L’Afrique du sud donne son feu vert pour la vente de cornes de rhinocéros
ANIMAUX•Les éleveurs sud-africains ont obtenu gain de cause et assurent que ces ventes seront un moyen de combattre le braconnage. Une association française en doute…F.P. avec AFP
L’interdiction était en place depuis un moratoire pris en 2009 par le ministère de l’environnement sud-africain. Mais après de longues années de batailles judiciaires, des éleveurs sud-africains de rhinocéros ont fini par obtenir gain de cause : la vente de cornes de rhinocéros est de nouveau autorisées. La décision a été rendue le 30 mars par la cour constitutionnelle de Johannesburg.
Une façon de lutter contre le braconnage ?
« Il est important de rappeler que des permis doivent être obtenus pour vendre ou acheter de la corne de rhinocéros », précise Albie Modise le porte-parole du ministère de l’Environnement.
Pelham Jones, le président de la PROA, l’association des propriétaires privés de rhinocéros, se réjouit de la fin du moratoire. Il estime, dans Liberation, que cette mesure permettra avant tout de sauver le mammifère. « Pas un seul rhinoceros n’a été sauvé grâce aux interdictions de vente de leurs cornes. Ça n’a fait que créer un vaste marché illégal et transnational. On est très content que cette injustice prenne fin. »
Les éleveurs de rhinocéros assurent aussi pouvoir répondre à la demande asiatique en fournissant des cornes d’animaux toujours vivants, espérant pouvoir à terme faire lever l’interdiction de leur vente vers l’étranger. Ils peuvent en effet couper la corne, une procédure indolore pour l’animal qui est anesthésié pendant une quinzaine de minutes. La corne repousse ensuite.
« Cela ne fera qu’alimenter le trafic »
L’association Robin des bois n’est pas aussi optimiste. « Ce qui nous inquiète le plus est que la nouvelle législation autoriserait un étranger à acheter et à ramener chez lui deux cornes de rhinocéros à condition que ce soit pur son usage personnel, réagit Charlotte Nithart, porte-parole de l’association dans Le Parisien. Mais comment s’assurer qu’il y aura une vraie traçabilité de ces cornes une fois vendues ? En fait, ça ne fera qu’alimenter le trafic. »
L’Afrique du Sud qui abrite plus de 80 % de la population mondiale de rhinocéros est particulièrement touchée par le braconnage de ces mammifères pour leur corne. En 2016, 1.054 rhinocéros ont été tués, soit plus de trois par jour, un chiffre en baisse par rapport au record de 2014 (1.215) mais toujours très préoccupant.
Les vertus de cet appendice, fait de kératine comme les ongles humains, n’ont jamais été prouvées scientifiquement. Cela n’empêche pas le kilo de corne de se vendre plus de 60.000 dollars le kilo, plus cher que l’or ou la cocaïne.