Sauvetage des orques: Pourquoi PETA s'incruste dans l'actionnariat de la maison-mère de Marineland
SAUVEZ WILLY•L'association qui milite pour le droit des animaux espère ainsi pouvoir peser sur les décisions de l'entreprise...Nicolas Raffin
Depuis le documentaire Blackfish, sorti en 2013, qui racontait la vie des orques en captivité, l’espèce a connu un regain d’attention populaire. Un engouement sur lequel surfe PETA. L’association américaine milite notamment pour la libération de quatre orques utilisées pour des spectacles par le Marineland d’Antibes.
Comme l’explique une porte-parole de PETA à 20 Minutes, l’association « demande que ces orques soient relâchées dans des sanctuaires, afin de faire cesser leur vie de misère et leur épargner une mort prématurée ». Et pour parvenir à ce dénouement, en plus des actions classiques (boycotts, manifestations) elle a annoncé, ce mardi, être devenue actionnaire de Parques Reunidos, la maison-mère de Marineland à Antibes (Alpes-Maritimes).
« On touche au portefeuille »
Le but ? « Participer activement [aux assemblées générales] et continuer à pousser les responsables de l’entreprise à prendre la seule décision respectueuse pour ces orques », explique PETA. L’association n’en est pas à son coup d’essai : elle a récemment acheté des actions LVMH. « Nous nous rendrons en avril à leur assemblée afin de faire une déclaration et pour poser une question sur l’utilisation des peaux exotiques de crocodiles », explique la porte-parole.
Pour Michel Albouy, professeur à l’école de management de Grenoble, « ce genre d’activisme n’est pas nouveau : c’est de l’activisme sociétal. Les gens essayent de peser sur les décisions des actionnaires en médiatisant leur cause. On touche au portefeuille, au porte-monnaie, et donc aux dirigeants qui doivent œuvrer dans l’intérêt de leurs actionnaires qui n’ont pas intérêt à ce que ça fasse trop de bruit ».
Exxon dans le viseur des actionnaires activistes
Avant les orques, les « activistes » avaient fait pression dans d’autres domaines. Dans les années 1990, Nike avait ainsi été la cible d’une campagne internationale dénonçant les conditions de travail de ses sous-traitants. Confrontée à une baisse de son chiffre d’affaires, l’entreprise n’a eu d’autres choix que de modifier ses pratiques, et de publier la liste complète de ses sous-traitants en 2005.
Plus récemment, la société pétrolière Exxon a également dû faire face à un mouvement similaire. Comme le raconte Yannick Roudaut dans son livre L’alter Entreprise, « le 30 mai 2007 (…) les actionnaires mécontents de la politique environnementale d’Exxon ont harcelé de questions les dirigeants de la compagnie (…) Pour la première fois des actionnaires du groupe ont pris la parole pour rappeler qu’ils ne se contentaient plus d’un dividende ».