L'Arctique n'avait pas eu aussi chaud depuis 1900
CLIMAT•Les températures extrêmes ont entraîné une fonte de la banquise sans précédent et retardé la formation de nouvelle glace à l'automne...20 Minutes avec agences
«Rarement nous avons observé l’Arctique produire un signal aussi fort et clair d’un réchauffement persistant et de ses effets en cascade sur l’environnement que cette année. » Le ton de Jeremy Mathis, directeur du programme de la recherche arctique de l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA), n'est pas alarmiste pour rien.
La température a été en moyenne 3,5 °C au-dessus de celle de 1900
L’Arctique vient, en effet, de connaître ses douze mois les plus chauds depuis le début des relevés de températures dans cette région en 1900. Entre octobre 2015 et septembre 2016, la température a été en moyenne 3,5 °C au-dessus de celle de 1900, précise la NOAA dans son onzième rapport annuel, publié mardi.
Dans le détail, la région se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, qui devrait enregistrer en 2016 son année la plus chaude des temps modernes et ce, pour la troisième fois d'affilée.
Une fonte étendue des glaces du Groenland et des couches de neige sur le sol
Le rapport, sur lequel ont travaillé 61 scientifiques dans le monde, souligne que « ces records de température de l’air et des eaux de l’océan ont retardé la formation de glace cet automne », et ont aussi entraîné une fonte étendue des glaces du Groenland et des couches de neige sur le sol.
L’étendue de la banquise arctique de la mi-octobre à la fin novembre 2016 a ainsi été la plus faible depuis le début des observations par satellite en 1979, et 28 % inférieure à la moyenne de 1981 à 2010, précise également la NOAA. Quant à la température de l’eau de l’océan, elle a été encore plus chaude que celle de l’air.
Fonte du permafrost et stress des crustacés
Cette fonte des glaces et des neiges combinée à un recul de la banquise permet aux rayons du soleil de pénétrer davantage dans l’océan, favorisant la prolifération d’algues, et de faire fondre le sol gelé de la toundra (permafrost), un riche puits de carbone. Les experts expliquent que le permafrost, s’il était libéré, pourrait bouleverser encore plus le climat, faisant fondre davantage les glaces du pôle Nord et provoquant une nette montée du niveau des océans.
Premières victimes de ces changements: la faune et les populations de l’Arctique. Avec au menu, acidification de l’océan, stress des crustacés, affaiblissement des populations autochtones qui dépendent de la pêche pour se nourrir, augmentation du nombre de parasites touchant les petits rongeurs comme les musaraignes. Voilà qui ne réchauffe pas l'ambiance.