat, signé en 2015 par tous les pays de la planète sauf la Syrie et le Nicaragua, se poursuivra donc sans les Etats-Unis. Invoquant une vision nationaliste visant à défendre les intérêts américains sur l’énergie et sur l’emploi, Donald Trump a annoncé jeudi que les Etats-Unis quittaient l’accord, provoquant colère et consternation dans le monde.
Mais à une immense majorité, les élus restent optimistes, même si les experts estiment que l’objectif de limiter à 2 °C la hausse des températures par rapport aux niveaux préindustriels sera encore plus compliqué, voire impossible, à atteindre.
Un retrait terminé au lendemain de la présidentielle américaine de 2020
Le retrait est un processus relativement facile mais lent. Il faut au total quatre ans depuis l’entrée en vigueur du texte. Le processus ne prendra donc fin que le 4 novembre 2020, soit au lendemain de la prochaine présidentielle américaine. « Paris sera un enjeu des urnes », estime Brian Deese, l’un des négociateurs en chef des Etats-Unis sous Barack Obama.
Selon New York Times, un futur président serait libre de rejoindre à nouveau l’accord de Paris. Et entre l’enquête sur une possible collusion avec la Russie et une cote de popularité à 39 %, une réélection de Donald Trump est tout sauf garantie.
Etats, villes et entreprises américaines se mobilisent
Jeudi, les gouverneurs de dix Etats américains représentant 100 millions d’habitants (un tiers de la population du pays) ont annoncé qu’ils respecteraient les engagements pris par Barack Obama dans le cadre de l’accord sur une réduction des émissions carbone. La Californie, New York et Washington, qui représentent un cinquième de la population américaine, ont même signé une alliance formelle pour le climat
Ensemble, ils sont « déterminés à atteindre l’objectif américain de réduction de 26 à 28 % des émissions de gaz à effet de serre » par rapport à 2005, a promis le gouverneur de New York, Andrew Cuomo.
L’alliance, assurent les trois Etats, devrait servir de « forum pour soutenir et renforcer les programmes existants contre le changement climatique » ou encore « mettre en oeuvre de nouveaux programmes de réduction des émissions de carbone ».
Au total, 68 grandes villes américaines, dont Los Angeles, New York et San Francisco, se sont également rassemblées sous l’initiative #Cities4Climate.
L’émergence d’un axe Europe-Chine
Les pouvoirs politiques ne sont pas les seuls à se mobiliser. Selon Barack Obama, « le secteur privé a déjà choisi un avenir à faible carbone ». De nombreuses entreprises américaines s’engagent à moins polluer. On trouve les leaders technologiques (Apple, Google, Facebook, Microsoft et Amazon) mais également des groupes industriels comme ExxonMobil et General Electrics. Comme l’explique William Nelson, analyste de Bloomberg New Energy Finance, la transition vers une économie post-carbone est inéluctable, principalement car le charbon coûte plus cher que le gaz naturel et, de plus en plus, que les énergies renouvelables.
L’Union européenne et la Chine, réunies en sommet vendredi à Bruxelles, sont déterminées à porter le flambeau de la lutte contre le changement climatique. « L’Europe et ses solides partenaires dans le monde entier sont prêts à montrer la voie », a promis, quelques minutes après l’annonce américaine, le commissaire européen à l’Action pour le climat, Miguel Arias Canete, qui avait mené les négociations au nom de l’UE à Paris. A la veille de sa venue à Bruxelles, le Premier ministre chinois Li Kequiang a assuré depuis Berlin que la Chine allait « continuer à mettre en œuvre les promesses faites lors de l’accord de Paris ». Selon Bernie Sanders, la décision de Donald Trump « est une honte internationale ». Et elle signe « l’abdication du leadership de l’Amérique ». Pour le plus grand bonheur de Pékin.